La dynamique du GNV fait débat à la SITL

La dynamique du GNV fait débat à la SITL
Intervenant lors d’une table-ronde organisée par l’AFGNV à l’occasion de la SITL, les acteurs de la filière ont souligné la forte dynamique du GNV dans le domaine du transport de marchandises.

Entre la multiplication des stations, la mobilisation des transporteurs, les résultats de l’appel à projets ADEME et les perspectives offertes par le développement du biométhane, la filière française du GNV ne s’est jamais aussi bien portée. « On a l’écoute du gouvernement qui a pris à bras le corps le développement du GNV » s’est félicité Jean-Claude Girot, président de l’AFGNV, en introduction des débats d’une table-ronde organisée le 21 mars au matin à l’occasion de la Semaine Internationale du Transport et de la Logistique à Paris.

La dynamique du déploiement soulignée par l’Open Data

Depuis juillet 2017, GRTgaz opère pour le compte de l’AFGNV une base de données des stations publiques françaises.

« L’idée est d’avoir une vision très objective du nombre de stations et de leur localisation » résume François Martin, responsable projet GNV au sein de GRTgaz. « L’Open Data entre dans une logique très régulatoire. Dans la réponse de la France à la Directive AFI, qui donne des objectifs dans les carburants alternatifs, il était important de pouvoir tracer les résultats de façon objective » ajoute t-il.  

Une façon de suivre avec précision la dynamique française en termes de déploiements. « En 2016, nous sommes passés d’une quarantaine à environ 55 stations. 2017, on est encore sur une augmentation » chiffre l’interlocuteur de GRTgaz. A date de publication du présent article, l’Open Data recense ainsi 76 stations ouvertes en France tout en donnant des indications quant aux projets à venir. « L’idée est aussi de donner une perspective sur les projets engagés en se basant sur ceux où le foncier a été identifié ».

AAP ADEME : un tremplin pour la filière

A la mobilisation des transports s’ajoute le soutien du gouvernement qui, au-delà des mesures prises pour le suramortissement et la fiscalité du gaz carburant, a choisi de favoriser l’émergence de stations et de flottes de poids-lourds à travers un appel à projets spécifique.

« Sur la période 2010-2017, l’ADEME a octobre 2.5 milliards d’euros sur différents appels à projets dont de nombreux projets liés aux thématiques de la mobilité et du transport du futur » rappelle Patrice André de l’ADEME. « Sur l’AAP GNV, ce sont 30 millions d’euros qui sont mobilisés dont 20 millions dédiés à l’investissement dans les véhicules » ajoute t-il.

Lancé une première fois en 2016 puis renouvelé en 2017, l’appel à projets a été clôturé fin 2017. « Cet appel à projets est un succès avec 8 projets lauréats visant au déploiement de 100 stations et au financement concomitant de plus de 2700 véhicules s’approvisionnant sur ces stations » chiffre le représentant de l’ADEME. Pour les transporteurs, la subvention peut aller jusqu’à 10.000 euros par camion, voire davantage sur certains territoires qui ajoutent une couche de financement en local.

« Aujourd’hui, on commence à verser les premières subventions. Sur les huit projets lauréats, six ont bénéficiés d’une décision du Premier Ministre en toute fin d’année dernière. Nous pourrons très bientôt envoyer toutes les conventions de financement aux bénéficiaires » ajoute t-il, estimant que 80 % du réseau financé, soit 80 stations, pourrait être effectif d’ici deux ans.

Neuf stations AAP pour le territoire breton

Parmi les projets lauréats, Bretagne Mobilité GNV a eu l’occasion de s’exprimer lors des échanges. Regroupant Conseil Régional breton et quatre syndicats d’énergie départementaux, l’entité souhaite porter l’investissement sur neuf stations GNV.

« On a décidé d’équiper d’abord les principaux points logistiques de la région mais on a d’autres projet dans les tuyaux qui ne sont pas encore publiés avec des stations qui ne seront pas financées par le dossier ADEME. Ce dispositif national nous a permis de lancer la dynamique et il devrait y avoir une dizaine de stations en plus d’ici 2025 » souligne Chiara Zanasi, Chargée de mission au sein du Pôle Energie Bretagne.

« Coté transporteurs, on peut soutenir un total de 195 porteurs à hauteur de 10.000 euros. On a décidé d’en soutenir davantage en réduisant un peu le montant de l’aide allouée pour permettre aux petits transporteurs de pouvoir également en profiter. Aujourd’hui, un camion coute 20 à 30.000 euros de plus que le diesel. Une aide de 8 à 10.000 euros permet d’affronter plus sereinement cet investissement » estime la représentante retonne.

Les belles perspectives du biométhane

Au dynamisme de la filière GNV s’ajoutent les belles perspectives du biométhane. « A date, le biométhane est en phase de décollage. Aujourd’hui, on est à moins de 1 % de gaz vert dans les réseaux de distribution mais la dynamique est très forte » souligne Christophe Bellet, délégué biométhane au sein de GRDF. « L’objectif de l’Etat est d’avoir 10 % de gaz vert à l’horizon 2030, soit plus de 30 TWh» a-t-il rappelé.

Un objectif ambitieux en bonne voie d’être atteint. « Cette année, nous mettrons en service 32 sites d’injection. En 2019 on en mettra un peu moins de 90 et en 2020 plus de 100 ce qui va amener progressivement à des chiffres de production raisonnables. On parle de 3 à 4 % en 2023 qui correspondent au point de passage intermédiaire fixé par l’Etat dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie » résume le représentant de GRDF.

Quant à la mobilité, la part de bioGNV dans le gaz carburant représente aujourd’hui moins de 10 % des consommations (8.7 % précisément).

« L’ambition de l’Etat, à l’horizon 2023, c’est qu’il y ait 20 % de bioGNV dans le GNV. Aujourd’hui, avec les projets en portefeuille, il y a largement de quoi s’alimenter dans le futur. Les projets sont nombreux et il y a une vraie volonté politique » ajoute le représentant de GRDF, en référence au groupe de travail « méthanisation » lancé il y a quelques semaines par Sébastien Lecornu, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.

« Nous, on porte le discours qu’il faut continuer à flécher le biométhane vers la mobilité tout simplement parce que le secteur des transports a plus que les autres besoins de décarboner son activité » complète Vincent Rousseau, Président de la Commission Affaires Publiques de l’AFGNV et Directeur de projet mobilité au sein de GRTgaz.

GNV et véhicules lourds : une spécificité française

« D’une façon générale, il y a une dynamique GNV qui est assez intéressante à l’échelle européenne mais assez distincte que vous vous trouviez en Allemagne en Italie ou en France » rappelle Vincent Rousseau.

« La France se distingue au niveau européen par son développement sur les véhicules lourds. L’année dernière, 50 % des immatriculations en véhicules gaz poids-lourds ont été réalisées en France. Cela n’a pas échappé à nos pouvoirs publics et cela commence à se voir aussi au niveau européen. La voie empruntée par la France est intéressante dans le sens ou un poids-lourds représente beaucoup de volume avec un effet d’échelle qui apparait plus facilement que sur le véhicule léger » poursuit-il.

« En France, le transport routier représente 30 millions de tonne de CO2 par an. Si on arrive à convertir 30 % du parc en gaz en 2030 avec 40 % de biométhane dans le mix, on parvient à économiser 5 millions de tonnes de CO2 » chiffre-t-il.

A ces bénéfices environnementaux s’ajoute l’enjeu des futures réglementations d’accès aux centres-villes pour les professionnels. « Pour un transporteur, avoir du gaz dans sa flotte c’est une garantie de pouvoir conserver certains marchés voire à en reconquérir de nouveaux par rapport aux flottes qui n’auraient pas encore préparé l’avenir » souligne le représentant de l’AFGNV.

« Finalement le GNV est au transporteur routier et à tous les constructeurs de véhicules industriels ce que la méthanisation est aux agriculteurs. Quelque part, la filière gaz se fait déposséder pour être vue par d’autres acteurs économiques comme une opportunité pour préparer l’avenir
 » conclut t-il.


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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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