Avec Gaz'Up, les transporteurs développent leur propre réseau de stations GNV

Avec Gaz'Up, les transporteurs développent leur propre réseau de stations GNV
D’un côté des pétroliers et gaziers qui développent des réseaux d’avitaillement en GNV. De l’autre de gros transporteurs qui possèdent une station privative. Et entre les 2, Gaz’Up, qui permet à ses membres, - professionnels du transport -, de participer activement au maillage de la France, selon leurs besoins réels. Arnaud Bilek, co-fondateur de la SARL, explique !
 

Une étude très détaillée

A travers son expérience de consultant dans la filière du gaz naturel, Arnaud Bilek avait l’idée d’un modèle alternatif impliquant les transporteurs dans le développement d’un réseau d’avitaillement en GNV. En 2015, Nicolas Julien et lui fondent Gaz’Up, avec à l’esprit qu’il ne peut y avoir sur les routes de camions fonctionnant au gaz naturel s’il n’y a pas de stations pour assurer le remplissage des réservoirs. « La création de Gaz’Up était nécessaire pour donner aux transporteurs les moyens juridiques et économiques de devenir leur propre fournisseur d’énergie », commente Arnaud Bilek.
 

Un modèle inverse

« Mondialisation, financiarisation, décentralisation… : ce sont 3 des caractéristiques qui définissent les réseaux développés par les grands opérateurs. Notre modèle est inverse. Nous partons des territoires et des PME, et ne sommes pas des acteurs financiers importants. Pour nous, l’émergence de nouvelles énergies en remplacement du pétrole ne peut réussir qu’avec des modèles innovants qui cherchent à construire un cercle vertueux », détaille notre interlocuteur.

« Le GNV, comme le pétrole, produit de la ressource. Avec Gaz’Up, les transporteurs membres sont partie prenante de cette richesse qui va les renforcer plutôt que d’alimenter des fonds de pension ou profiter à des financiers », illustre-t-il. « Cette valeur ajoutée va servir les territoires, notamment à travers des activités et emplois non délocalisables ».
 

Syndic de copropriété

« Le rôle de Gaz’Up s’assimile à celui d’un syndic de copropriété. Le capital du réseau de stations GNV appartient aux transporteurs à travers leurs sociétés de portage. Les membres se réapproprient à travers Gaz’Up les choix et la rentabilité sur le carburant. En développant un réseau de stations, ces professionnels détiennent le levier qui va leur permettre de convertir leurs flottes de poids lourds. Un comité de pilotage réunit tous les 2 mois à Montauban, - siège de Gaz’Up -, un représentant de chaque station. Chacun a son mot à dire sur les tarifs, leur indexation. Il y a une totale transparence sur les recettes, les ressources, et chacun a un pouvoir pour modifier les règles de fonctionnement », révèle Arnaud Bilek.
 

De 2 stations…

Le réseau Gaz’up a démarré. Il compte 2 stations ouvertes 24/7 au public. La première, mise en service au printemps 2017 à l’initiative des Transport Pick & Charbonnier sur le secteur d’Auxerre - La Plaine-des-Isles (89), délivre du GNL et du GNC dans une enceinte sécurisée avec un haut niveau de service. La deuxième, inaugurée il y a quelques semaines, est implantée au sein du parc d’activité de Fondeyre, à Toulouse (31). Avant son ouverture, le projet était suivi par les transporteurs toulousains membres de Gaz’Up, avec le soutien de Toulouse Métropole et de GRDF. Deux stations, et déjà 2 montages différents !

« Notre structure offre une grande souplesse qui permet des scénarios diversifiés de montages, impliquant par exemple des transporteurs, des collectivités et/ou un syndicat de l’énergie. Ce sont différents acteurs d’un territoire qui se fédèrent sur un projet s’inscrivant dans le cadre de la transition énergétique », explique Arnaud Bilek.
 

…à 20 stations pour 2020

« Gaz’Up 2020, c’est le nom de notre programme à horizon 2020. Il prévoit 20 stations pour notre réseau, avec un volume global consommé de 20% de biogaz certifié à travers le mécanisme des garantis d’origine. Nous sommes actuellement en négociation avec un fournisseur de biométhane, et nous devrions communiquer dans quelques semaines sur le sujet. Ces 20% correspondent au taux d’incorporation de biogaz dans le volume global de GNV délivré sur une année, avec des disparités possibles entre les stations. Il pourrait ainsi y avoir 80% de biogaz incorporé au GNV délivré dans une, et rien dans une autre. Nous allons tendre avec la durée vers 100% de bioGNV », avance le co-fondateur de Gaz’Up.

 

De plus en plus de membres

Aujourd’hui, Gaz’Up compte une trentaine de transporteurs membres. « Le nombre de membres, - parmi lesquels quelques-uns ont investi eux-mêmes dans des programmes de méthanisation -, va augmenter avec les projets. Désormais, on peut estimer que tout nouveau projet amène 3 nouveaux membres. En 2020, nous pourrions être entre 80 et une centaine », évalue-t-il.

« Dans le cadre de Gaz’Up 2020, nous allons répondre à l’appel à projets de l’Ademe, qui permettra d’obtenir des aides à l’acquisition de véhicules fonctionnant au GNV et pour l’ouverture des nouvelles stations », complète-t-il.
 

On a fait nos preuves

« Les débuts de Gaz’Up ont été un peu difficile, car il a fallu démontrer que l’on pouvait faire. Nous avons pu prouver notre capacité à aller par nous-mêmes jusqu’au bout des 2 premiers projets, confirmant que notre modèle économique est viable. Même si c’est difficile, quand on joue collectif et astucieusement, avec peu de moyens on tient la route », s’enthousiasme Arnaud Bilek. Aux professionnels du transport qui sont prêts à participer activement au développement d’un réseau professionnel d’avitaillement en GNV, « conçu par les pro pour les pro », Gaz’Up met à disposition une plateforme collaborative. Ce dispositif fournit une expertise qui va faciliter le développement des projets locaux de stations et de production de biogaz.
 

Axe Nord-Sud

« Le maillage Gaz’Up se poursuit en fonction des besoins réels des transporteurs membres », souligne Arnaud Bilek. D’où un développement hétérogène. « Le réseau va effectivement plutôt balayer un axe Nord-Sud, de Calais, dans le Pas-de-Calais, à Saint-Girons, en Ariège », confirme notre interlocuteur.

L’avitaillement en GNV pourra, à terme, être payé de 2 façons. « Nous laissons de côté le paiement par carte bancaire qui est un moyen monétique coûteux, un outil du passé, bientôt supplanté par d’autres supports. Nous sommes en réflexion pour adopter le règlement via smartphone. En outre, nous sommes en pleine commission technique pour un système de badge interopérable, avec le concours de l’AFGNV. Ainsi les porteurs de notre carte pourraient faire le plein et régler avec elle hors de nos stations, ces dernières acceptant les badges d’opérateurs comme, par exemple, Proviridis ou Gas Natural Fenosa », rapporte le co-fondateur de Gaz’Up.
 

Autres énergies

« Notre système, qui garantie les investissements par des consommations pérennes, est conçu pour pouvoir être portable avec d’autres énergies. Les transporteurs choisissent les solutions énergétiques prometteuses de remplacement du gazole. Aujourd’hui, c’est autour du GNV que se mobilisent nos membres, mais il est possible d’appliquer le principe de Gaz’Up à l’hydrogène, et, pourquoi pas, à la mobilité électrique », anticipe Arnaud Bilek.

« D’ailleurs, l’un de nos membres est en train de travailler sur une station multi-énergies, qui comptera 5 ou 6 bornes pour recharger les batteries de ses utilitaires légers électriques, et une pompe de diester », cite-t-il en exemple. « Le GNV est la première brique crédible que nous proposons pour la mobilité des poids lourds », poursuit-il.
 

Fauteurs de troubles ?

« Les gaziers et pétroliers pourraient nous percevoir comme des fauteurs de troubles, un peu comme un concurrent qui va mettre la pagaille dans la filière du GNV. Mais nous sommes surtout complémentaires. Notre modèle ne correspondra pas à tous les transporteurs, et la plupart des professionnels qui nous rejoignent auraient plutôt opté, si Gaz’Up n’existait pas, pour une station privative, par exemple, ou auraient sollicité leur syndicat départemental de l’énergie », conclut notre interlocuteur.
 
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Arnaud Bilek pour sa disponibilité et le temps qu’il nous a accordé.
 
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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1 Commentaire

  1. FredPublié le 29/06/2018 à 14:45

    Bonjour,
    Les stations Gaz’Up prévoient-elle aussi des pompes gaz naturel pour les voitures et utilitaires légers ?
    La mobilité au gaz naturel ne concerne pas que les transporteurs, mais peut aussi s’appliquer aux véhicules des particuliers.
    Réactions bienvenues,
    Frédéric

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