Gisèle, la 2 CV alimentée au BioGNV pour le tourisme dans la Capitale

Gisèle, la 2 CV alimentée au BioGNV pour le tourisme dans la Capitale
Dépolluer l’utilisation d’une voiture ancienne : voilà un point qui préoccupe nombre d’amateurs du genre. En transformant une Citroën 2 CV pour l’alimenter au GNV, GRDF et « 4 roues sous un parapluie » présentent une solution à exploiter.
 

4 roues sous 1 parapluie

« 4 roues sous 1 parapluie », c’est le nom d’une entreprise parisienne créée il y a une douzaines d’années, qui propose en particulier, parmi les diverses prestations à son catalogue, de découvrir Paris à bord d’une véritable Citroën 2 CV.

Si la raison sociale de l’entreprise peut paraître assez nébuleuse pour la plupart des automobilistes aujourd’hui, elle a cependant un sens symbolique évident pour les Citroënnistes. Elle se réfère au cahier des charges, imposé, pour le projet TPV (Toute petite voiture) qui donnera naissance à la 2 CV, par Pierre-Jules Boulanger, PDG du constructeur sur décision de la famille Michelin, après la déchéance de André Citroën en 1935.

Le document est à l’époque résumé ainsi : « Quatre roues sous un parapluie avec quatre places assises, 50 kg de bagage transportable, 2 CV fiscaux, traction avant comme les 11 et 15/Six, 60 km/h en vitesse de pointe, boîte à trois vitesses, facile d’entretien, possédant une suspension permettant de traverser un champ labouré avec un panier d’œufs sans en casser un seul, et ne consommant que 4 à 5 litres aux 100 kilomètres ».
 
Exploitant un parc qui comprend une quarantaine de 2 CV, une ID 19 et une DS 21 Pallas, on pourrait penser que « 4 roues sous 1 parapluie » s’active dans l’urgence afin de continuer à circuler dans la Capitale. La raison ? La mise en place des mesures pour lutter contre la pollution de l’air et les émissions de CO2, et notamment le dispositif Crit’Air.

Pour être exact, l’entreprise est davantage soucieuse de l’impact sur l’environnement de son activité qu’elle n’est obligée aujourd’hui de convertir massivement à d’autres sources d’énergie ses véhicules. Elle bénéficie d’une dérogation prévue par la mairie de Paris qui permet, sous autorisation, de circuler avec des engins de plus de 30 ans dans le cadre d’une activité commerciale à caractère touristique.

Fondateur et à la tête de l’entreprise, Florent Dargnies explique son approche vertueuse du sujet : « Ça fait des années que la mairie de Paris annonce vouloir faire de la Capitale une ville propre ! Il nous a paru indispensable de suivre le mouvement, puis naturel et évident de faire de la 2 CV un engin pour le tourisme vertueux ! ».
 

De l’électrique au GNV

Ceux qui ont suivi les manifestations en marge de la COP21, en fin d’année dernière, le nom de « 4 roues sous 1 parapluie » n’est sans doute pas inconnu. L’entreprise venait de recevoir in extremis l’agrément de prototype qui permettait de circuler et présenter Marguerite, la première 2 CV du parc convertie à l’électrique.

Florent Dargnies, ci-contre sur la photo, rapporte : «  C’est sans doute cette conversion qui a décidé GRDF à nous solliciter pour adapter l’une de nos voitures à l’alimentation au GNV ».

Ce passionné de la mythique 2 CV a trouvé l’idée séduisante, lui qui s’intéresse aux différentes possibilités de pérenniser l’activité de son entreprise en progressant vers des solutions plus douces pour l’environnement. Il précise : « Quelles soient électriques ou au GNV, les conversions de nos 2 CV sont appréciées de la mairie de Paris ». Notre interviewé doit d’ailleurs tout prochainement rencontrer quelques représentants de la collectivité à ce sujet. « La Région est également informée de ce que nous faisons », poursuit-il.

Gisèle

Gisèle, c’est le nom de la 2 CV de « 4 roues sous 1 parapluie qui roule au BioGNV. Florent Dargnies commente : « Chacune de nos voitures porte un numéro et un nom en référence à une anecdote qui la concerne précisément ». Ca peut être le prénom de l’ancienne propriétaire. Est-ce le cas pour la 26 ? Laissons à l’engin sa part de mystère !

« Gisèle roule au BioGNV depuis mai ou juin de cette année », indique notre interviewé. Au BioGNV ? « Oui, nous faisons ce choix pour être le plus cohérent possible dans notre démarche », répond-il spontanément. Il souligne : « même avec le surcoût pour du GNV d’origine renouvelable, l’exploitation de la 2 CV est plus avantageuse qu’en l’alimentant à l’essence ».

Avec ce scénario, il estime que Gisèle rejette 80% de CO2 en moins, contre 20% pour le GNV. Et, par rapport aux limites imposées par la norme Euro 6, le GNV émet respectivement 50% et 95% en moins d’oxydes d’azote et de particules.
 

Une conversion facile

« Convertir Gisèle au BioGNV a été plus simple et moins coûteux que Marguerite à l’électrique », jauge Florent Dargnies. Pour la deuxième, l’accord et le soutien de Citroën étaient indispensables. « Pas pour une conversion au gaz qui permet de conserver le même moteur et les caractéristiques principales de la voiture », révèle notre interviewé.

De l’extérieur, seule la goulotte sous le pare-choc arrière pourrait trahir l’alimentation au GNV. A condition d’être très observateur et au fait de ce type d’installation. Dans le coffre, un réservoir de 38 litres, dont le plein est effectué à la station de Bercy. Il autorise une autonomie d’une centaine de kilomètres, à comparer aux 20-25 km d’une balade touristique à bord de la numéro 26. « La réduction du volume du coffre n’est pas un problème pour le tourisme urbain », s’empresse de commenter le dirigeant de « 4 roues sous 1 parapluie ».

Au tableau de bord, un switch permet de passer de l’essence au GNV. Sous le capot, tout l’équipement d’alimentation au gaz du moteur, vraisemblablement composé, entre autres, d’une électrovanne, d’un prédétendeur et d’un vapodétendeur-régulateur.
 

Moins d’un an

« Entre la sollicitation de GRDF et la réception du véhicule transformé, il s’est écoulé un peu moins d’un an », évalue Florent Dargnies. Le projet a été porté de concert par les 2 entreprises, « GRDF nous ayant aidé sur le volet technique et en nous mettant en relation avec des acteurs permettant d’effectuer la conversion », précise-t-il.

« Pour GRDF, avec lequel nous sommes en contact régulier et mensuel, Gisèle constitue un démonstrateur qui prouve qu’une telle opération est possible et viable », admet-il. « C’est une très grosse structure qui a la volonté de porter des innovations réfléchies en interne », ressent notre interviewé, qui se réjouit de constater ce qu’il est possible de réaliser au sein d’un partenariat entre entreprises de tailles parfois très différentes. Lui-même est amené à témoigner au sein de GRDF.

« 4 roues sous 1 parapluie » n’a reçu aucune subvention pour réaliser la conversion de la 2 CV numéro 26. Marguerite, elle, avait bénéficié d’une aide destinée à encourager le développement d’un tourisme urbain écologique et durable. Sa propre conversion avait été financée à hauteur d’un peu plus de 20% sur le Fonds de développement touristique régional, initié par la Région Ile-de-France et le Comité régional du Tourisme Paris Ile-de-France.
 

Visite de Paris au BioGNV

« Ce sont principalement des personnes bien informées que Gisèle fonctionne au GNV, dont des collaborateurs de GRDF, qui choisissent cette voiture », reconnaît Florent Dargnies. « Quand ce n’est pas le cas, nous en profitons pour expliquer la conversion au gaz de la 2 CV et notre démarche en faveur de l’environnement », poursuit-il.

Il insiste sur 2 points : « le GNV ne modifie quasiment pas le comportement du véhicule ; une telle conversion permet d’envisager de continuer à rouler avec nos voitures anciennes ». Notre interviewé ne ressent pas de contrainte particulière à réaliser le plein dans une station spécialisée, l’opération pouvant être effectuée avant ou après la prise en charge des visiteurs.

La casquette, la marinière, la tour Eiffel et la 2 CV

Au fait, pourquoi une 2 CV ? Pour « 4 roues sous 1 parapluie », il s’agissait de surfer sur le fait que Paris s’inscrit dans le Top des destinations touristiques mondiales. Florent Dargnies cherchait un moyen pour que les étrangers en visite dans la Capitale se souviennent autant de la balade en voiture « que leur découverte de la Tour Eiffel ».

Il fallait donc un engin représentatif de la culture française, connu dans le monde entier, et qui soit capable de se faufiler dans les rues. A part la Citroën 2 CV, what else ? En plus, elle est découvrable pour bien contempler les monuments parisiens ! Autres symboles d’une certaine vision de notre culture : la casquette et la marinière que les chauffeurs revêtent. Puisque la 2 CV est incontournable et nécessaire à l’activité de « 4 roues sous 1 parapluie », l’entreprise va continuer à convertir sa flotte. En revanche, top tôt pour savoir dans quelle proportion la solution BioGNV sera exploitée.
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Florent Dargnies pour son accueil et sa disponibilité.
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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