Interview : l'ADEME détaille les grandes lignes de son appel à projets GNV

Interview : l'ADEME détaille les grandes lignes de son appel à projets GNV
Avec Arnaud Mainsant, en charge de la thématique "Transport de personnes et de marchandises" au sein de l’ADEME Auvergne-Rhône-Alpes, Gaz-Mobilité revient sur les grandes lignes de l’appel à projets « Solutions intégrées de mobilité GNV » destiné à financer le déploiement massifs de stations et d’utilitaires fonctionnant au gaz naturel.

Après avoir durant longtemps timide sur le financement du GNV, pourquoi l’ADEME a t-elle décidé de lancer cet appel à projets ?

L’ADEME a toujours été très vigilante sur le GNV. Nous avons déjà aidé différentes expérimentations, que ce soit sur le transport de voyageurs ou de marchandises, sur des aspects plus qualitatifs (émissions, bilan environnemental et économique etc..).

Sur cet appel à projets et grâce aux moyens financiers du Programme d’Investissements d’Avenir, nous avons désormais les moyens de déployer massivement dans une logique assez vertueuse qui stimule à la fois l’acquisition de véhicules et de stations.

Cela reste une opération très capitalistique. Comme le précédent dispositif sur les infrastructures de charge pour les véhicules électriques, il faut des dizaines de millions d’euros pour aider au maillage national. C’est le Programme d’Investissements d’Avenir qui permet d’avoir ces fonds qui vont financer et compléter les actions qualitatives de l’ADEME par une action massive de déploiement.

L’initiative GNVolontaire menée en Rhône Alpes a-t-elle joué un rôle dans le lancement de cet appel à projets ?

La grande vertu de GNVolontaire aura été de démontrer que l’argent public permettait de débloquer des dossiers et que des entreprises de toutes tailles étaient intéressées.

Pourquoi avoir choisi d’orienter votre appel à projets vers le transport de marchandises ?

Les infrastructures nécessitent beaucoup de capitaux. Il faut assurer à ceux qui prennent ce risque des volumes de consommation qui permettent d’engager et de justifier les lourds investissements requis.

Les poids lourds, qui parcourent parfois plus de 100.000 kilomètre par an avec des consommations qui se comptent en dizaine de tonnes, permettent d’assurer ce volume. Pour des véhicules particuliers, l’investissement est plus difficile à justifier puisqu’il faudrait plusieurs dizaines de véhicules pour assurer un retour sur investissement.

C’est un pragmatisme qui explique que l’appel à projets soit tourné vers le transport routier de marchandises mais aussi parce que les transporteurs qui sont extrêmement demandeurs.

Une station étant plus facile à rentabiliser avec des poids-lourds, n’y a-t-il pas un risque que les utilitaires légers soient pénalisés dans la validation des dossiers ?

Tous les véhicules N1, N2 et N3 restent éligibles et reposent sur les mêmes critères. Si le dossier est à la fois éligible et structurant, il sera retenu. Il n’y a pas de préférence accordée à tel ou tel gabarit de véhicule.

Pour le déploiement des stations, la mutualisation fait partie des critères importants ?

Oui, c’est tout l’intérêt de l’appel à projets. L’aide est conditionnée à ce que les stations soient accessibles au public.

Bien évidemment, certains acteurs vont peut-être déployer des stations sur leurs parkings privés et cela a du sens, notamment pour recharger une flotte. Nous allons toutefois essayer de faire en sorte qu’il y ait mutualisation des intérêts publics et privés.

L’idée est vraiment d’appeler à la mutualisation sur un principe gagnant-gagnant pour que l’infrastructure ne soit plus une épine dans le pied pour un petit transporteur qui n’a que trois véhicules à acheter. Pour ceux qui ont déjà des projets dans les tiroirs, l’ouverture des stations à d’autres acteurs fera augmenter les volumes et baisser les prix. Il faut une mutualisation maximale si on veut assurer l’accessibilité à tous à moindre coût.

Alors que chaque projet doit comporter au moins 5 stations et 100 véhicules, n’y a-t-il pas un risque que les petits transporteurs soient mis sur le côté ?

A l’échelle régionale ou départementale, nous comptons sur l’agrégation de petites acquisitions pour constituer des dossiers éligibles sous l’égide de professionnels ou de chargeurs, de la grande distribution etc…

Nous sommes très ouverts aux propositions que nous feront des transporteurs en ce sens. Tout le monde a bien conscience que, parmi les transporteurs, beaucoup ne peuvent pas forcément basculer massivement vers le GNV pour atteindre les seuils demandés. Il va falloir faire énormément de mutualisation. Nous parions sur l’intelligence et la capacité de tous les acteurs, notamment les énergéticiens et les organisations professionnelles, pour réussir à monter les projets.

Quel est le processus de validation des dossiers ?

Les dossiers seront validés au fil de l’eau avec un délai de trois mois pour produire une décision du premier ministre ou de ses services après le démarrage de l’instruction.

Nous avons d’ores et déjà reçu des sollicitations qui démontrent un intérêt de la part des différents acteurs : grande distribution, énergéticien, transporteurs etc...

A présent, il y a cette mutualisation et ce regroupement à faire qui nécessitent un travail juridique, économique et partenarial qui va prendre un peu de temps.

Quel est le budget global de l’appel à projets ?

Le budget n’est pas communiqué mais il s’agit d’une enveloppe conséquente.

S’il faut 5 stations et 100 véhicules, le ticket d’entrée est au bas mot de 15 millions d’euros. C’est une enveloppe qui se donne les moyens de faire un maillage national structurant et qui permettra de mieux sentir l’appétence de la filière pour cette technologie.

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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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