Logistique urbaine : DPD mise sur le GNV pour ses livraisons, entretien avec Virginie Lequy

Logistique urbaine : DPD mise sur le GNV pour ses livraisons, entretien avec Virginie Lequy
Cherchant à anticiper des réglementations de plus en plus contraignantes, DPD mise sur le gaz naturel pour réaliser ses livraisons en centre-ville. Avec Virginie Lequy, Responsable Process Opérationnel en charge du pilotage du PPC* Logistique Urbaine, Gaz-Mobilité revient sur les projets de la société, filiale du Groupe La Poste, qui dépassent largement le stade de la simple expérimentation.
 

Une solution complémentaire à l’électrique

Si DPD avait déjà pu expérimenter des véhicules électriques il y a deux ans avec des capacités d’emport de 8 à 10 m3, l’expérience ne s’est pas révélée particulièrement concluante. « Les véhicules ne sont pas avérés fiables et robustes » précise souligne Virginie Lequy. Il faut dire que l’offre en tout-électrique devient extrêmement restreinte dès lors qu’il s’agit de rechercher des véhicules avec des capacités d’emport supérieures à celles du Kangoo. Surtout, le surcoût à l’achat est beaucoup plus important. Un modèle économique impossible à tenir pour DPD.

«  On a ainsi commencé à explorer les autres solutions disponibles sur le marché en s’orientant vers le GNV. On s’est rendu compte que le GNV offrait plus d’autonomie et se situait sur une solution complémentaire à l’électrique » explique Virginie Lequy. « Le mix GNV-électrique est une bonne alternative mais il faut des solutions qui répondent à nos usages et avec un TCO acceptable. S’il faut deux à trois véhicules électriques pour remplacer un véhicule thermique, cela va aussi à l’encontre de la problématique de congestion dans les villes ».

Premier équipement en octobre 2015

Chez DPD, le premier véhicule GNV a été déployé en octobre 2015 par l’intermédiaire de l’un de ses sous-traitants (à l’échelle nationale, DPD utilise à 70 % la sous-traitance) qui a choisi un Mercedes bi-carburation.

A l’heure actuelle, DPD et ses sous-traitants totalisent une flotte d’une vingtaine de véhicules GNV qui va s’étendre d’ici fin juin avec une dizaine de véhicules supplémentaires, des Fiat Ducato GNV en grande partie. « Nous allons déployer à Limoges, Saint-Etienne, Valence et projetons des déploiements complémentaires sur Toulouse, Lyon et Grenoble. Nous sommes également en réflexion sur d’autres villes comme Bordeaux que nous pourrions équiper d’ici la fin de l’année et Poitiers où une station vient de s’ouvrir. A Nancy, nous sommes en discussion avec les services de la ville pour accéder à leur station privative » nous précise Virginie Lequy.

Quant à Paris, où DPD a recours à la sous-traitance à 100 %, les premiers véhicules GNV sont attendus pour 2017. « Le déploiement est plus long car nous restons dépendants de l’engagement des prestataires. Nous devrions déployer 7 véhicules GNV sur Paris intra-muros dans le courant du premier semestre 2017 » détaille Virginie Lequy.

Une liste loin d’être exhaustive. Metz, Lille, Valenciennes, Annecy, Chambery… de nombreuses autres villes sont en passe d’être équipées dans un déploiement qui ressemble de moins en moins à une simple expérimentation.

Anticiper les réglementations

 « L’expérimentation ne pouvait pas se cantonner à un seul véhicule ou un seul sous-traitant. Car au-delà du retour d’expérience sur le surcoût et l’usage, il y a une réglementation de plus en plus sévère qui se met en place au sein des collectivités. Il faut anticiper et se lancer. Certaines villes, comme Metz et Saint-Etienne, ont mis en place des réglementations très dures et vont bien plus vite que les grandes métropoles. Notre métier, c’est de livrer. On ne peut pas se permettre d’être bloqués par des restrictions de livraisons et on essai de transformer ces contraintes en opportunités » explique Virginie Lequy.

Cette dernière regrette toutefois que les collectivités ne prennent pas suffisamment en compte la réalité des professionnels dans la mise en place de leurs réglementations. « On manque de temps pour transformer les choses de façon écologique. Il faut aussi qu’on reste économiquement rentable. Il y a des consultations amont et on essai d’être présent ou représentés pour faire part de nos contraintes et de l’existant. On fait un lobbying du GNV auprès des métropoles qui ne jurent que par l’électrique. Une solution qui n’est malheureusement pas toujours en phase avec notre métier ».

* PPC : Projet Prioritaire Commun

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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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