Vendée : la dynamique est en place pour développer le GNV

Vendée : la dynamique est en place pour développer le GNV
Gaz Mobilité a interrogé Aurélie Frémont, ingénieure mobilité durable pour le SyDEV, au sujet de la place faite au GNV lors de l'édition 2017 du Vendée énergie Tour. Un événement qui témoigne d'une véritable dynamique vendéenne en faveur du gaz carburant.

Assises territoriales

Au sein de l’édition 2017 du Vendée énergie Tour, l’événement majeur qui a fait la part belle au GNV était la deuxième programmation des Assises territoriales sur les carburants alternatifs. « Nous avions la chance d’accueillir des intervenants de qualité dont les prises de parole ont été appréciées », commente Aurélie Frémont. « Parmi eux, Gilles Durand, secrétaire général de l’AFGNV, a effectué un panorama d’une filière en plein essor avec quelques chiffres clés », indique-t-elle.

« Autre acteur très attendu, Vincent Rousseau qui représentait GRTgaz au niveau national avec une intervention intitulée ‘Panorama européen et stratégie gazière : vision d’expert’ », poursuit-elle. Elle estime : « On a ressenti un fort intérêt sur des sujets comme celui amené par Damien Roy, agriculteur et président de Agribiométhane », révèle-t-elle, précisant : « Détenue à 90% par Agribiomethane et le reste par la SEM Vendée Energie, la société Agribiométhane Carburant va ouvrir prochainement à Mortagne-sur-Sèvre la première station publique bioGNC du grand Ouest en délivrant un gaz obtenu à partir des déchets agricoles et des filières alimentaires ».

Total/AS24


« Par l’intermédiaire d’Eva Pottier, responsable développement produits pour AS24, cette filiale de Total a effectué quelques annonces concernant un vaste plan de développement du GNV, et en particulier l’ajout d’un point d’avitaillement dans des stations-services déjà ouvertes », communique Aurélie Frémont. Il est question de 20 projets d’ouverture sur 2017-2018, et de 110 stations capables de délivrer du GNC en France à horizon 2026. Une feuille de route qui confirme celle révélée en mars dernier, à l’occasion de la Semaine internationale du transport et de la logistique.

Petite déception cependant : « Nous nous attendions à un débat avec Eva Pottier sur la vision d’un grand groupe privé au sujet du développement de la filière GNV, à confronter avec les visions plus locales de Vendée Energie et du SyDEV, mais la représentante d’AS24 avait des obligations qui l’ont fait quitter les Assises prématurément », déplore l’ingénieure mobilité durable du syndicat vendéen de l’énergie.

Stratégie locale

Laurent Gérault, en charge des questions liées à l’environnement, la transition énergétique et la croissance verte pour la région Pays de la Loire, « a présenté les grandes lignes du schéma directeur général, annonçant des études de financement de stations et véhicules GNV suivies au cas par cas », indique Aurélie Frémont.

A l’échelle de la Vendée, ce sont 7 stations d’avitaillement en GNV qui seront ouvertes d’ici à 2025. Elles prennent place dans un réseau de 19 points de livraison en GNV/BioGNV prévus pour la même échéance sur le territoire des Pays de la Loire. Aurélie Frémont rappelle que pour Alain Leboeuf, président du SyDEV, « il est primordial de co-construire la filière du département entre collectivités et entreprises privées ». Elle souligne ce travail de 18 mois pour promouvoir la mobilité GNV, fait « d’enquêtes et de sensibilisations auprès de différents acteurs potentiellement intéressés, parmi lesquels des propriétaires de poids lourds et des décideurs ».

Poids des acteurs de collecte et de traitement des déchets

« Certains acteurs peuvent devenir de gros leviers au service de la filière GNV dans les territoires », explique Aurélie Frémont. « C’est le cas de Trivalis, le syndicat départemental de traitement des déchets, représenté aux Assises par son président, Hervé Robineau », cite-t-elle en exemple. « Trivalis, pour le transport des déchets, achète des prestations à des prestataires. Dans son cahier des charges pour l’année prochaine, le syndicat va imposer un certain taux de GNV et bioGNV », signale-t-elle.

Cette décision a trouvé une résonnance avec l’intervention de Olivier de Haese, vice-président déchets et énergie de Rennes Métropole. Intitulée « Des bennes à ordures aux autobus, le gaz est une solution qui gagne du terrain ! », elle a mis au jour tout un circuit. Ce dernier commence par le tri sélectif des déchets ménagers, et finira prochainement avec l’alimentation des moteurs des bennes à ordures en gaz de méthanisation produit par les éléments collectés.

Poids potentiel des acteurs vendéens de l’agroalimentaire

Aurélie Frémont cite en exemple 2 acteurs vendéens de l’agroalimentaire qui peuvent également avoir un rôle majeur dans le développement de la filière GNV à l’échelle du territoire : « Pour leurs activités, les transports de fruits et légumes Devaud, installés à La Roche-sur-Yon, disposent de leurs propres camions mais commandent aussi des prestations de transport compatibles avec une alimentation des véhicules au GNV. Le SyDEV travaille aussi beaucoup avec la Cavac, une coopérative agricole qui s’investit dans l’agriculture durable ; Les tournées effectuées localement pour récolter les productions des agriculteurs vendéens totalisent 400 kilomètres à la journée, avec un retour des camions au dépôt le soir ; c’est un fonctionnement idéal pour exploiter le gaz naturel comme carburant de cette flotte ».

Elle poursuit : « Afin de motiver les professionnels du département à passer au GNV, Denis Bertin, directeur du développement pour le transporteur Jacky Perrenot, et Laurent Gastinaud, directeur du transport du chargeur U Log, filiale logistique de Système U, ont dressé un bilan très positif de l’utilisation du GNV dans leurs engins ».

FNTR

Secrétaire général de la Fédération nationale des transporteurs routiers, Benoît Daly a rappelé aux Assises la position favorable de la FNTR au sujet du GNV et du bioGNV, comme alternative au gazole, et plus globalement pour un mix d’énergie afin de ne pas dépendre d’une seule énergie mais aussi de répondre à des besoins spécifiques en fonction de l’usage ou de l’activité.

Pour illustrer cette bonne disposition, Aurélie Frémont nous propose cet extrait d’une intervention donnée sur le sujet à l’Assemblée nationale par Benoît Daly : « Jusqu’à ce jour, il était difficile de recourir à des énergies alternatives. L’électrique et l’hybride étant réservés à la distribution urbaine, au dernier kilomètre, il s’agissait plutôt d’un marché de niche. Mais, depuis un an ou deux, se développe la possibilité de recourir au gaz naturel pour véhicules. Cela devrait faciliter la transition énergétique, mais nous devrons privilégier un mix énergétique et le diesel restera bien entendu un carburant largement utilisé par nos entreprises. Autrement dit, à chaque transport correspond son énergie, car une énergie donnée convient mieux à certains types de trafic, selon les distances parcourues ou la nature des trajets. Notre objectif est d’utiliser la meilleure énergie pour chaque usage, dans un contexte de développement durable ».

Un nombre de participants doublé

Aurélie Frémont se réjouit d’avoir constaté que « le nombre de participants à ces Assises territoriales sur les carburants alternatifs a doublé », et souhaite souligner « l’efficacité de l’organisation apportée par Isabelle Rivière et sa société L&R Conseil ». Notre interlocutrice estime « qu’il faudra peut-être revoir le format de cet événement pour l’alléger ».

A la lecture du programme, on imagine très bien que la journée du 23 juin 2017 a été intense. « Ce temps fort fait partie du travail de proximité que nous effectuons pour développer la filière GNV en Vendée », explique-t-elle. Elle tient à mettre en avant « la volonté d’Alain Leboeuf d’apporter au département un véritable mix énergétique qui passe aussi par l’hydrogène ».

A ce sujet, rappelons que le SyDEV et Vendée Energie ont été labellisés « Territoires hydrogène » en 2016 pour le projet Vendée Hydrogène. Une première station d’avitaillement H2 sera ouverte en 2018 ou 2019.

Réunion d’information

En amont des Assises, une réunion d’information autour de l’actualité du GNV avait été programmée le lundi 19 juin. « Une cinquantaine de personnes étaient présentes au lycée Rosa Parks, en présence d’un décideur important, la société Alu Rideau dont le siège est basé à La Roche-sur-Yon », commente Aurélie Frémont. « Nous avons conservé le format de l’année dernière pour cet événement : après les interventions de GRDF, des transports Breger, d’Agribiométhane Carburant, des essais de tracteurs routiers Iveco et Scania alimentés au GNV étaient proposés », détaille-t-elle.

« Ces essais sont très importants pour les transporteurs potentiellement intéressés », assure-t-elle. « Cette journée nous permet d’identifier ceux qui pourraient convertir une partie de leur flotte au GNV : le format de l’événement encourage des échanges libres et des prises de contacts », rapporte l’ingénieure en mobilité durable.

Un tracteur routier GNV pour la formation

« Le lycée Rosa Parks va prochainement recevoir un tracteur routier fonctionnant au GNV », révèle-t-elle. Tout un symbole pour cet établissement qui est le seul du territoire à proposer, entre autres, un Bac Pro « Conducteur transport routier de marchandises ».

En plus d’être exploité pour la formation, « ce véhicule fera le tour des entreprises qui versent la taxe d’apprentissage, afin de les sensibiliser à la mobilité avec cette énergie », poursuit-elle. « Le lycée Rosa Parks dispose déjà d’un simulateur de conduite ‘bus et camion’ embarqué dans une semi-remorque. Cet équipement a été présenté place Napoléon, à La Roche-sur-Yon, samedi 24 juin, lors de la Fête de la Mobilité intégrée au Vendée énergie Tour », rappelle-t-elle.

A noter que le VET a également permis d’officialiser à nouveau la construction prochaine de la station GNV de Chaize-le-Vicomte, à proximité de l’autoroute A87 (Nantes-Angers), sur la zone de la Folie, dans le secteur de La Roche-sur-Yon. Gaz Mobilité et moi-même remercions Aurélie Frémont pour sa disponibilité.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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