BioGNV : la Région Ile-de-France fait bloc pour défendre sa stratégie énergétique
Présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse a réaffirmé son engagement en faveur du bioGNV en ouverture des premières Assises de la décarbonation des bus, organisées ce mercredi 2 juillet au siège de la Région.
Présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse a réaffirmé son engagement en faveur du bioGNV en ouverture des premières Assises de la décarbonation des bus, organisées ce mercredi 2 juillet au siège de la Région.
Lors des Assises de la décarbonation des bus, organisées le 2 juillet 2025, la présidente de région Valérie Pécresse a rappelé la trajectoire ambitieuse d’Île-de-France Mobilités (IDFM) : élimination totale du diesel en zone dense en 2025 et passage à une flotte 100 % propre dans toute la Région à horizon 2029. Cette stratégie repose sur un mix énergétique combinant 70 % de bus au biométhane et 30 % à l’électrique.
« Nous avons misé sur un mix énergétique, pas sur une seule technologie, pour limiter le risque d’erreur, pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier », a-t-elle affirmé, insistant sur la nécessité d’un choix rationnel et pragmatique.
Un choix validé par les performances environnementales. « Un bus bioGNV émet 86 % de gaz à effet de serre en moins qu’un bus diesel (en ACV, ndlr). Un bus électrique, c’est 87 % ! C’est kif-kif bourricot en termes de baisse des effets de serre » a comparé Valérie Pécresse, ajoutant que ces bus coûtent deux fois moins chers à déployer que les modèles électriques.
Un déploiement déjà bien avancé
Au 1áµÊ³ juillet 2025, la région comptait déjà 5 172 véhicules « propres », soit plus de 50 % du parc. Le biométhane est majoritaire avec plus de 2 700 bus en circulation sur les routes franciliennes. Sur les 126 centres opérationnels, 53 ont déjà été convertis au bioGNV. Une vingtaine d'autres le seront prochainement.Parc "bus propres" IDF Mobilités au 01.07.2025
Biométhane | 2704 |
Electrique | 1138 |
Hybride | 1328 |
Hydrogène | 2 |
Une logique circulaire et locale
Le biométhane est produit à partir de déchets agricoles, alimentaires et d’effluents. Il est majoritairement d’origine locale : « En 2021, 50 % du biométhane consommé était produit en Île-de-France. 100 % est produit en France », a chiffré la présidente de région. À ce jour, l’Île-de-France compte 57 unités de méthanisation et plus de 80 autres sont en projet.[yt_link=https://www.youtube.com/watch?v=UvW2-hbYSFM]
Ce modèle s’inscrit dans une économie circulaire vertueuse : « On utilise les déchets ménagers, on utilise les déchets agricoles. C’est de l’économie circulaire, c’est de la valorisation de nos exploitations agricoles », a-t-elle souligné. La méthanisation contribue aussi à l’autonomie des exploitations : « Il faut que nos agriculteurs créent de la valeur sur leur exploitation, au-delà même de la vente de leur production. »
« On a une grosse dizaine d’années d’avance par rapport à d’autres pays » souligne Laurence Poirier-Dietz, Directrice Générale de GRDF. « Aujourd’hui, il y a plus de 770 méthaniseurs qui injectent du biométhane dans l’ensemble du réseau, soit 14 TWh. On a une perspective de 44 TWh dans la PPE préparée à l'horizon 2030 ».
« Tous nos bus au biométhane aujourd’hui sont français. Ils sont fabriqués dans les Deux-Sèvres et en Ardèche. Par des usines françaises, par des ouvriers français », a insisté la présidente, qui, contrairement à d’autres grandes capitales européennes, exclus l’acquisition de véhicules importés de Chine.
Une filière menacée par Bruxelles
Les Assises étaient aussi l’occasion pour la région d’interpeller Bruxelles quant au nouveau règlement CO2 des poids lourds, qui s’apprête à exclure l’acquisition de bus au biométhane par les collectivités locales. « Ce règlement CO2, qui nous empêche désormais d’utiliser des bus au biogaz, prend le risque de saboter l’organisation d’un réseau complet et de mettre à mal l’écosystème industriel qui va avec », a-t-elle alerté. « Il faut vraiment que les technocrates qui nous gouvernent ne prennent pas des décisions sans étude d'impact » avertit-elle, pointant les conséquences d’une telle décision sur la stratégie énergétique et les finances de la Région.« Chaque faux pas réglementaire coûte des millions. Nous avons fait le choix d'une filière biogaz qui est beaucoup moins carbonée que le diesel. Si on la détruit, ça veut dire qu'il faut tout recommencer. Il y en a un peu marre de ces va-et-vient réglementaires qui nous coûtent des millions ».
Comme d'autres acteurs, la Région Ile-de-France appelle ainsi à anticiper la clause de revoyure, aujourd’hui prévue en 2027 et à intégrer un facteur de correction carbone pour tenir compte des vertus du biométhane. « À la clause de revoyure, il faut qu’on accorde une exemption aux collectivités qui ont déjà largement investi dans des bus urbains fonctionnant au biométhane » insiste la Présidente de Région.
Une orientation « zéro émission » à l’échappement qui n’est pas sans conséquence sur la stratégie des constructeurs. « On a un timing avec des pénalités qui nous font extrêmement peur » reconnait Solène Grange, Directrice Générale d’Iveco France, qui appelle à avancer la clause de revoyure « au plus tôt » pour permettre aux industriels de s’organiser.
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