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Fin des moteurs thermiques en 2035 : quel avenir pour le gaz ?

Le Parlement européen a approuvé la fin des véhicules thermiques dès 2035. Une décision qui met à mal d'autres solutions pourtant vertueuses comme le biogaz.

Le Parlement européen a approuvé la fin des véhicules thermiques dès 2035. Une décision qui met à mal d’autres solutions pourtant vertueuses comme le biogaz.

Figurant parmi les mesures phares du paquet « Fit-for-55 », l’arrêt des ventes de véhicules thermiques dès 2035 a été approuvée par le Parlement européen le 8 juin dernier, à 339 voix pour et 249 contre. Si la proposition doit encore être validée par les ministres des États membres le 28 juin avant d’être définitivement adoptée dans le courant de l’automne, l’annonce bouleverse déjà le monde automobile.

Quels sont les véhicules concernés ?

Voitures particulières et véhicules utilitaires légers. La proposition validée par le Parlement européen concerne l’ensemble des véhicules de moins de 3.5 tonnes. A compter de 2035, seuls les véhicules « zéro émission » seront autorisés à la vente. Au-delà de cette échéance, le Parlement a validé plusieurs paliers de réduction des émissions de CO2 : 15 % en 2025 (par rapport à 2021), puis de 55 % en 2030 (et 50 % pour les camionnettes).

Précision importante : les véhicules lourds – camions, bus et autocars – ne sont pas concernés par l’interdiction.

Zéro émission… à l’échappement

Malgré les nombreux appels à intégrer une logique ACV pour mesurer les émissions sur l’ensemble du cycle de vie, l’Europe reste sur un modèle de calcul des émissions à l’échappement. Une décision qui favorise deux solutions, l’électricité et l’hydrogène, et qui ne tient donc pas compte des émissions liées à la production des véhicules et de l’énergie.

Cela signifie qu’une voiture électrique, quelle que soit sa taille et sa capacité batterie, reposant sur un mix électrique particulièrement carboné ou qu’une voiture hydrogène s’avitaillant avec de l’hydrogène gris seront considérées comme tout aussi « propres » que des modèles s’approvisionnant à partir d’énergies renouvelables.

Surtout, ce mode de calcul ferme la porte à certaines énergies dont la production est particulièrement vertueuse. Car c’est la thématique du site, on pense notamment au biogaz qui, en approche ACV, parvient à afficher émissions proches de celles d’une voiture électrique sur l’ensemble de son cycle de vie.

Véhicules légers GNV : un avenir compromis

Si la proposition n’a pas encore terminé son parcours législatif, la perspective de sa mise en oeuvre n’est pas sans conséquence sur un marché automobile déjà marqué par plusieurs crises successives.

Chez les constructeurs, l’heure est au pragmatisme avec des gammes et motorisations réduites. Stellantis a déjà choisi d’arrêter la gamme d’utilitaires GNV Fiat. Compte tenu des annonces, il n’est pas impossible que le groupe Volkswagen suive le même chemin, probablement lors du renouvellement de mi-carrière de ses modèles, attendu à horizon 2023 – 2024.

Si le scénario se confirme, il y aurait donc un véritable décalage entre l’offre disponible, déjà réduite à peau de chagrin sur le segment des utilitaires, la dynamique de déploiement des stations GNV et les besoins croissants des acteurs en solutions de mobilité propres pour faire face à la multiplication des Zones à Faibles Emissions (ZFE).



De nombreuses réactions

« En introduisant une interdiction de facto des nouvelles voitures et camionnettes à moteur à combustion interne à partir de 2035, le Parlement a pratiquement nié le droit de chaque État membre de développer des politiques de transport qui correspondent au profil de leurs économies respectives sans générer de stress inutile sur les citoyens et les industries à certains moments des prix extrêmement élevés de l'énergie » a réagi l’association NGVA Europe dans un communiqué.

De son côté, l’association européenne des constructeurs (ACEA) juge ces objectifs à long terme prématurés compte tenu de la volatilité et de l’incertitude du marché.  « Toute réglementation à long terme allant au-delà de cette décennie est prématurée à ce stade précoce. Au lieu de cela, un examen transparent est nécessaire à mi-chemin afin de définir les objectifs post-2030. Un tel examen devra tout d'abord évaluer si le déploiement de l'infrastructure de recharge et la disponibilité des matières premières pour la production de batteries seront en mesure de correspondre à la forte montée en puissance continue des véhicules électriques à batterie à ce moment-là » a déclaré l’association.
 


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