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Challenge EcoGreen 2025 : un nouveau record au bioGNV pour Microjoule 5

Le prototype du lycée La Joliverie de Saint-Sébastien-sur-Loire a battu un nouveau record au bioGNV sur le circuit de Fay-de-Bretagne (44) au nord de Nantes.

Piloté par Elise, le prototype du lycée La Joliverie de Saint-Sébastien-sur-Loire a battu un nouveau record d'autonomie au bioGNV sur le circuit de Fay-de-Bretagne (44) au nord de Nantes. Voilà une excellente occasion pour témoigner de l’ambiance sur place, et donner la parole à Mickaël Fardeau, enseignant en BTS MTE (Motorisations toutes énergies) et coresponsable des projets Microjoule et Cityjoule, ainsi qu’à Patrice Merhand à la tête de l’organisation de l’EcoGreen Energy.
 

Enfin une météo favorable

Depuis le démarrage du challenge EcoGreen en 2022, la météo a toujours été une source d’inquiétudes pour les organisateurs de l’événement et les équipes. Avec la première édition, les jeunes pilotes avaient dû endurer la canicule dans l’espace très réduit des engins. Les deux suivantes ont été en revanche bien arrosées, au point qu’en 2024 peu de véhicules avaient pu respecter la consigne d’enchaîner neuf boucles du circuit de Fay-de-Bretagne (17,5 km) à une vitesse moyenne minimale de 25 km/h.

Cette année, quelques gouttes et grondements sourds orageux le mercredi 14 mai, mais aussi beaucoup de soleil et un peu de vent rafraîchissant sur les deux jours ont finalement permis à vingt des vingt-cinq équipes d’inscrire des performances. « Nous sommes dans le pays du muscadet : je peux dire que la météo de 2025 est pour nous un très grand cru. Nous avons eu un temps idéal. Je remercie d’ailleurs chaleureusement les équipes qui sont revenues cette année après avoir subi en 2024 de véritables trombes d’eau sur toute la semaine, depuis le montage jusqu’au démontage des structures. Travailler toute une année de formation pour préparer les voitures et ne pas pouvoir en tirer des résultats sur la piste, c’est dur ! », explique Patrice Merhand.
 
Deux catégories de véhicules sont acceptées à l’EcoGreen, qui se distinguent facilement. Favorisés par leur aérodynamisme, les cigares monoplaces à trois roues sont classés dans les protos. Ressemblant davantage à des voitures, les engins de la catégorie Urban Concept doivent obligatoirement être dotées d’un équipement plus complet, comprenant par exemple, un essuie-glace fonctionnel, des clignotants à l’avant et à l’arrière, des feux de position, et des phares.

N’ayant pu être porté au tableau des résultats l’année dernière, Microjoule 5 est typiquement un proto. « En raison des grosses averses, nous n’avions pas pu aller au bout des neuf tours en 2024. Sous la pluie, les protos ne peuvent pas rouler, les urban concepts si. Une météo clémente est donc pour nous un paramètre essentiel », souligne Mickaël Fardeau. Faudrait-il envisager une autre date pour le challenge afin de maximiser les chances de bénéficier d’une meilleure météo ? « Entre les périodes de stages, les examens et la disponibilité du circuit, nous n’avons pas trop de choix sur la date ».
 
L'EcoGreen compte deux grandes catégories d'engin
 

Microjoule a 40 ans

Shell Eco Marathon, EduEco, EcoGreen : Pour tous ceux qui s’intéressent aux épreuves de sobriété avec des engins conçus par des élèves ingénieurs, mais aussi de lycées et même de collèges désormais, Microjoule est un nom très connu : « Ce programme fête cette année ses 40 ans. Il a été créé à l’initiative de l’ancien enseignant à La Joliverie Philippe Maindru [NDRL : Philippe Maindru continue à manager les équipes sur le circuit lors de l’EcoGreen] qui a toujours eu des convictions écologiques ».



Au fil des années, le véhicule s’est amélioré et de nouveaux produits pour alimenter le moteur ont été essayés : « Après avoir utilisé le gazole et l’essence, d’autres carburants ont été adoptés pour Microjoule. En 2015, un virage a été pris vers le gaz, plus particulièrement le méthane ou GNV, puis le biométhane ou bioGNV deux ans plus tard ».

La Joliverie était aussi présente cette année avec un proto animé par un moteur thermique hydrogène (Microjoule 4) : « Depuis 2022, le GNV et l’hydrogène sont de sources renouvelables à l’EcoGreen. Avec l’idée d’utiliser des carburants locaux, c’est AgriBioMéthane de Mortagne-sur-Sèvre en Vendée qui fournit le bioGNV ».
 

Devenu minoritaire, le GNV est préservé

Si l’EcoGreen a débuté en 2022 uniquement avec des carburants gazeux, le challenge s’est depuis ouvert à l’électrique, l’énergie désormais la plus représentée. Ainsi, en 2025 avec neuf prototypes et six urban concepts. L’hydrogène a alimenté deux moteurs thermiques sur des protos, et quatre piles à combustible (3 protos + 1 urban).

Ce sont donc seulement quatre engins fonctionnant au biométhane qui étaient inscrits, dont trois protos comme Microjoule 5. « Nous ne pouvions oublier la solution électrique. Nous avions reçu des demandes de lycées et même de collèges pour lesquels nous avons obtenu de la part de la FFSA des dérogations afin que les voitures puissent être pilotées sur le circuit dès 14 ans. Pour ces établissements scolaires, travailler sur l’électrique est plus facile. Les voitures GNV ont surtout été mises au point par des élèves de BTS et d’enseignement supérieur.



Quant à l’hydrogène, ce sont des écoles d’ingénieurs qui l’ont choisi », explique Patrice Merhand. Une limite est toutefois fixée : « J’ai bloqué à 50 % la part des électriques, et nous allons peut-être augmenter à vingt-huit ou trente le nombre d’équipes en espérant une plus grande représentation des pays européens proches. Cette année nous n’avions que les Polonais de l’université polytechnique de Lodz. C’est d’autant plus amical et méritoire que le Shell Eco Marathon se déroule cette année dans leur pays. Nous continuerons bien sûr à accompagner le choix du bioGNV ».
 

Nouveau record

Ayant établi cette année un nouveau record, Microjoule 5 a été la première voiture à s’élancer le 14 mai dernier sur le circuit de Fay-de-Bretagne. « Nous avons toutefois été stoppés rapidement en raison d’un fil débranché. Ensuite nous avons subi une crevaison lente. A notre seconde tentative, nous avons consommé 3,83 grammes de bioGNV pour parcourir les 17,5 km à 25 km/h de moyenne », précise Mickaël Fardeau.



Pour comparer les performances retenues avec les différentes énergies, les distances sont calculées en se basant sur la quantité d’énergie contenue dans un litre de SP95 : « Avec 3 180 km, nous avons dépassé cette année notre précédent record de 2 934 km datant de 2023. Agés de 18 à 21 ans, nos étudiants étaient vraiment très contents. Nous avons travaillé tous les jeudis soir de 20 h 30 à minuit ».

Du côté des urbans, le lycée Frédéric Ozanam de Cesson-Sévigné (35) a été crédité de 243 km. C’est toutefois un collège, avec le proto électrique Tema Mobile conduit également par une équipe féminine (Emma de troisième et Solène de quatrième), qui pourrait se vanter d’avoir les meilleurs chiffres cette année avec 5 458 km. Très fair-play, leur responsable, Thierry Michau, enseignant de Techno au Collège Pierre Bayle de Pamiers (09), nous a confié : « Si la Joliverie avait été en électrique, c’est eux qui auraient été les premiers ». A noter que le cigare Microjoule 4 à moteur thermique hydrogène est aussi ressorti premier de sa catégorie avec 2 146 km.
 
Piloté par Elise, le prototype du lycée La Joliverie de Saint-Sébastien-sur-Loire a battu un nouveau record au bioGNV sur le circuit de Fay-de-Bretagne (44)

Une bonne formule

Les jeunes et les adultes responsables des équipes ont particulièrement apprécié que l’espace de réflexion rebaptisé « Club EcoGreen Energy » se déroule tout à côté des stands, partageant une même ambiance. Les intervenants, chefs d’entreprises et autres participants n’ont pas manqué de relever la forte présence des filles dans les équipes et aux commandes des voitures.

« On ressent davantage la féminisation dans le cursus d’ingénieurs, mais les filles ont aussi toute leur place au niveau BTS. La présence du Club sur le site du circuit est super important. Ses participants ont pu découvrir le travail des étudiants », commente Mickaël Fardeau. Un avis confirmé par Patrice Merhand : « Les jeunes des équipes ont apprécié de voir les participants au club. Plus globalement, réunir les deux publics apporte une vue générale sur la mobilité durable avec des cas précis. Les chefs d’entreprises ont aussi besoin de voir du concret ».

Cent-dix personnes étaient regroupées sous un chapiteau de 200 m² pour écouter le climatologue François Gemenne, Pierre Fillon, président de l’ACO, et Brieuc Drouhot du CRMT : « Le bilan est extrêmement positif. Nous avons rapidement affiché complet. Les retours des chefs d’entreprises sont enthousiastes. En plus d’être heureux de découvrir le challenge, ils ont beaucoup apprécié de pouvoir échanger avec les autres personnes assises à leurs tables ».

Un circuit parfaitement adapté à l’EcoGreen

Parmi les participants au Club, quelques-uns ont émis l’idée que le challenge se déroule dans les rues de Nantes ou sur le circuit du Mans pour une meilleure visibilité et davantage de participants et visiteurs. Ne serait-ce pas oublier un peu vite certaines contraintes et caractéristiques de la boucle de Fay-de-Bretagne ?

Mickaël Fardeau a un avis tranché sur la question : « Le circuit de Fay-de-Bretagne est parfaitement adapté à l’EcoGreen. Il est technique à souhait avec deux grosses montées qui demandent de mettre en œuvre des stratégies entre la mise en route du moteur et la roue libre. Il faut réfléchir à ce qu’il faut faire en fonction de l’énergie, du poids du véhicule, etc. Il est aussi idéal pour le public qui à une visibilité quasi continue sur les véhicules ; En ville, il faudrait fermer des rues et les bouches d’égout, entre autres, nous poseraient des problèmes ».

Patrice Merhand abonde et ajoute : « Ce circuit est vraiment super pour nous. Bien sûr, il a aussi ses moins : éloigné de Nantes, pas de transport en commun pour y venir. Sur place, nous ne disposons que de deux garages et un bureau. Nous avons donc dû faire installer 1 000 m² de chapiteaux, d’où des coûts opérationnels énormes. Je ne le ferai jamais en ville, car ce serait bien trop compliqué et il faudrait cinq fois plus de bénévoles ; nous en avons déjà quatre-vingts ici. Ça nécessiterait de faire modifier les lignes des transports en commun et le risque d’accident serait à prendre en compte très différemment ».

Un autre circuit fermé n’est peut-être pas à exclure : « Par exemple celui de Fontenay-le-Comte en Vendée, où le Mans. Nous avions dans nos intervenants Pierre Fillon de l’ACO qui organise les 24 Heures du Mans : vous imaginez de quoi on a parlé avec lui ».
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Patrice Merhand et Mickaël Fardeau pour le temps pris à répondre à nos questions.
 


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