Réglementation et fiscalité

Emissions de CO2 : l'Europe prête à des concessions sur les véhicules légers

Sous pression de l'industrie automobile, la Commission européenne pourrait revoir dès la fin de l'année sa feuille de route climatique pour les véhicules légers. Initialement prévue pour 2026, cette révision intervient dans un contexte de transition difficile vers l'électrique.

Sous pression de l’industrie automobile, la Commission européenne pourrait revoir dès la fin de l’année sa feuille de route climatique pour les véhicules légers. Initialement prévue pour 2026, cette révision intervient dans un contexte de transition difficile vers l’électrique.

La cible de 100 % de réduction des émissions de CO2 pour les voitures et utilitaires neufs d'ici 2035 est officiellement remise en question. Réunis ce vendredi 12 septembre par Ursula von der Leyen pour un nouveau « dialogue stratégique », les dirigeants de l’automobile européenne ont exprimé leurs préoccupations. Faiblesse de la demande intérieure, concurrence chinoise accrue et barrières tarifaires américaines pèsent sur le secteur.

Surtout et malgré les efforts des constructeurs, la réalité du marché est très loin des ambitions européennes. Les utilitaires font l’objet d’une attention particulière. Leur part de marché électrique reste faible : seulement 8,5 % des nouvelles immatriculations, contre près du double pour les voitures particulières.

Une approche technologique plus ouverte

Selon un article publié par Reuters, Commission pourrait revoir sa feuille de route dès la fin de l’année et non en 2026 comme initialement prévue. La Commission envisagerait notamment d’inclure dans sa révision des alternatives aux véhicules 100 % électriques, comme les carburants neutres en carbone, les hybrides rechargeables ou les prolongateurs d’autonomie.

Parallèlement, une législation visant à décarboner les flottes d’entreprises – qui représentent environ 60 % des ventes de véhicules neufs dans l’UE – est en préparation.

Une nouvelle catégorie de petits véhicules électriques, potentiellement assimilable aux key-cars au Japon, pourrait également être créée. Elle bénéficierait de conditions fiscales et crédits CO2 avantageux.

Vers une stratégie différenciée pour les poids lourds

Dans un communiqué, l’ACEA appelle également à une adaptation urgente des objectifs pour les poids lourds, qu’elle juge incompatibles avec la réalité industrielle actuelle. Sur l’électrique, le secteur est confronté à un double défi : le manque d’infrastructures de recharge et la faible rentabilité des technologies zéro émission dans les segments longs trajets.

« Les constructeurs de camions et d'autobus sont engagés dans la transition écologique de l'Europe : les véhicules sont prêts, mais les conditions propices ne le sont pas encore », a déclaré Christian Levin, PDG du groupe Traton et de Scania.

D’après l’association, la cible de -90 % de CO2 d'ici à 2040 pour les camions reste très ambitieuse. Elle ne pourra être atteinte que si les États membres accélèrent massivement le déploiement des stations de recharge électriques et hydrogène pour les transports longue distance. Pour autant, difficile d'imaginer l'Europe se passer d'autres technologies comme le bioGNV, dont les bénéfices en analyse de cycle de vie (ACV) ne sont plus à prouver.

« L'UE ne peut se permettre d'attendre 2027 pour réviser les normes d'émission de CO2 pour les véhicules lourds » pointe l’association qui appelle à des « mesures urgentes pour mettre le transport routier de marchandises sur la voie de la neutralité climatique ».


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