Endesa : le choix d'une offre 100 % bioGNC
En France, le groupe espagnol Endesa mise depuis plusieurs années sur une offre 100 % bioGNC. Une stratégie que nous explique Benjamin Beau, responsable commercial mobilité décarbonée au sein de Endesa France.
En France, le groupe espagnol Endesa mise depuis plusieurs années sur une offre 100 % bioGNC. Une stratégie que nous explique Benjamin Beau, responsable commercial mobilité décarbonée au sein de Endesa France.
Endesa a été l’un des premiers opérateurs à basculer vers une offre 100 % bioGNC. Pourquoi ce choix ?
Benjamin Beau : Parce que le GNC n’a de sens que s’il est Bio. C’est pourquoi, Endesa a cherché très tôt à acquérir des garanties d'origine Française et grâce à notre cœur de métier d’énergéticien, nous avons acquis pour 15 années la production de 33 méthaniseurs répartis sur tout le territoire.Notre réseau est 100 % bioGNC depuis le 1er juillet 2023.Sur nos 15 stations, seule une n'est pas 100 % bio.
En 2024, Endesa a délivré 11â¯000 tonnes de bioGNC, soit un peu plus de 25 000T de CO2 économisées par une clientèle essentiellement française allant de l'artisan à la PME jusqu'au grand groupe.
Endesa, présent en France depuis 25 ans, appartient au groupe ENEL, 1er producteur privé au monde d’énergies renouvelables. Faire le choix du 100% BioGNC s’inscrit naturellement dans notre stratégie.
Endesa a ralenti ses déploiements en 2024. Y a-t-il des ouvertures prévues en 2025 ?
Effectivement, il n’y a pas eu d’ouverture en 2024. Sur 2025, on ouvre une nouvelle station privée. Il s’agira d’une station pour Keolis Bus à Lyon avec de la charge rapide.Sur les stations publiques, on reste pour l’instant en « stand by » car pour investir ou développer, il faut de la visibilité et une stabilité réglementaire que ne nous garantissent pas nos élus, surtout européens. En effet, chez Endesa, on pense qu'il ne faut négliger aucune solution pour décarboner le transport lourd et que le « merit order » de chaque technologie fléchera naturellement une solution vers son utilisation la plus adaptée.
Nous restons très impliqués dans la filière avec les autres membres de FMB. Avant la crise du prix du gaz et l’adoption du règlement CO2, nous avions énormément travaillé sur l’interopérabilité et le 250 bars (contre 200 aujourd’hui, ndlr) pour augmenter l’autonomie des camions GNC. Aujourd’hui, ce sujet reste en attente. Le jour où le règlement CO2 va évoluer, on se reposera sans doute la question.
On continue à militer fortement pour que l’ensemble de la filière passe au 100 % bio et sorte définitivement du gaz fossile. Nous ne sommes pas crédibles en proposant encore du fossile par rapport à d’autres carburants comme le B100 et l’Oléo 100 qui ont le mot « 100 » partout.
Il est aujourd’hui possible de faire du 100 % bioGNC. Il est vrai que cela prendrait une part non négligeable de la production actuelle de biométhane français, mais avec le temps, le pourcentage dédié à la mobilité baissera fortement, car la quantité de biométhane produit va croitre beaucoup plus vite que les immatriculations.
Cette difficulté à passer au bioGNC pour certains acteurs n’est-elle pas également liée au différentiel de prix qui ne pourrait pas être accepté par les clients ?
Si, très certainement, surtout dans un contexte compliqué pour les transporteurs. Mais si on regarde le coût de détention du véhicule BioGNC sur sa durée d’exploitation, nous sommes parmi les mieux disant sur le ratio coût/décarbonation. Le TCO du BioGNC reste pertinent versus diesel, il faut arrêter de regarder le prix du fossile.Il est vrai que pour Endesa, la situation est particulière, car nous sommes propriétaires de nos garanties d’origine. On travaille en direct avec nos agriculteurs. Sur le bio, le surcoût est de l’ordre de 0,05 €/kg, ce qui est parfaitement raisonnable quand on regarde le gain en CO2. Pour faire en sorte que le BioGNC trouve définitivement sa place parmi les solutions durables pour décarboner la mobilité, nous soutenons le travail effectué actuellement par GRDF, NaTran et FMB avec l’Etat sur le mécanisme de la Tiruert, désormais IRRIC.
Finalement, ce ralentissement des déploiements chez Endesa ne serait que temporaire ?
Effectivement. En tant qu’industriel, on ne peut pas faire de plans sur la comète. L’Europe s’attaque actuellement à la revoyure du règlement CO2 des véhicules légers. Ce qui va en découler arrivera sans doute sur le poids lourd. Et avec des prix du BioGNC sur 2027 et 2028 en dessous de 30€ du MWh, que nos clients peuvent souscrire dès à présent, l’avenir de la filière est tout tracé.- Le biogaz à l'honneur à l'Expo Universelle d'Osaka
- Camions GNV : chez Volvo Trucks, les ventes ont bondi de 24 % en 2024
- Règlement CO2 : le Parlement vote un allègement du dispositif
- Le Toyota Hilux biométhane fait sa première apparition publique
- Le GNV gagne du terrain aux Etats-Unis, porté par la dynamique des flottes