SOFRILOG : « Le verdissement de la flotte ne peut pas passer par une mono-énergie »

SOFRILOG : « Le verdissement de la flotte ne peut pas passer par une mono-énergie »
Acteur incontournable de la logistique et du transport sous températures dirigées, SOFRILOG a été créé en 2007 par deux entreprises régionales d’entreposage frigorifique. D’abord réseau national, SOFRILOG est devenue progressivement un groupe reposant sur un capital familial, distribue des marchandises toute la France. L’entreprise dirigée par Rui Pereira a entrepris ces dernières années un virage important en matière de RSE, adressant tous les sujets, de la sécurité à la formation du personnel, en passant par de forts engagements pour veiller à la protection de l’environnement. Sébastien Bossard, Directeur Commercial, et Geoffrey Six, Directeur du Développement Exploitation, Méthodes et Process Transport, nous racontent le choix de SOFRILOG envers les carburants alternatifs pour son activité de transport, à commencer par le GNV.  

Depuis combien de temps SOFRILOG s’intéresse-t-elle au GNV ?

Sébastien Bossard : Les premières discussions ont eu lieu vers 2013-2014 avec Carrefour. Nous accompagnons la marque depuis longtemps pour le transport des marchandises, et sa volonté était de réduire ses émissions de gaz à effet de serre en convertissant 1 200 camions au biométhane. À l’époque, le GNV était encore balbutiant.
 
Geoffrey Six : En effet, il nous a fallu près de deux ans pour trouver les bons modèles, les bonnes technologies qui correspondaient aux besoins de Carrefour. On a démarré en 2016 avec Scania, en contribuant à la conception du véhicule idéal.

Quelle est la part des véhicules au gaz naturel dans la flotte SOFRILOG ?

S.B. : Sur les 360 véhicules qui roulent pour nous, 43 carburent au gaz naturel. Nous avons actuellement 37 porteurs, 6 tracteurs et 2 véhicules légers GNV. Cela correspond à un peu plus de 11 % de la flotte.
 
G.S. : Les camions au gaz sont là pour accompagner les clients engagés dans la transition énergétique. Nous sommes partenaires des marques comme Carrefour, Picard, Franprix et Monoprix, dont 100 % de la flotte roule au GNV pour la distribution parisienne, voire au bioGNV pour Carrefour.
 
S.B. : Par ailleurs, notre politique de renouvellement de flotte est axée sur les véhicules propres, avec un objectif de 30 % des véhicules SOFRILOG Transport roulant aux énergies propres d’ici à 2024. Au-delà des marques citées précédemment, SOFRILOG a pris l’engagement de n’affecter que des poids lourds roulant au gaz naturel à Paris intra-muros, quels que soient les clients.

Avez-vous choisi d’autres carburants alternatifs au gazole pour l’activité de SOFRILOG ?

G.S. : Le B100 est actuellement en phase de test, nous avons acheté quatre porteurs pour voir ce que ça donne, notamment en distribution du dernier kilomètre. L’énergie choisie dépend de la typologie de fret, du type de kilométrage, etc. Pour une tournée longue, on part sur du gaz ou du B100, tandis que l’électrique sert davantage aux véhicules légers. Le verdissement de la flotte ne peut pas passer par une mono-énergie.

Pourquoi ce choix d’un mix énergétique ?

G.S. : Quand on fait du surgelé, c’est compliqué d’avoir l’autonomie suffisante pour garder le froid sur de longues distances. Alors, on doit tester différentes options. Et avec la crise en Ukraine, on a connu une flambée des prix quasiment incontrôlable, que personne n’avait vu venir. Si nos véhicules ne roulaient qu’au gaz, ça aurait été vraiment très compliqué. En même temps, le B100 est soumis aux limites de production du colza, et cet aspect-là va peut-être aussi poser un problème un jour. L’alignement des prix à ceux du diesel n’est pas garanti, ils pourraient eux aussi s’envoler. J’ai toujours pensé que le GNV n’est qu’une transition entre le pétrole et l’hydrogène.
 
S.B. : C’est sécurisant pour nos clients de savoir que leur prestataire ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Et pour SOFRILOG, économiquement, on limite les risques en se répartissant de la sorte.

Comment aller plus loin dans le verdissement du secteur des transports ?

G.S. : Pour avoir un bilan carbone neutre, on doit aller vers des stations de production de biogaz plus locales, en circuits courts. Cela serait un bon remède à l’incertitude géopolitique du GNV, mais pas seulement. Le gaz naturel reste une énergie fossile, comme le pétrole, et c’est pour moi une énergie de transition. Tout comme le diesel, elle finira par devenir non grata le jour où on sera au point sur l’hydrogène, et quand le biométhane sera généralisé. L’avenir du gaz, c’est le biogaz.

SOFRILOG est très engagée dans la décarbonation du fret. Quelles actions avez-vous menées dans ce sens ?

G.S. : Le groupe a adhéré à la Charte CO2 en 2020 et toutes les filiales SOFRILOG Transport sont signataires de la charte depuis 2021. Sur la période 2020-2021, de nombreuses actions ont été engagées afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, avec succès : les émissions de CO2 ont diminué de 8,7 % au kilomètre parcouru. Ça passe par des véhicules tous conformes à la norme Euro VI, mais aussi par des actions de formation de nos chauffeurs à l’écoconduite. On a pour cela équipé tous nos véhicules d’un outil de télématique qui permet le management des comportements de conduits afin de baisser la consommation.
 
S.B. : Le transport représente 25 % du chiffre d’affaires de SOFRILOG. La logistique grand froid, notre autre spécialité, est très consommatrice d’électricité. Pour réduire cette consommation, 90 % de nos entrepôts utilisent déjà des fluides naturels, comme l’ammoniaque ou le CO2, qui impactent très peu le réchauffement climatique. Notre ambition sous deux ans est d’atteindre 100 % de la production de froid par des fluides propres. Mais les engagements RSE de SOFRILOG dépassent la protection de l’environnement. En tant que logisticien et transporteur, ils sont au cœur de notre métier et concernent toute l’entreprise. Depuis trois ans, nous avons lancé une vraie démarche en embarquant tous les étages de la société vers un fonctionnement global de plus en plus vertueux.

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Adeline ADELSKI Adeline ADELSKI
Journaliste
Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine.

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1 Commentaire

  1. AlberiPublié le 13/06/2023 à 12:10

    Très intéressante, cette réflexion RSE d’entreprise.

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