Maintenance des véhicules GNV : nous avons assisté au nouveau module d'Energy Formation

Maintenance des véhicules GNV : nous avons assisté au nouveau module d'Energy Formation
Entre théorie et pratique, cette nouvelle formation de deux jours permet aux techniciens d’atelier et aux mécaniciens d’effectuer en toute sécurité des opérations de maintenance de niveau 1 et 2 sur les circuits basse et haute pressions des véhicules fonctionnant au GNV.
 
Référencée EFZ8011 au catalogue d’Energy Formation, organisme affilié à GRDF, le module auquel nous avons pu assister s’adresse à des professionnels diplômés de la maintenance ou ayant un minimum de trois ans d’expérience sur le terrain et qui pourront avoir à intervenir sur des véhicules alimentés au gaz naturel. C’était bien le cas des huit stagiaires qui ont participé à la session inaugurale programmée les 23 et 24 avril 2024 sur le site de Saint-Etienne-de-Montluc, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes (44).
 
Sans tous se connaître, car venant de différents ateliers, ils avaient été inscrits par un même opérateur. Sa flotte de véhicules lourds compte une part croissante de modèles à motorisation GNV, à la demande des collectivités. Exploités de façon intensive, ces engins vont connaître de plus en plus d’actes de maintenance. Même s’ils ne touchent pas forcément aux circuits de gaz, ils imposent de prendre toutes les précautions nécessaires.
 
Est-il possible d’effectuer des opérations de soudure sur un véhicule placé à côté ? Voilà, par exemple, l’une des questions qui a trouvé sa réponse lors de la formation de quatorze heures, devant des professionnels a priori épanouis et aux parcours souvent déjà riches en expériences diverses, y compris dans le secteur naval et l’aviation.
 

Un formateur expert aux expériences professionnelles multiples

Les huit professionnels réunis ressentaient tous, à la fois pour des raisons de sécurité et pour développer leurs connaissances sur le fonctionnement de la mobilité GNV, le besoin de suivre un tel stage. Ils ne pouvaient pas mieux tomber que sur Gérard Colling, concepteur et animateur de formations pour le groupe GRDF. Souvent, un module est confié à un professionnel qui va alors travailler son sujet et acquérir des connaissances qu’il pourra transmettre aux apprenants.

Gérard Colling, concepteur et animateur de formations pour le groupe GRDF, a assuré les deux journées de ce nouveau module
 
Certaines fois, les cours sont donnés par un intervenant qui peut afficher un CV très impressionnant en rapport avec l’objectif de la formation. Et ce, au final, avec potentiellement une même qualité de prestation. Il y a tout de même une différence importante. Dans le second cas, les exemples viennent du véritable vécu du formateur, intarissable en anecdotes dont les images se bousculent en sa mémoire lors de son cours. Gérard Colling est de ceux-là, avec une expérience rare et diversifiée aussi bien en mécanique, en gaz et en formation. Si bien qu’à quasiment toutes les questions qu’on lui posera, il trouvera immédiatement des réponses et des situations puisées dans sa propre histoire. Y compris pour décrypter les incidents en rapport avec les mobilités GPL et GNV. Sa vie professionnelle inclut aussi un passage par le monde de la compétition, sous la direction directe de Jean Todt.
 

Un atelier attenant à la salle de cours

Dans la salle de cours, les tables sont disposées en U, permettant au formateur de montrer précisément et facilement à chacun des stagiaires certaines parties des équipements GNV réunis sur une table. On y trouve, par exemple, des pistolets de distribution, des embouts, des vannes, un système anti-arrachement, des tuyaux, etc. Par symétrie, de l’autre côté du bureau, les viennoiseries, gobelets et la cafetière ne sont pas là pour faire de la figuration. Un peu plus loin sont alignés les découpes des quatre types de réservoir qui existent aujourd’hui, depuis le tout acier jusqu’à celui composé de deux parties en matériaux composites.
 
Différentes découpes de réservoirs
 
D’apparence simple, le déroulement du module EFZ8011 n’en est pas moins efficace. Pas de franche rupture entre la partie théorique et la pratique, mais une mise dans le bain progressive. Dès la première demi-journée, entre deux séances à découvrir les différences entre le GPL, le GNC, le GNL, et le bioGNV, les stagiaires habitués à être actifs et debout quasiment toute la journée ont pu se dégourdir les jambes en prenant un premier contact avec l’atelier qui jouxte la salle des cours.
 
Des deux côtés du surpresseur qui permet de contrôler par paliers l’étanchéité d’un circuit GNC, un Iveco Daily en version châssis et une Citroën C3 fonctionnant au gaz. « Il arrive qu’un réseau présente une fuite à 180 bars mais plus à 200 bars », lâche par exemple Gérard Colling en présentant le matériel et les réalisations pratiques qui seront demandées aux stagiaires.

 

Le parcours du gaz

D’autres visites offrent une occasion de quitter les chaises. Ainsi le passage dans le showroom qui aligne dans un parcours à suivre tous les points en rapport avec la mobilité GNV, depuis la méthanisation et son potentiel jusqu’à la distribution. A noter l’éclaté du réservoir GNL : « Cette pièce en forme de haricot sert à réchauffer le gaz. A part le réservoir qui contient du GNV à une température cryogénique pour en stocker davantage et obtenir une autonomie de l’ordre de 1 000 km, l’alimentation et le fonctionnement du moteur sont celui du GNC ».

 
Ces 23 et 24 avril 2024, aucun des participants à la formation n’avait eu l’occasion d’effectuer un plein de gaz ni même de découvrir une station d’avitaillement. C’est pourquoi le passage par celle en plateau pédagogique sur le site de Saint-Etienne-de-Montluc était importante. Aussi bien à l’extérieur qu’en salle de cours, quel que soit l’élément présenté, la sécurité et la réglementation le concernant étaient systématiquement mises en avant par le formateur, conformément à l’objectif du module. A noter que, pour faciliter la prise de notes, chaque participant a reçu un document reprenant tous les visuels à côté desquels écrire quelques commentaires.
 

Mobilité durable

Avant de découvrir le GNV, les véhicules qui fonctionnent avec ce carburant et les stations d’avitaillement, le cours théorique rappelle le contexte dans lequel son usage est intéressant en dépit de la position peu encourageante à ce jour de l’Union européenne. Si les camions, autobus et autocars alimentés au gaz naturel continuent à se développer en France, c’est parce qu’ils sont reconnus comme véhicules à faibles émissions. De même, les voitures sont classées en Crit’Air 1, permettant d’accéder durablement aux zones à faibles émissions.


En balayant les principales caractéristiques physico-chimiques du méthane, Gérard Colling a pointé différentes situations ou mauvaises habitudes qui peuvent devenir dangereuses dans un atelier. Ainsi quand les habitués du GPL portent un détecteur de gaz au niveau des chaussures alors que la molécule CH4, beaucoup plus volatile, s’échappe vers le haut. Autre exemple parmi d’autres qui ont été balayés dans les deux jours, l’emploi du gaz étalon pour vérifier l’étanchéité d’un circuit. Non odorisé au THT, il n’est pas détectable à l’odeur en cas de fuites. Le GNL ne l’est pas davantage, exigeant également des précautions particulières.
 

La vitesse d’une balle de fusil

Puisque GRDF est un des acteurs principaux du développement de la méthanisation, son centre de formation créé à la fin des années 1960 est donc particulièrement bien placé pour parler du bioGNV. Le module EFZ8011 n’omet pas de mettre en avant la filière du biogaz qui justifie pleinement aujourd’hui de profiter d’un écosystème mature pour décarboner la mobilité.


En revenant en salle de cours sur le fonctionnement des stations d’avitaillement, les stagiaires ont reçu des éléments importants concernant la réglementation Atex. Un apport essentiel alors que les ateliers dans lesquels ils interviennent seront certainement soumis à des évolutions qui s’y réfèrent : « Dans un local de tel volume, combien puis-je mettre de véhicules fonctionnant au GNV ? ». Gérard Colling est toujours prêt à adapter le contenu de ses supports à l’environnement particulier des stagiaires. En mettant toujours la sécurité au premier plan : « Ne vous positionnez jamais devant des éléments GNV endommagés ou à démonter, car la haute pression de 200 bars peut les envoyer à la vitesse d’une balle de fusil ».
 

Basse et haute pressions sur les véhicules

Une grosse partie du module EFZ8011 est centrée sur l’architecture, le fonctionnement et les éléments qui composent les circuits basse et haute pressions des véhicules fonctionnant au gaz naturel.
 
Ici l’expérience très étendue du formateur permet d’entendre des conseils et des éclairages particuliers sur certaines situations. Au sujet de l’explosion d’un autobus GNV en Corée : « Le véhicule embarquait dans les soutes des réservoirs en acier avec un entourage en composite. Avec le sel de déneigement, de la corrosion s’était accumulée entre les deux parties ». Cet exemple a servi ensuite à énumérer les agressions susceptibles de fragiliser jusqu’à la rupture les réservoirs de GNC. Mais aussi à expliquer pourquoi il est nécessaire de les retirer de façon sécuritaire des véhicules pour réaliser certaines interventions. Par exemple des travaux de tôlerie. Gérard Colling a prévenu : « Le gaz n’accepte pas la médiocrité. C’est pourquoi il faut bosser bien avec lui ».
 

Après la théorie, les travaux pratiques

Des vannes de sécurité sont passées de stagiaire en stagiaire afin qu’ils découvrent leur fonctionnement, notamment au niveau des systèmes qui permettent de bloquer et/ou de rediriger le gaz en cas de problème, notamment d’incendie. Et ce, afin d’éviter les risques d’explosion.
 
Concernant ces vannes, le formateur a cité un autre problème d’autobus, cette fois survenu en France, à Montbéliard (25) : « Le fusible thermique n’a pas fonctionné ». Après avoir expliqué pourquoi, il a souligné : « La réglementation évolue aussi en fonction des incidents ». La seconde journée était principalement centrée sur les actes de maintenance simples de niveau 1 et 2, sur les réseaux basse et haute pressions.

 
Pour les travaux pratiques en atelier, les stagiaires revêtus de leurs vêtements de protection et antistatiques ont été divisés en deux groupes chargés d’effectuer des diagnostics et de réaliser des bouts de circuit. Le cycle s’est terminé par un quiz d’évaluation et un rapprochement entre les attentes individuelles de départ et l’acquis ressenti au bout des deux jours.
 

4 sessions en 2024

Depuis la Formation, les participants ont reçu des connaissances pour distinguer les différents gaz utilisés dans la mobilité, différencier le GNL du GNC concrètement au niveau des stations et des engins, et identifier les éléments qui composent l’alimentation GNV dans les véhicules y compris au niveau des organes de sécurité. Ils savent aussi faire la différence entre le fonctionnement d’un bloc diesel et d’un moteur au gaz. Avec pour acquis les cadres règlementaires, ils connaissent désormais les contraintes applicables aux stations et véhicules GNV et actes simples de maintenance les concernant.
 
Deux autres sessions sont déjà programmées pour ce module EFZ8011 : 28-29 mai et 18-19 juin. Une autre date est également à venir dans le courant de la présente année 2024. Sans compter celles qui pourraient être ajoutées en cas de demandes supplémentaires. Energy Formation compte deux autres sites en France, respectivement localisés à Lyon (69) et Gennevilliers (92)
 
Gaz-Mobilité et moi-même remercions Energy Formation qui a permis que j’assiste au lancement de son nouveau module. En particulier le formateur, Gérard Colling, et Leah Bolchini, responsable de communication. Un grand merci également aux huit sympathiques stagiaires qui ont accepté ma présence sans difficulté tout en conservant leur grande spontanéité.

Energy Formation
Energy Formation est un organisme de formation aux métiers techniques de la chaîne gazière et aux métiers en lien avec le développement des gaz verts.
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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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1 Commentaire

  1. AlberiPublié le 07/05/2024 à 12:44

    Merci pour cet article très intéressant

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