BioBéarn : comment TotalEnergies a déployé le plus grand méthaniseur de France

BioBéarn : comment TotalEnergies a déployé le plus grand méthaniseur de France
Avec une capacité de production annuelle de biométhane qui atteindra à terme 169 GWh, BioBéarn est la plus grande unité de méthanisation aujourd’hui exploitée en France. Un déploiement sur lequel revient Clément Madier, Directeur Stratégie Innovation et Business Support au sein de TotalEnergies Biogaz France.
 
Alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière la nécessité de renforcer notre souveraineté énergétique, les projets autour de la production de biogaz s’accélèrent. Dans les Pyrénées-Atlantiques, en région Sud-Ouest, l’unité BioBéarn a été ouverte en début d’année. 18ᵉ unité de la Compagnie TotalEnergies dans l’Hexagone, celle-ci est aussi et surtout la plus grande jamais installée en France.
 

Une histoire de déchets de maïs

« C’est une unité qu’on a commencé à développer 2016 avec Fonroche, avant sa reprise par TotalEnergies » se souvient Clément Madier qui, anciennement chez Fonroche, a pris le poste de Directeur Stratégie, Innovation et Business Support au sein de TotalEnergies Biogaz France.
 
Comment en arrive-t-on à développer un projet aussi ambitieux ? « Cela commence toujours par une sollicitation des territoires. En l’occurrence, le projet BioBéarn est partie d’un gisement important de la Seretram qui produit du maïs doux en boite » répond notre interviewé. « L’idée était de réutiliser les déchets qu’ils restent de l'épi de maïs pour produire du biogaz. Comme le gisement était important, environ 50 000 tonnes par an, il nous a fallu mettre en place une unité en adéquation. Le projet BioBéarn est ainsi devenu une référence avec énormément de parties prenantes. La Communauté de communes Lacq Orthez a été une clé de voute. La coopérative Euralis a été un relais important avec les agriculteurs. Au final, c’était le sens de l’histoire de mettre une unité sur une ancienne friche industrielle et un territoire qui a longtemps eu une activité gazière incroyable ».


Le broyat de maïs n’est toutefois pas le seul « moteur » de l’unité de méthanisation de BioBéarn. 200 partenaires, dont énormément d’agriculteurs et d’agro-industriels, gravitent autour du projet pour fournir en continu les intrants indispensables au fonctionnement du site.
 
« Nos unités sont dimensionnées comme des couteaux suisses avec une capacité à gérer des intrants d’aspects et d’origines différents. Cela nous permet d’avoir une certaine souplesse en exploitation. Qu’elles soient liquides ou solides, toutes les matières organiques peuvent intégrer les digesteurs une fois pré-traitées. Pour autant, leur préparation suit un cheminement différent. Les déchets de maïs reçus sont directement broyés, le but étant de casser les fibres pour les rendre assimilables. De l’autre côté, on a une voie d’insertion pour les effluents d’élevage, qui sont reçus à l’intérieur d’une fosse, mais aussi une réception spécifique pour les sous-produits animaux de type déchets d’abattage via une cuve de mélange » liste Clément Madier. « Nous disposons d’un système d’hygiénisation pour éliminer les pathogènes sur les déchets d’origine animale. C’est un atout fort de bio-sécurité incroyable pour une région régulièrement touchée par la grippe aviaire » complète-t-il.  
 
 

Un projet qui associe riverains et acteurs de territoire

Pas question de développer un tel projet sans concertation en amont. « Cela commence toujours par une semaine de présentation et d’échanges en mairie. Dès le développement et avant-même le dépôt du projet auprès des services de l’Etat, nous organisons des échanges avec les riverains, les industriels, les écoles etc…  Nous avons même organisé des visites sur d’autres unités que l’on exploitait déjà. Cela permet de voir à quoi ressemble une unité de méthanisation en fonctionnement pour lever certaines barrières » détaille Clément Madier.
 
 

Un site en adéquation avec les besoins du territoire

Avec une capacité qui pourra atteindre à terme les 200 000 tonnes de déchets revalorisés chaque année, le site de BioBéarn permet de répondre aux besoins du territoire Equipé de trois digesteurs de 9 500 m³ chacun et de dispositifs de stockage tout aussi impressionnants, le site a dû faire appel à certains équipements spécifiques. C’est notamment le cas pour le bâtiment de réception d’une surface de 1200 m².
 
Combien de personnes mobilisées pour gérer un tel site ? « En exploitation, cela se résume à six personnes mais beaucoup d’autres gravitent autour et interviennent au quotidien  (commerce, technique…). Certaines missions sont confiées à des partenaires comme les transporteurs qui assurent la gestion des intrants. Au total, un site comme BioBéarn génère 30 emplois directs et indirects à la fois chez nous et les partenaires » chiffre Clément Madier. Au-delà, BioBearn participe à la pérennisation des activités localement.

 

Une montée en puissance progressive

Dès 2023, le site pourra valoriser 95 000 tonnes de matières organiques, en provenance des activités agricoles et de l’industrie agro-alimentaires (IAA) du territoire, dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres autour de l’unité. De quoi produire 69 GWh de biométhane, soit l’équivalent de la consommation de 14 000 habitants, ainsi que 89 000 tonnes de digestat sur cette première année d’exploitation.
 
« Le biogaz est produit de façon brute dans nos digesteurs et post-digesteurs. Une fois qu’on a ce biogaz, on l’envoie vers l’unité d’épuration pour produire un biométhane dont la composition est similaire au gaz aujourd’hui importé dans les réseaux. Ce biométhane est enfin compressé et poussé dans les réseaux de Teréga en continu, toute l’année » résume le représentant de TotalEnergies.
 
Il faudra patienter environ 3 ans pour que le site atteigne sa pleine capacité de production, soit 160 GWh par an. Pourquoi un tel délai ? « Tout simplement car la méthanisation fonctionne avec des bactéries qui ont besoin de se multiplier de façon progressive ».
 
 

Un biométhane qui décarbone la mobilité

Injecté en continu au sein du réseau Teréga, le biométhane est directement acheté par TotalEnergies Gas & Power, l’une des filiales de TotalEnergies. Via le mécanisme des garanties d’origine, ce gaz vert est ensuite fléché vers différents usages, dont celui de la mobilité.
 
« Chez TotalEnergies, l’ambition est clairement affichée de développer le biogaz sur nos stations mais aussi sur le maritime et le fluvial, notamment dans le cadre du projet Green Deliriver auquel nous sommes associés » rappelle Kenza Biaz, responsable du département Gaz Mobilité & Industrie au sein de TotalEnergies Marketing France. « Dans le secteur privé, plus de 50 % de nos clients optent déjà pour un approvisionnement 100 % bioGNV. A la rentrée, nous introduirons de nouvelles offres autour du bioGNC. Il n’y aura alors plus de possibilité de prendre du GNC 100 % fossile dans nos stations raccordées au réseau de gaz naturel » précise-t-elle.
 

Deux nouveaux sites en France pour 2023

« L’ambition de TotalEnergies est de continuer à développer des unités pour répondre à des besoins similaires. Sur 2023, on a pour projet de lancer deux nouveaux sites en France. Le premier sera situé dans le nord de la France avec une capacité équivalente à celle de BioBéarn.  De plus petite taille, le second sera à nouveau implanté dans le Sud-Ouest » détaille Clément Madier.
 
A l’échelle française, TotalEnergies vise un objectif de 60 unités de méthanisation à horizon 2030 pour une capacité de 5 TWh. A l’échelle mondiale, la compagnie vise 20 TWh au même horizon.



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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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