Ils transforment un Fiat Ducato GNV en camping-car pour un road-trip

Ils transforment un Fiat Ducato GNV en camping-car pour un road-trip
En congé parental depuis décembre 2019 pour un an, le couple Letreguilly a décidé de voyager en France de la façon la plus écolo possible. Après réflexion, les 2 jeunes parents d’un bébé de 6 mois ont choisi le bioGNV comme énergie pour leur mobilité.

Expérience de la mobilité électrique

A Montréal où il était expatrié professionnellement, Arthur Letreguilly circulait à bord de voitures électriques. Une Mitsubishi i-MiEV pour le quotidien, et parfois un modèle de location, comme ce Soul EV pour quelques escapades plus lointaines. C’est donc tout naturellement qu’il s’est d’abord tourné vers les utilitaires électriques pour envisager son road-trip familial en France.

« Je m’étais intéressé au Nissan e-NV200 par exemple. Mais globalement le prix d’achat des utilitaires électriques est trop élevé pour des autonomies modestes », confirme-t-il. « Lecteur de Gaz Mobilité, je me suis alors intéressé au GNV et j’ai parcouru divers forums à la recherche de personnes possédant un van fonctionnant au gaz naturel. Je n’ai rien trouvé. Nous avons donc décidé, ma femme et moi, de transformer nous-mêmes un utilitaire », poursuit-il.

Un ancien de Lyreco

« Après avoir envisagé d’acheter à l’étranger un Ducato GNV car le modèle ne se trouve pas très facilement en France, nous en avons déniché un grâce au site Internet Le Bon Coin. Il avait été récemment acquis, par un plombier, à l’entreprise Lyreco qui exploite une flotte de véhicules au GNV. L’artisan a vite jugé que le véhicule était trop gros pour ses besoins, ne le conservant que 2 mois. Nous sommes allée le chercher à Arras », détaille Arthur Letreguilly. « C’est un modèle L2H2 [NDLR : 11 m3 de volume de chargement, longueur utile de 3,12 m, pour 1,87 m de large et une hauteur de 1,93 m] de 2012. Il avait 107.000 kilomètres au compteur. Son prix d’achat était de 8.900 euros », précise-t-il.

Travaux d’aménagement

« Contrôleur financier, je ne suis pas un manuel. Mon épouse non plus. Heureusement que mon père était là. Il a une entreprise d’aménagement de vans. Son aide a été précieuse pour mener à bien les travaux, notamment pour manier les machines, réaliser les courbures pour l’habillage intérieur et parvenir à des finitions propres », salue Arthur Letreguilly. « Nous sommes passés par le même site d’annonces commerciales pour acheter tout le matériel, neuf. Nous en avons eu pour 3.500 euros en tout », chiffre-t-il.

« A nous 3 nous avons revu l’isolation en employant du chanvre, posé du lambris à l’intérieur, installé l’électricité qui est obtenue de panneaux solaires, monté des toilettes sèches, ajouté un store en ombrière, percé des fenêtres. Découper la carrosserie nous a fait un peu peur, mais nous avons suivi des tutos trouvés sur Internet », reconnaît-il. « Dans notre lit de 140 cm de large, notre bébé dort entre nous deux », ajoute-t-il, avec une certaine tendresse.

Road-trip de 8.000 à 9.000 kilomètres

« Avec le confinement dû à la crise sanitaire du Covid-19, notre projet a pris un peu de retard. Mais notre véhicule est prêt, et nous allons pouvoir en profiter pour réaliser un road-trip d’environ 6 mois », se réjouit Arthur Letreguilly. « Nous pensons parcourir 8.000 ou 9.000 kilomètres. Rien que ces 2 dernières semaines nous avons effectué 1.500 km », estime-t-il. « Nous sommes partis du Nord du Finistère pour rejoindre la frontière espagnole en passant par Crozon, Vannes, Nantes, Bordeaux, les Landes et le Pays basque. Nous venons de remonter en Bretagne, à Rennes, pour une fête de famille. Nous repartirons après pour les Alpes françaises, suisses et italiennes, en passant par Dijon », trace-t-il.

BioGNV

« Pour des raisons écologiques, nous roulerons au maximum au bioGNV. C’est d’ailleurs le cas depuis Vannes. Nous sommes déjà arrivés tout juste à des stations avec seulement quelques kilomètres d’autonomie restante au GNV. Nous souhaitons nous passer du fonctionnement à l’essence. Quand on roule quotidiennement en voiture électrique, on a l’habitude de jongler avec les autonomies », compare Arthur Letreguilly.

« Au biogaz, le Ducato est silencieux et très agréable à conduire. Ses 140 chevaux font oublier le poids supplémentaire causé par l’aménagement en van. Il tient facilement le 130 km/h sur autoroute. Ca change du Volkswagen T4 diesel 70 et quelques chevaux que nous avions avant de partir au Canada et qui plafonnait à 100 km/h. A l’essence, on sent que le comportement du moteur du Fiat est bridé : moins de puissance et une vitesse de pointe bridée à 90 km/h. Le réservoir dédié à ce carburant ne contient que 17 litres, de quoi parcourir pas beaucoup plus de 100 km », rapporte ce passionné d’automobile qui a travaillé pour Renault au Royaume-Uni et Volkswagen en France.

Stations

« Nous trouvons toujours des stations GNV sur notre passage. Elles sont souvent dans des zones improbables au milieu de nulle part, et régulièrement désertes. Nous n’avons donc jamais pu jusqu’à présent discuter en faisant le plein », indique en demi-teinte notre interlocuteur. « Ce serait différent en Allemagne ou en Italie », imagine-t-il. « C’est au premier avitaillement en gaz naturel que j’ai appris comment remplir le réservoir de GNV. Ca ma semblé aussi bizarre que de brancher mon i-MiEV à une borne rapide », juge-t-il. « Rouler au bioGNV est plus économique qu’au gazole », se réjouit-il. « Il n’y a vraiment aucun frein au développement du GNV, y compris pour des véhicules de types van et camping-cars : il faut juste développer davantage les infrastructures dédiées en France », assure-t-il.

Camping ou bivouac

« Nous essayons de trouver des coins sympas pour dormir. Nous prenons nos douches en extérieur, grâce à un réservoir de 30 litres d’eau équipé d’une pompe 12 V. Parfois nous nous arrêtons dans un camping quand nous pensons que c’est nécessaire pour avoir à bord une température satisfaisante pour le bébé », témoigne Arthur Letreguilly. « Nous avions une démarche zéro déchet au Canada. Nous continuons sur cette lancée. Nous nous approvisionnons au passage dans les petits marchés locaux ou allons en Biocoop pour acheter de l’alimentation en vrac », illustre-t-il. « Nous comptons bien conserver environ 5 ans ce Ducato GNV van, au moins jusqu’à l’arrivée du prochain bébé », conclut notre interlocuteur.

Gaz Mobilité et moi-même remercions Arthur Letreguilly pour sa réactivité et sa volonté de témoigner en faveur d’une mobilité bioGNV de loisir.

Partager cette page
Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

A lire également

3 Commentaires

  1. CharybdisPublié le 09/07/2020 à 23:19

    Très belle initiative.
    D’autant plus louable qu’il est rare que dans ce domaine la préoccupation environnementale soit retenue.

  2. Giraud.Publié le 21/07/2020 à 15:55

    Bravo ! à ce monsieur qui va, au bout de ses idées.

  3. NicolasPublié le 20/01/2022 à 19:29

    Bravo, quel beau programme. Je suis également à la recherche d’un fourgon roulant au GNV pour en faire un van aménagé.
    J’ai une petite question qui me trotte dans la tête depuis longtemps : Peut-on alimenter les différents appareils à bord qui marche au gaz avec les réservoirs GNV ?
    Merci encore pour ce partage...

Ajouter un commentaire