Ile-de-France Mobilités : « On fera du biométhane aussi longtemps que possible »

Ile-de-France Mobilités : « On fera du biométhane aussi longtemps que possible »
Autorité en charge des transports en région francilienne, Ile-de-France Mobilités était l’invitée d’un webinaire organisé ce 3 avril par la FNCCR et l’évènement Drive to Zero. L’occasion de revenir sur les avancées du programme « bus propres » mais également sur les difficultés liées au futur règlement CO2 des véhicules lourds.
 
Chez Ile-de-France Mobilités, la transition énergétique ne date pas d’hier. C’est en 2018 que les élus du conseil d’administration ont décidé d’accélérer la sortie du diesel. Objectif : avoir une flotte 100 % propre en 2030 en s’appuyant sur un mix aujourd’hui composé à 70 % de biométhane et à 30 % d’électrique.
 
Autonomie, coûts, fonctionnement ont notamment fait pencher la balance en faveur du biométhane. « Il y a aussi le fait que c’est local. La région Île-de-France, dont nous sommes une émanation, soutient activement la filière de méthanisation » rappelle Jérémy Olivier, Chef du département Transition énergétique et Performance d’exploitation, lors d’un webinaire sur la décarbonation du transport lourd organisé ce mercredi 3 avril par la FNCCR et Drive to Zero.  
 

Une cinquantaine de dépôts équipés

Pour Ile-de-France Mobilités, la première étape du programme a consisté à convertir les dépôts.

« Avant d'avoir les premiers véhicules gaz, on a massivement investi dans les infrastructures. Pour une très grande majorité de nos dépôts, nous avons fait le choix d'avoir des stations privatives. Cela veut dire que les travaux sont plus longs, plus lourds, plus complexes, parce que, dans la majorité des cas, les travaux ont été réalisés en gardant les dépôts sous exploitation » détaille le représentant d’Ile-de-France Mobilités. « Dans à peu près 13 % des cas, nos véhicules iront s'avitailler dans des stations publiques. Cela permet dans des secteurs plus ruraux d'aider des projets de stations publiques à trouver un équilibre économique » précise-t-il.

En menant son programme « tambour battant », Ile-de-France Mobilités annonce avoir déjà converti 50 dépôts bus sur toute la région (électrique + GNV). « 30 sont en cours de chantier sur un total en exploitation d'à peu près 120. Sur ces 120, on en retranche 16 dont les véhicules iront s'approvisionner en stations publiques. Il reste donc très peu de chantier à lancer » précise Jérémy Olivier.


 

Objectif : 50 % de bus propres d’ici à fin 2025

Pour Ile-de-France Mobilités, cette avancée rapide (et indispensable) sur l’infrastructure a permis d’embrayer rapidement sur l’acquisition des véhicules. « Début 2024, on avait déjà 3 000 véhicules propres, dont 2 000 au biométhane. A la fin de l'année 2025, on en aura 5 000, soit à peu près la moitié de notre parc total » chiffre Jérémy Olivier.

Parallèlement à cela, les élus ont récemment voté un nouveau programme pluriannuel visant à acquérir 4 000 véhicules propres sur la période 2025 – 2028 pour un investissement global de 2 milliards d’euros.

L’inquiétude du règlement CO2…

« On a souvent des changements de cap de l'Europe et des autorités nationales. Aujourd'hui, quand on voit arriver le règlement CO2, on est un peu plus inquiets » reconnait Jérémy Olivier qui espère des aménagements au texte et dénonce la position dogmatique de l’Europe.
 
« La transition énergétique, ce n'est pas presser un bouton et dire, j'achète des véhicules au gaz aujourd’hui et je n’en achète plus demain. Cela ne marche pas comme ça parce qu'il y a tout le volet infrastructure » justifie-t-il. « Sur les dépôts qui sont déjà convertis, nous sommes en train de renouveler la flotte, mais nous n’avons pas fini. Sur les dépôts qui sont en chantier et qui vont se terminer entre 2024 et 2026, il faut que l'on planifie nos renouvellements de véhicules. Mais sur les projets d'infrastructures qui eux vont se terminer à la fin de la décennie, il ne faudrait pas qu'on se retrouve avec des dépôts fraîchement convertis, mais des constructeurs qui n'ont plus le droit ou quasiment plus le droit de proposer des véhicules au gaz sur le marché » avertit-il. « Si on devait arrêter tout net et rééquilibrer notre mix énergétique en faveur de l'électrique, on sait que notre programme de transition énergétique irait beaucoup moins vite compte tenu des écarts de coûts d'investissement aussi bien en infrastructures que dans les véhicules ».


 

… et de la norme Euro 7

Au-delà du règlement CO2, la nouvelle norme Euro 7 est une autre source d’inquiétude d’Ile-de-France Mobilités. « L’Europe continue d’appuyer sur l’accélérateur de cette sur-réglementation avec cette norme Euro-7. Elle sera peut-être moins ambitieuse que ce qu'elle devait être au départ, mais on voit que certains constructeurs de véhicules au gaz ne sont pas sûrs d'investir dans le développement nécessaire sur les véhicules Euro7. Ce qui veut dire que dès lors que cette norme serait valable et quand bien même le règlement CO2 autoriserait quelques dérogations sur les véhicules au biométhane, nous ne sommes quand même pas sûr d'avoir des véhicules gaz Euro 7 disponibles sur le marché ».
 

« Si on met tous nos œufs dans le même panier, on ira moins vite »

« L’objectif commun doit être de décarboner vite. Si on met tous nos œufs dans le même panier, et en l'occurrence d'une énergie chère à tout point de vue, on ira moins vite » avertit Jérémy Olivier avant de conclure. « On continue, on poursuit à notre rythme, on fera du gaz aussi longtemps que possible parce qu'on a une vraie foi en cette énergie-là ».
 


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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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2 Commentaires

  1. Christophe Publié le 06/04/2024 à 10:49

    "dénonce la position dogmatique de l’Europe"
    C’est bien le problème. La décarbonation passe en premier lieu par un changement des pratiques bien plus que par un changement du moyen.
    Un bus diesel plein est plus efficace qu’un bus électrique vide avec des voitures électriques pour ceux qui ne sont pas dans le bus. C’est aussi vrai pour la pollution de l’air.
    A croire que les députés européens défendent un mode de vie basé sur la voiture.

  2. AlberiPublié le 09/04/2024 à 14:58

    "dénonce la position dogmatique de l’Europe"
    Ce qui est vrai. L’Europe regarde le zéro-émission carbone du tuyau d’échappement, au lieu de regarder l’émission de carbone sur tout le cycle de vie du véhicule (analyse ACV).
    Et pourtant, c’est seulement l’analyse ACV qui est pertinente ! Un zéro carbone en tuyau d’échappement, si le carbone est émis lors de la production des véhicules avec ses matières premières, cela ne sert à rien !

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