Un site de méthanisation et deux stations bioGNV pour Saint-Malo Agglomération

Un site de méthanisation et deux stations bioGNV pour Saint-Malo Agglomération
Afin de développer sur son territoire la mobilité au bioGNV des collectivités, entreprises et particuliers, Saint-Malo Agglomération et le syndicat d’énergie d’Ille-et-Vilaine vont mener en parallèle la construction d’une unité de méthanisation et de deux stations d’avitaillement. La cérémonie de pose de la première pierre s’est déroulée le 19 octobre dernier.
 
Le plus souvent, la construction d’une unité de méthanisation et celle d’une station de distribution de bioGNV sont clairement détachées. Et ce pour une raison déjà bien simple : les acteurs réunis autour des projets respectifs ne sont pas forcément les mêmes. C’est, par exemple, un groupement d’agriculteurs d’un côté, et de l’autre des collectivités et entreprises publiques. Saint-Malo Agglomération porte une vision beaucoup plus large sur le développement de la mobilité durable, prévoyant même de favoriser par la même occasion la solution hydrogène. Les deux gaz sont pressentis pour alimenter les autobus et bennes à ordures ménagères en circulation autour de la cité corsaire.
 
La clé de voûte qui permet de lancer une boucle vertueuse locale, c’est la station d’épuration qui reçoit les eaux usées des particuliers et professionnels. Elle va se retrouver soulagée de l’évacuation de 2 900 tonnes par an de boues résiduelles, soit 40 % du volume actuel. Le solde continuera à être épandu dans les champs au service de l’agriculture.
 

Intrants

Avant d’être restituées au milieu naturel, les eaux usées subissent une succession de quatre processus dont le dégrillage pour retirer les plus gros déchets constitue le premier maillon. Suit une opération de dessablage et dégraissage. Les graisses alors obtenues seront dirigées vers le digesteur localisé à quelques dizaines de mètres de là.
 
La troisième étape qui intervient dans la station d’épuration est la décantation. Avec elle, ce sont deux nouveaux flux qui vont être orientés vers l’unité de méthanisation : les boues primaires et les boues épaissies. Le traitement des eaux usées s’achève par une phase de clarification au cours de laquelle de nouvelles boues denses vont prendre également le chemin du digesteur. Ce dernier va recevoir en plus des graisses industrielles à valoriser.
 
Pour obtenir un biogaz brut, le tout va être brassé pendant 25 jours dans un milieu privé d’air et à 35° C. Cette température va être maintenue par le jeu des calories contenues dans les eaux usées et d’une pompe à chaleur au besoin. Grâce à une succession de filtrations au charbon actif et membranaire, le produit est débarrassé du sulfure d’hydrogène, du dioxyde de carbone et d’autres impuretés. Après odorisation du gaz pour le rendre détectable, le biométhane est injecté dans le réseau de gaz de Saint-Malo opéré par GRDF.

 

A la charge de l’agglomération

L’enveloppe nécessaire au financement de l’unité de méthanisation qui devrait être mise en service début 2025 a été chiffrée à 11,16 millions d’euros hors taxes, dont 10,8 millions d’euros pour les seuls travaux, en plus de la phase d’études (78 000 euros HT) et de la maîtrise d’œuvre (224 000 euros).
 
Le tout est supporté par l’agglomération grâce à un prêt de 10,5 millions d’euros accordé par la Banque des Territoires, et par le département d’Ille-et-Vilaine qui participe à hauteur de 1,13 million d’euros. Les deux collectivités financent également les 768 000 euros HT de la station privative d’avitaillement située de l’autre côté des quatre cuves d’épuration : 648 000 euros pour Saint-Malo Agglomération et 120 000 euros pour le département.
 
Elle sera intégrée au parking du réseau de transport public local sous la forme de 19 emplacements dédiés à l’avitaillement lent nocturne des autobus. Le site pourrait à terme proposer également des distributeurs d’hydrogène produit de façon vertueuse en Bretagne.
 

Station publique

Egalement marquée ce 19 octobre 2023 par la pose de la première pierre, la station bioGNV publique portée par le SDE35 et sa société d’économie mixte Energ’iV sera située à côté du site dédié aux autobus. De telle sorte qu’elles se retrouvent quasiment alignées dans un même espace avec les cuves d’épuration et l’unité de méthanisation.
 
Mise en service en janvier 2024, cet établissement complètera le réseau de distribution de Bretagne Mobilité GNV35 et sera ouvert aux professionnels comme aux particuliers. Ici l’avitaillement sera bien plus rapide, du même ordre que pour remplir des réservoirs de gazole : environ 2 minutes pour une voiture et une dizaine pour un poids lourd.
 
Le coût estimé pour construire cette station est de 1,64 million d’euros HT, dont 100 000 euros en maîtrise d’œuvre et pré-études.
 

Travail en commun

Le syndicat de l’énergie du département et sa SEM ont travaillé de concert afin de proposer un ensemble opérationnel cohérent dont l’objectif de base est de valoriser les déchets de traitement d’eaux usées en source d’énergie renouvelable.
 
Le programme vise également à réduire de façon très importante les émissions de CO2 des véhicules lourds et légers de l’agglomération et à améliorer la qualité de l’air (moins de polluants et de particules fines). Mais aussi à poser un nouveau pas vers l’indépendance énergétique et à améliorer le confort des usagers et des habitants grâce à une énergie qui rend les engins moins bruyants. En outre la mobilité au bioGNV est compatible avec le développement des zones à faibles émissions dont la première du département sera mise en place à Rennes, c’est-à-dire à environ 70 km de l’agglomération de Saint-Malo.
 
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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