Une feuille de route pour inclure le bioGNV au Green Deal

Une feuille de route pour inclure le bioGNV au Green Deal
Le Green Deal engage 27 pays d’Europe dont la France à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. En matière de transport, l’électromobilité seule permettra-t-elle d’y parvenir ? La réponse est non pour NGVA Europe qui propose une feuille de route cohérente afin de répondre à l’objectif ambitieux du pacte vert européen en incluant le bioGNV.
 

L’électromobilité ne suffira pas

Les filières de la méthanisation et du bioGNV ne cessent de se battre pour que le gaz naturel obtenu de sources renouvelables soit adopté de façon claire par l’Europe afin de parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050. C’est incontournable pour que les constructeurs, plutôt que d’arrêter les modèles GNV comme c’est le cas déjà avec les utilitaires légers et voitures particulières, développent au contraire une gamme toujours plus large et efficiente. La frilosité ambiante n’incite guère à effectuer de coûteuses recherches en solutions pour gagner en efficacité énergétique sur des engins dont on ne connaît pas vraiment le sort que l’UE leur réservera dans quelques années.

Nombre de transporteurs de fret et de voyageurs tiennent le coup, en dépit des tensions sur le marché des énergies, en espérant des décisions fortes des instances européennes. Visant le virage pris trop massivement vers la mobilité électrique, Matthias Maedge, secrétaire général de NGVA Europe, prévient : « La neutralité carbone ne dépend pas d’une certaine technologie, mais bien plutôt de la vitesse d’adoption ».
 

Les carburants gazeux neutres en CO2 sont déjà là

Avec une explosion des transports individuels, en particulier dans les pays qui la découvrent, comme en Chine ou en Inde, les efforts des nations européennes pour modérer les émissions de CO2 sont quasiment invisibles.

« Le secteur des transports n’a jusqu’à présent pas réduit ses émissions de CO2 depuis 1990 », alerte Timm Kehler, président de NGVA Europe. Il est persuadé que « le Green Deal échouera sans une adoption plus rapide des carburants gazeux renouvelables et neutres en CO2 ». Matthias Maedge lui emboîte le pas, espérant lui aussi une implication forte et pleinement visible des décideurs politiques : « Les camions fonctionnant au gaz s’attaquent au problème du CO2 maintenant, pas demain. Notre industrie est prête à accélérer le déploiement du bioGNL et du bioGNC ».

Ils s’expriment alors que la Commission européenne présentera prochainement sa proposition pour réviser les contraintes en émissions de CO2 des poids lourds. De nouveaux objectifs pour 2035/2040 vont être décidés. Un meilleur rôle pourrait être attribué aux carburants de sources renouvelables. Il serait dommageable que l’UE retarde encore plus une conversion facile et rapide de véhicules particulièrement émissifs.


 

La feuille de route très claire de NGVA

Puisque l’Europe semble toujours peiner à trouver une feuille de route ambitieuse pour la mobilité au biogaz, NGVA en propose une à point nommé. Le taux de biométhane dans le GNV serait de 55 % d'ici à 2030, puis de 75 % à échéance 2040, avant de parvenir au 100 % pour 2050. C’est simple, c’est clair, et ça prend moins de 150 caractères pour l’écrire en comptant les espaces entre les mots.

Des transporteurs roulent déjà aujourd’hui intégralement au biogaz, selon leur niveau d’engagement et la disponibilité de stations d’avitaillement à proximité et sur leurs parcours. L’association fondée en 2008 pour représenter la filière du GNV a calculé qu’en 2050 il faudrait, afin de tenir son scénario, viser une production de l’ordre de 15 milliards de mètres cubes de biométhane. Autrement dit, la demande serait de 154 térawattheures, contre 421 TWh d’autres énergies fournies pour alimenter la flotte européenne des poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Ce serait alors 18 % de ces derniers qui rouleraient au biogaz. À ce niveau, 42 millions de tonnes de CO2 ne seraient plus relâchées dans l’atmosphère par an.

 

10 % du volume de biométhane disponible en 2050

Ces 15 milliards de mètres cubes de biométhane chiffrés par NGVA Europe seront-ils au rendez-vous en 2050. Secrétaire générale de l’Association européenne du biogaz, Giulia Cancian en est persuadée : « Le biométhane est la solution de gaz renouvelable la plus compétitive et la plus facilement disponible, et notre chaîne de valeur est prête à fournir un vaste potentiel de biométhane durable atteignant 151 milliards de m3 par an d'ici à 2050 ».

La part mobilisable pour l’alimentation des poids lourds ne représenterait donc qu’environ 10 % de ce volume, le reste étant affecté à la décarbonation d’autres secteurs, dont l’industrie. Pour rappel, « les poids lourds qui transportent de lourdes charges sur de longues distances représentent 25 % de la flotte européenne, mais sont responsables de 75 % de ses émissions de CO2 ». C’est pourquoi le passage au bioGNV de ces véhicules est particulièrement intéressant, avec des stations d’avitaillement déjà largement opérationnelles le long des principaux corridors de transport.


 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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