Groupe Blondel : « Le bioGNV demeure une énergie incontournable pour la décennie à venir »

Acteur majeur du transport et de la logistique, le Groupe BLONDEL porte depuis longtemps une ambition forte en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Avec Jérôme Juteau, Directeur Général de l'entreprise, Gaz-Mobilité revient sur la stratégie de décarbonation du groupe où le bioGNV partage sa place avec d’autres solutions de mobilité décarbonée.
 

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Quelle est l’activité de BLONDEL ?

Jérome Juteau : Le Groupe BLONDEL réalise un chiffre d'affaires de 380 millions d'euros et emploie 3 500 collaborateurs dans quatre secteurs : le transport, notre métier historique, la logistique, l’industrie et le e-commerce. Nous possédons 42 sites en France ainsi qu’en Afrique du Nord et au Canada.

Nous avons lancé une démarche RSE dans toutes nos filiales il y a plusieurs années, axée sur un fort aspect environnemental. Le groupe est très engagé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ces efforts sont motivés par une volonté intrinsèque de l’entreprise, pas par contrainte. Nous avons toujours été à la pointe des questions de décarbonation auprès de nos clients, ce qui constitue un avantage concurrentiel significatif.

 

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Quelle a été la stratégie de l’entreprise pour décarboner votre activité ?

J.J. : Au départ, notre démarche a été impulsée par nos clients, notamment dans les secteurs du luxe, de l'aéronautique et de la grande distribution. Cela a débuté il y a dix ans avec l’introduction de véhicules GNC de première génération pour la distribution régionale. À notre grande surprise, cela a très bien fonctionné ! Aujourd'hui, nous comptons plus de 200 véhicules GNC en France et GNL pour les trajets vers l’Europe de l'Est, l’Allemagne et la Belgique.

Nous avons également intégré le B100 et le HVO à notre flotte, que nous utilisons couramment pour certains clients. En parallèle, nous avons commandé une dizaine de véhicules électriques à batterie, tout en attendant que la technologie de l’hydrogène soit plus mature. Le Groupe BLONDEL a donc expérimenté toutes les solutions énergétiques, connait bien leurs usages et leurs avantages.
 

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Quelle est la part du GNV dans la flotte de BLONDEL ?

J.J. : Notre parc se compose de 1200 véhicules, dont 200 fonctionnent au GNV, ce qui représente 16 % de la flotte. La majorité de ces véhicules roulent actuellement au gaz naturel comprimé. Il faut noter une croissance significative dans l’acquisition de véhicules décarbonés : 100 % de nos nouveaux achats sont soit en biogaz, soit en HVO ou en B100. Le bioGNV demeure une énergie incontournable pour la décennie à venir, grâce à sa fiabilité et à son coût maîtrisé au kilomètre. Il y a même un marché de seconde main qui commence à se développer, c’est formidable.
 

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Comment se déroule la maintenance des poids lourds chez BLONDEL ?

J.J. : Avec l'augmentation de notre flotte, ce sujet est devenu crucial pour l’équilibre économique de cette énergie. Nous avons décidé d’investir dans notre autonomie de maintenance, en équipant nos ateliers internes pour la maintenance des véhicules gaz, en particulier GNL. Cet investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros nous permet d’assurer les sécurités obligatoires et de réduire les dépenses de maintenance externe. Cela va nous aider à maîtriser nos coûts et à garantir un service fiable pour nos clients.


 

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Quels sont les plus gros défis qui vous empêchent (ou empêchent vos confrères) de généraliser l’adoption du bioGNV ?

J.J. : Je dirais que c’est avant tout l’incertitude actuelle qui règne sur le marché du transport, ralenti par un contexte politique instable, qui rend difficile les investissements à long terme. Il y a aussi un manque de clarté concernant les énergies viables et industrielles de demain.

On entend beaucoup parler de l’électrique, mais il va falloir du temps avant que le marché soit capable de produire assez de véhicules pour renouveler toutes les flottes. Le gaz présente de nombreux avantages, nous sommes convaincus de son utilité, mais il manque une vision claire pour avancer sereinement.
 

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Estimez-vous que le prix de la molécule et le maillage des stations pourraient être un frein ?

J.J. : Au début de la guerre en Ukraine, nous avons effectivement observé une envolée des coûts d'énergie qui a mis à mal le gaz auprès des chargeurs et des transporteurs. Aujourd'hui, les coûts sont redevenus stables, comparables à ceux du gazole, voire plus avantageux, donc ce n’est plus un sujet bloquant pour nous. Nous disposons d'un très bon maillage de stations de gaz sur la totalité des trajets, ce qui ne pose pas de problème d’approvisionnement.

Le Groupe BLONDEL utilise aussi deux stations publiques internes, construites en partenariat avec Air Liquide, à Crépy-en-Valois et à Saint-Quentin, pour l’approvisionnement de nos poids lourds en biométhane.

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Pour BLONDEL, l’avenir repose donc sur le mix énergétique ?

J.J. : Tout à fait. Nous attendons l'arrivée de 10 véhicules électriques, qui nous permettront de mieux comprendre cette technologie et d'amorcer notre transition. Le Groupe continue d'investir dans le gaz, car nos clients, qui ont déjà testé cette option, lui font confiance, et nous aussi. Nous leur offrons une solution clé en main pour décarboner 86 % de leur chaine d’approvisionnement grâce au biométhane, ce n’est pas négligeable. Nous prévoyons d’ailleurs d'acquérir plus de 100 véhicules dans les deux prochaines années, tout en continuant à proposer différentes technologies adaptées à divers usages.