KEON : « La mobilité bioGNV est très importante pour nous »

KEON : « La mobilité bioGNV est très importante pour nous »
Pionnier français de la méthanisation, le groupe KEON multiplie les projets d’injection de biométhane en France et à l’international. Fort d’un nouveau financement de 40 millions d’euros, l’entreprise entend accélérer la cadence et mise sur l’arrivée de l’IRICC pour développer de nouveaux projets, notamment dans le cadre des BPA.

Créée en 2005, la société KEON s’est lancée au tout début de l’aventure biométhane en France. « À l’époque, hormis un méthaniseur agricole qui était un pilote, il n'y avait absolument rien ! ». Les premiers développements datent plutôt de 2009-2010 » se souvient Aurélien Lugardon, co-fondateur et président du groupe.

Après des débuts dans l’ingénierie-conception, le groupe s’est progressivement étendu aux activités d’exploitation et de maintenance de sites de méthanisation. Aujourd’hui, l’entreprise est présente sur toute la chaîne de valeur, du développement à la production. Un positionnement structuré autour de plusieurs activités complémentaires : ingénierie et construction (Naskeo), exploitation (Sycomore), approvisionnement (Teikei) et développement/investissement (Ter’Green).

Aujourd’hui fort de 140 salariés et d’un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros avec une croissance annuelle de l’ordre de 20 %, KEON mise sur un ancrage territorial fort. « Systématiquement, on a le monde agricole comme partenaire du projet, et souvent comme coactionnaire. Plus de la moitié des intrants utilisés proviennent de partenaires agricoles » note le patron de KEON.

Un modèle partenarial qui se décline aussi dans les nouveaux métiers. Avec Capcoo, KEON développe une nouvelle activité de valorisation du CO₂ biogénique. « Il y a beaucoup de demandes pour du CO₂ biogénique. On pense que la filière méthanisation a un rôle important à jouer » souligne notre interlocuteur.

Aurélien Lugardon, fondateur et Président du groupe KEON

Une production de 300 GWh/an

« Depuis 20 ans, on a construit un peu plus d'une centaine de sites, uniquement en injection » chiffre Aurélien Lugardon. « Actuellement, nous sommes à environ 300 GWh par an de production sur les sites en service. Ça va passer à 400 dès la fin de cette année. Nos perspectives de croissance sont particulièrement fortes. D'ici trois ans, on ambitionne de multiplier cette production par quatre environ » complète-t-il.

En matière de développement, la guerre en Ukraine a joué un rôle de catalyseur pour la filière, après une période compliquée. « Il y a eu deux phases » résume Aurélien Lugardon. « La période post-COVID a été très difficile pour la filière biogaz parce qu'on a eu, comme dans toutes les énergies renouvelables, une inflation des coûts. Nous n’arrivions plus à trouver un équilibre économique pour nos projets. Cette sorte de trou d’air a duré deux - trois ans. Nous la payons encore aujourd’hui puisque les projets qui n'ont pas été générés à cette époque-là ne sont pas construits en ce moment. ».

Mais la donne a changé depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, qui a entrainé une mobilisation inédite pour soutenir le biogaz, levier de souveraineté pour contrer l’arrêt des importations de gaz russe. « Depuis le conflit ukrainien et certains ajustements en termes de tarifs d'achat qui ont eu lieu en 2023, il y a un regain d'intérêt pour le biométhane en France » souligne le Président de KEON. Le cap fixé par Bruxelles avec le plan Repower EU donne également le ton à toute la filière : « La Commission européenne veut multiplier par 10 la production de biométhane d'ici 2030, c'est un gros challenge. Cela donne de l’attraction au marché en France, mais aussi en Europe d'une façon plus générale ».

Un nouveau financement pour booster la production

Pour accompagner son développement, KEON a sécurisé un financement obligataire de 40 millions d’euros auprès de Sienna Investment Managers. « C’est une dette obligataire qu'on tirera au fur et à mesure de nos besoins pendant les trois prochaines années. »

Le groupe mise aussi sur ses implantations internationales, qui concentrent environ un tiers du nouveau financement. Le groupe compte déjà une joint-venture au Québec et des projets en Allemagne. « En Allemagne, on est plutôt sur des rachats de sites existants, et au Canada, sur du greenfield  (projets en phase d’émergence, ndlr)» résume Aurélien Lugardon. Le groupe lorgne également d’autres marchés. C’est notamment le cas de l’Espagne où le potentiel de développement de la filière est particulièrement fort.

L’IRICC, un nouveau moteur pour le biométhane

Si KEON n’a pas d’activité directe liée à la mobilité bioGNV, l’entreprise reste très attentive aux évolutions de la filière. « La mobilité est très importante pour nous », insiste Aurélien Lugardon. « En Allemagne, c'est elle qui drive le marché. »

Dans l’Hexagone, l’IRICC, destiné à succéder à l’actuelle TIRUERT, est perçue comme un levier stratégique. Même si le dispositif reste en consultation à l’heure actuelle, KEON anticipe déjà ses effets potentiels. « En France, il est possible que cette partie mobilité IRICC soit à l'origine d'un certain nombre de projets de notre portefeuille » imagine Aurélien Lugardon qui cite notamment le levier des Biométhanes Purchase Agreement (BPA). « En France, il n'y aura pas de BPA tant que l'IRICC ne sera pas concrète » estime-t-il.

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