Interview INTERVIEW

Lyon : une station multi-énergies vertes avec la CNR et GNVert

Quai des énergies : c'est le nom donné à cette station-service, gérée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Pleinement opérationnelle au début 2021 au plus tard, elle constitue une interface entre la ville de Lyon et le port Edouard Herriot. Elle proposera des bornes de recharge pour véhicules électriques à batterie, et des distributeurs en hydrogène et bioGNC.

Quai des énergies : c’est le nom donné à cette station-service, gérée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Pleinement opérationnelle au début 2021 au plus tard, elle constitue une interface entre la ville de Lyon et le port Edouard Herriot. Elle proposera des bornes de recharge pour véhicules électriques à batterie, et des distributeurs en hydrogène et bioGNC.
 

Prolongement du projet HyWay

La station multi-énergies vertes Quai des énergies est un maillon important dans un vaste programme qui vise d’abord à développer la filière hydrogène. Et ceci dans un écosystème complet qui permettra d’employer ce produit à la fois pour le stockage des énergies renouvelables intermittentes, l’émergence d’une mobilité (voie fluviale, rail, route) plus vertueuse pour l’environnement, et l’approvisionnement de l’industrie. Comme point de départ, le programme HyWay lancé dans sa première phase en avril 2014 et qui s’est traduit sur le terrain par la création de 2 stations d’avitaillement H2, l’une à Grenoble (38), et l’autre à Lyon (69).

« En capacité de délivrer chacune 40 kg de gaz par jour, elles étaient dimensionnées pour alimenter au départ des flottes respectives de 20 Renault Kangoo électriques équipés de prolongateur d’autonomie H2 par Symbio », commente Frédéric Storck, directeur Transition énergétique et Innovation à la CNR.
 

Station Quai des énergies

Programmée sur la période 2016-2019, la seconde phase du projet HyWay comprenait la mise en service d’une station « définitive », avenue Tony Garnier, à Lyon, conformément au projet Quai des énergies. « Implantée dans le secteur du port de Lyon, à proximité du périphérique et de l’autoroute A7, elle comptera 3 voies en parallèle abritées par un auvent, respectivement pour la recharge électrique, la distribution d’hydrogène et l’avitaillement en gaz naturel comprimé », détaille Frédéric Storck.

« Pour la recharge des voitures électriques, nous allons déplacer une de nos bornes rapides 50 kW et installer un chargeur ultrarapide 350 kW en complément. GNVert, filiale d’Engie Cofely, se chargera des distributeurs bioGNV (bioGNC), le biogaz local, garanti par des certificats d’origine, proviendra des boues des stations d’épuration et de la méthanisation des déchets agricoles. La capacité en hydrogène sera portée à 80 kg, notre station remplaçant le point de livraison qui existe actuellement à proximité », poursuit-il.
 

Opérationnelle début 2021 au plus tard

« L’électricité verte qui alimentera le futur établissement proviendra de la proche centrale hydroélectrique de Pierre-Bénite. Véritable interface entre le port et la ville de Lyon, la station Quai des énergies devrait être pleinement opérationnelle début 2021 au plus tard. La distribution de l’hydrogène vert interviendrait après celles de l’électricité et du gaz naturel comprimé disponibles prochainement », explique le directeur Transition énergétique et Innovation à la CNR. Il précise : « Il ne nous appartient pas d’imposer l’une ou l’autre des énergies nouvelles ». D’où la distribution d’électricité, de GNC et d’hydrogène sur un seul site.

« Ouvert au public, l’établissement est idéalement placé pour les transporteurs qui effectuent des livraisons dans les zones à faibles émissions », fait-il remarquer. Notre interlocuteur associe la station Quai des énergies au projet d’Hôtel de logistique urbaine qui devrait se concrétiser fin 2021. « Des terrains seront loués à des entreprises qui exploiteront des véhicules à énergies alternatives pour leurs activités », commente Frédéric Storck. Il souligne qu’il « s’agit aussi de réduire le nombre de camions et d’utilitaires en mouvement, en maximisant le taux de remplissage à l’aller comme au retour ».
 

Besoin de stockage en énergie

Aménageur des territoires traversés par le Rhône, la CNR est aussi le premier producteur français d’électricité 100% renouvelable (hydraulique, solaire). Ce qui explique ses projets et actions pour développer le stockage de l’électricité produite par les sources vertes intermittentes. Le choix de l’hydrogène a été fait à ce sujet, avec la possibilité, jusqu’à une certaine hauteur qui sera vite atteinte, d’injecter dans le réseau de gaz la production obtenue par électrolyse. Une solution qui n’est pas extensible à l’infini et motive la CNR à trouver des possibilités d’exploitation du produit.

« Dans notre réflexion sur le stockage de l’énergie, nous nous sommes dit : ‘Intéressons-nous à la mobilité et aux besoins en hydrogène de l’industrie’ », illustre Frédéric Storck. Une démarche qui facilite les scénarios de stockage et a mené à la création de la station Quai des énergies.
 

Le GNV en transition ?

 « L’hydrogène est une bonne solution pour des flottes soumises à de fortes rotations », estime Frédéric Storck. Parmi les exploitations qu’il entrevoit : les taxis, les bus, les navires de fret qui empruntent le Rhône et la Saône sur le territoire de la CNR, les trains express régionaux. Toutefois il reconnaît que le « bioGNV est une alternative vertueuse au gazole pour alimenter les poids lourds », en particulier parce que « la solution hydrogène est encore chère aujourd’hui ». Il avance : « Les transporteurs peuvent déjà rouler plus propre avec le gaz naturel, puis passer à l’hydrogène dans quelques années, quand les coûts seront meilleurs ».

Avec un renouvellement des camions effectué en cycles de 4-5 ans, un choix temporaire pour une énergie est possible, avec un éventuel changement d’orientation quand des offres matures concurrentes seront disponibles pour les différentes énergies. En revanche, au sujet de la navigation fluviale, le dirigeant de la CNR plaide pour un passage direct à l’hydrogène, afin de ne pas avoir à précipiter le changement d’une motorisation qui intervient d’ordinaire souvent au bout d’une vingtaine d’années.
 
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Frédéric Storck pour sa disponibilité et la précision de ses propos.
 


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