Mattheeuws Transport : le passage au GNV est un business case écologique

Mattheeuws Transport : le passage au GNV est un business case écologique
Le transporteur belge Mattheeuws Transport est l’un des pionniers du déploiement du gaz naturel pour véhicules en Belgique dans le secteur du transport de marchandises. 40% de ses camions fonctionnent au GNL, et ce nombre augmente chaque année. Fondateur et PDG du groupe, Eric Mattheeuws partage avec Gaz-Mobilite son retour d’expérience.
 
Quel type de marchandises transportez-vous, et dans quelles régions ?
 
Eric Mattheeuws : Mattheeuws Transport est un groupe de plusieurs sociétés. Transport Denecker transporte des produits en vrac en Belgique, dans le nord de la France et aux Pays-Bas. Mattheeuws se spécialise davantage dans le transport de déchets et rebuts de métaux ainsi que des objets de valeurs (nouvelles technologies, boissons alcoolisées), notamment au Royaume-Uni et en Allemagne.
 
Quelle est la dimension du parc GNV de Mattheeuws Transport ?
 
E. M. : Sur nos 200 camions bennes et citernes, 80 fonctionnent aujourd’hui au gaz naturel liquéfié (GNL). Certains sont 100% gaz et d’autres sont bicarburants. D’ici la fin de l’année, 20 nouveaux véhicules GNL vont arriver chez nous, et nous remplaçons chaque année 25 camions gazole par leur équivalent au gaz naturel.
 
Pourquoi avoir choisi le gaz naturel pour véhicules ?
 
E. M. : Pour nous, le passage au GNV est à la fois un business case écologique, car notre société a toujours eu une sensibilité environnementale, et un business case économique, car le GNL ne coûte pas cher. En Belgique, nous avons la chance de recevoir des aides et subsides qui nous permettent d’absorber le surcoût à l’achat des véhicules.
 
Mais il est vrai que c’est un investissement à long terme, car cette année, pour la première fois depuis l’achat des premiers camions en 2012, nous sommes rentables ! Mattheeuws Transport est une entreprise familiale, et il nous tient à cœur d’exercer notre métier en respectant la planète, pour que nos petits-enfants aient la chance de vivre dans un monde meilleur.

 
Le GNV a-t-il été bien accueilli par vos clients ?
 
E. M. : Beaucoup de nos clients sont de grosses entreprises cotées en Bourse, et pour eux, c’est le coût qui prime. Aucun d’entre eux n’a voulu absorber le surcoût que représentait la transition vers le gaz naturel, alors Mattheeuws l’a assumé. Et au même prix qu’un transport au gazole, de nombreux clients préfèrent effectivement notre solution, plus écologique, qui leur permet en plus d’être en avance sur les réglementations qui commencent à arriver dans les grandes villes.
 
Êtes-vous satisfait des performances des véhicules GNV de votre flotte ?
 
E. M. : Aujourd’hui, oui. Cela a été un long parcours avec beaucoup de recherche & développement, d’essais avec différents constructeurs, mais nous sommes contents de notre partenariat avec Volvo. Ils proposent des camions très performants et soutiennent les transporteurs. Le concessionnaire dont nous dépendons donne des cours aux mécaniciens de notre garage, qui sont devenus des experts du gaz, ce qui est très important pour l’autonomie et la productivité de notre entreprise.

 
Quels seraient les freins à lever pour que l’adoption du GNV se généralise dans la profession ?
 
E. M. : Le principal problème que les transporteurs rencontrent, c’est le surcoût. Pourtant, des aides existent dans de nombreux pays, mais les dossiers administratifs qu’on nous demande pour les obtenir ont de quoi décourager ! Les transporteurs sont des gens de terrain, et la plupart n’ont pas un service administratif pour se charger de faire les demandes. Il faudrait que les démarches soient moins lourdes, car même avec une conscience écologique, la transition est difficile. Aussi, les réglementations des pays sont toutes différentes, mais certains sont plus souples que d’autres, comme l’Allemagne, qui ne pratique pas de taxe kilométrique. Si les autres pays européens s’alignaient, de nombreux transporteurs profiteraient de ces économies pour sauter le pas du gaz naturel. C’est la responsabilité de chacun de créer le monde de demain !
 
Quels-sont les projets de Mattheeuws Transport en termes de GNV pour les prochaines années ?
 
E.M. : Pour le moment, nous allons continuer d’acquérir 25 nouveaux camions par an, mais nous aimerions pouvoir doubler ce nombre et, à terme, avoir une flotte 100% verte. Par ailleurs, en plus de notre activité de transporteurs, nous sommes aussi ravitailleurs, avec une station à Veurne (Flandres), ouverte en 2014 en partenariat avec Fluxys et une autre en construction à Mons (Wallonie).

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Adeline ADELSKI Adeline ADELSKI
Journaliste
Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine.

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