A Villeneuve d'Ascq, cette boulangerie livre au biogaz

Le Fournil Bio fabrique et livre des pains biologiques depuis 1995. Son fondateur, Florent Leroy, nous raconte son engagement à 360° envers une agriculture, une production et une livraison responsables. Cela passe en partie par le GNV, une technologie qui pourrait toutefois être améliorée, notamment en matière de ravitaillement.

Quelle est l’activité du Fournil Bio ?

Florent Leroy : Nous sommes une entreprise de 35 salariés située à Villeneuve d’Ascq, à 10 minutes de Lille. Nous produisons et livrons du pain biologique dans les magasins d’alimentation bio, les collectivités et les entreprises pour la restauration collective, et en boutiques. Aujourd’hui, nous avons 83 points de livraison dans la métropole lilloise, un stand Fournil Bio sous la halle de Wazemmes à Lille et un magasin/coffee shop appelé Hepi dans le quartier St Maurice.

Quels engagements environnementaux avez-vous pris lors de la création et le développement du Fournil Bio ?

F.L. : Tout est 100 % bio, de la farine au levain, et provient majoritairement d’agriculteurs locaux. Les céréales viennent des Hauts-de-France, de Normandie ou d’Île-de-France, et toutes les matières premières sont françaises. Sur notre fournil en bois, nous avons installé des panneaux solaires qui nous permettent de produire 10 % de l’énergie que nous consommons.

Par ailleurs, pour fabriquer un levain de haute qualité selon le savoir-faire ancestral, nous avons un système de filtration d’eau par osmose inversée, respectueux de l’environnement. Les livraisons s’effectuent en partie par camion alimenté au gaz naturel, les emballages sont 100 % compostables à domicile ; et pour éviter le gaspillage, nous avons noué des partenariats avec des associations locales qui récupèrent les invendus.

Pourquoi avoir fait le choix du GNV pour vos livraisons ?

F.L. : Les sujets de logistique sont très importants chez nous. Il y a longtemps, j’ai voulu challenger notre prestataire de livraison car cela me paraissait important de limiter notre impact environnemental. Nous avions alors une camionnette roulant au diesel, et notre prestataire nous a proposé le gaz naturel comprimé au moment du renouvellement. On s’est lancés, mais ce n’est pas très concluant, car nous rencontrons de gros problèmes d’approvisionnement.

Pourquoi ces difficultés d’approvisionnement en gaz naturel ?

F.L. : À mon avis, au fait que le sujet n’est pas porté par une politique forte. Pour alimenter notre IVECO Daily, deux stations existent à proximité de notre fournil : une TotalEnergies, et une ENGIE Solutions. Chez TotalEnergies, la carte ne passe pas, et la seconde station est souvent en panne, parfois même pendant trois jours d’affilée. Nos chauffeurs sont donc obligés de se déplacer avec des jerricanes (le Daily dispose aussi d'un petit réservoir essence de 14 litres ndlr)… Ce qui est triste, c’est que le modèle est vertueux…

Avez-vous d’autres véhicules au gaz que le Daily IVECO GNC ?

F.L. : Notre second camion nécessitant un hayon, il n’était pas possible de prendre un modèle GNV, nous avons donc un véhicule diesel. Mais nous étudions d’autres possibilités, comme l’électrique, pour pouvoir entrer dans la future ZFE de Lille et rester cohérents sur notre ligne écoresponsable.

Pensez-vous qu’il est compliqué pour les artisans et commerçants d’opter pour un transport au gaz naturel ?

F.L. : Ça ne devrait pas, mais ça l’est. Personne ne nous parle de cette technologie, personne ne s’y intéresse. J’ai vraiment l’impression d’être tout seul. Le prix pourrait en rebuter certains, mais cela ne me dérange pas de payer le carburant plus cher s’il est meilleur pour l’environnement. En revanche, il nous faut des infrastructures, des véhicules adaptés. Pour tout vous dire, en ce moment, j’envisage les livraisons à vélo !