Faire le plein d'un camion GNL : procédures, risques et sécurité

Faire le plein d'un camion GNL : procédures, risques et sécurité
Faire le plein du réservoir des véhicules alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL) demande d’adopter de nouvelles habitudes et de nouveaux réflexes lorsque l’on n’a connu essentiellement que les pompes délivrant du gazole. Certains acteurs de la distribution du GNL et des constructeurs de poids lourds équipés pour ce carburant, diffusent des plaquettes à destination des chauffeurs et ont même cherché à rendre obligatoire, - sans y parvenir en France -, une formation ouvrant sur une autorisation d’utiliser le réseau de ravitaillement.

SOMMAIRE


 

Tous les carburants sont concernés

Fumer, utiliser un téléphone portable, laisser le moteur du véhicule tourner sont des actions interdites lorsqu’il s’agit de faire le plein des réservoirs des voitures ou poids lourds. C’est le cas pour se ravitailler en essence et gazole, et ça l’est encore davantage lorsqu’il s’agit d’utiliser des produits inodores et devenus invisibles lorsqu’ils sont ou reviennent à l’état gazeux. Il suffit d’observer le comportement des usagers de la route lorsqu’ils tiennent le pistolet en main dans une station-service, pour se persuader qu’il n’est pas inutile d’insister parfois lourdement sur le volet sécurité.
 

Indétectable ?

GPL, GNL et hydrogène sont en théorie des gaz inodores et incolores. Le GPL peut parfois avoir une odeur soufrée avant qu’on lui incorpore un produit pour l’identifier en cas de fuite. Le gaz naturel qui arrive à la maison, ainsi que le propane et le butane des bouteilles reçoivent également un additif en ce sens.
 
Fera-t-on subir le même traitement à l’hydrogène et au GNL ? Le carburant GNV comprimé (GNC) issu du réseau de distribution publique est quant à lui odorisé et détectable en cas de fuite, ce qui rend plus aisé les mesures de précautions et de sécurité.
 
Aujourd’hui, les acteurs de ces filières communiquent sur la difficulté de repérer les gaz inodores en cas de fuite. Le GNL, est visible sous une forme qui rappelle une vapeur d’eau dense avant de retrouver son état gazeux. Mais cette présentation est trompeuse : car il dégage « des fumées (givre de condensation) » lors du remplissage du réservoir au niveau de la tuyauterie et, sous le camion-citerne, lors de la livraison du GNL dans les stations. Ceci, du fait que le GNL est maintenu à -161° C. Ce n’est donc pas du gaz naturel qui s’échappe, mais de la condensation comme celle que l’on observe en ouvrant une porte de congélateur. Les équipements et connectiques sont parfaitement étanches et font l’objet de contrôles rigoureux.
 

Fuites et incendies

Le GNL n’est pas corrosif, toxique, ni ne s’enflamme… lorsqu’il est concentré à 100% et bien dans son état liquide. Mais redevenu gazeux, en proportion de 5 à 15% dans l’air ambiant d’un espace confiné, avec une étincelle : Boum !
 
De même, le risque d’asphyxie est bien réel, par éviction de l’oxygène. Dans leurs documents, les distributeurs de GNL expliquent la conduite à tenir en cas de fuite de gaz ou d’incendie, appelant les usagers à bien repérer lors de leur première visite dans une station l’interphone de service, les extincteurs, et, en particulier, le dispositif (bouton) d’arrêt d’urgence.
 
Après avoir activé ce dernier s’il y a lieu, il s’agit d’avertir du danger les autres personnes présentes sur le site, de se diriger vers un lieu sécurisé à une trentaine de mètres au moins, à l’opposé du sens du vent pour ne pas risquer d’être au sein d’une poche de gaz, et d’appeler les secours puis le numéro de service qui figure sur le panneau d’information. Ne surtout pas démarrer ou déplacer des véhicules lorsque l’on suspecte une fuite de gaz.
 

Détection automatique

Ces informations peuvent effrayer, mais elles sont là pour adopter un comportement responsable et efficace en cas de problème, et non pour signifier que le GNL serait plus dangereux que l’essence, par exemple.
 
En plein été, lorsque l’on fait le plein en SP95, par exemple, les gaz qui s’échappent avec force du réservoir pose des problèmes de sécurité similaires. Les sites de ravitaillement en GNL sont équipés de systèmes de détection des fuites de gaz et d’incendie. Une alarme sonore se déclenchera s’ils enregistrent une anomalie pour laquelle ils sont programmés, et la station sera mise à l’arrêt d’urgence automatiquement. Appeler les secours et le numéro de service resterait cependant d’actualité pour rendre plus évidentes les actions à mener ensuite par les personnes ayant la légitimité de le faire.
 
Un incendie avec du GNL ne s’éteint pas avec de l’eau, mais avec des extincteurs à poudre sèche de type B ou C. Il est toutefois déconseillé d’intervenir aux personnes qui n’ont pas été spécifiquement formées pour ce genre de sinistre.


 

Equipements obligatoires

Faire le plein d’un réservoir en GNL nécessite de revêtir quelques équipements de sécurité, les EPI, Equipements de Protection Individuelle : des gants cryogéniques, des vêtements longs (manches et pantalon longs), des chaussures fermées, et un écran facial de préférence à des lunettes de protection.
 
Pourquoi ? En premier lieu pour prévenir les brûlures et les risques de congélation dus aux très basses températures en présence de la cryogénie -160 ° C). Un danger qu’il ne faut surtout pas négliger ! Car il suffit de poser un doigt ou une autre partie du corps non protégée sur une canalisation pour qu’elle se « soude » au métal. En arrêtant l’alimentation du réservoir, la température remonterait et permettrait la libération naturelle de la peau, qu’il est possible de faire accélérer avec de l’eau légèrement tiède. Ensuite, la partie meurtrie doit être rapidement passée sous l’eau tiédie au moins une quinzaine de minutes.
 

Faire le plein en GNL

Maintenant que les informations à connaître pour se préparer à faire le plein du réservoir et avoir les bons réflexes dans les situations d’urgence ont été listées, il est temps de s’intéresser aux étapes propres au remplissage.

Ce sont presque une quinzaine de séquences dont il est impératif de respecter l’enchaînement. Une seule dépend du scénario monétique en vigueur et indiqué sur place : l’insertion de la carte de paiement. En premier lieu, le véhicule doit être intégralement mis à l’arrêt sur une espace dédié au remplissage et matérialisé au sol. Après avoir vérifié sur son afficheur la disponibilité de la borne de distribution, le bon geste à avoir est de raccorder le câble de terre de la borne à l’endroit prévu sur le réservoir ou à une pièce métallique non peinte de sa suspension. Cette opération vise à éliminer un potentiel arc électrique. Elle était aussi nécessaire en ravitaillant une voiture à hydrogène.

Avant de commencer le remplissage

Encore quelques actions à effectuer avant de commencer le remplissage. Il est ainsi nécessaire de s’assurer que la pression dans le réservoir du véhicule autorise l’ajout de GNL.
 
L’étanchéité étant primordiale, il convient, après avoir retiré les divers bouchons et embouts de protection, de procéder au nettoyage rapide (chiffon, pistolet à air comprimé) de 4 raccords. Deux du côté du véhicule : orifice de remplissage, et collecteur à baïonnette de retour de vapeur. Et les 2 connecteurs qui correspondent, au bout de 2 flexibles respectifs solidaires de la borne. Puis l’on raccorde ces derniers aux « prises » sur le réservoir, dont l’orifice de remplissage, pour lequel les systèmes de verrouillage (vissage ou clenches à pousser) rappellent ceux des distributeurs de GPL.
 

Remplissage du réservoir GNL

Le remplissage du réservoir s’effectue en appuyant sur un bouton qui arrête le débit dès qu’on le relâche. Là encore, le dispositif rappelle celui monté sur les pompes de GPL. Autre similitude, l’arrêt automatique du remplissage dès qu’une certaine pression est atteinte dans le réservoir. Une mise en sécurité de la station, automatique ou provoquée par quelqu’un, aurait également pour effet de stopper l’opération.
 
Il est alors possible de débrancher les 2 flexibles, et de nettoyer à nouveau les 4 raccords, avant de remettre les bouchons et embouts de protection. On enlève également la prise de terre qui avait été raccordée au réservoir et que l’on repose sur la borne. Un dernier petit tour vers cette dernière pour finaliser le paiement et récupérer le justificatif.

 

Formation - Autorisation

Dans son document diffusé dès le début de l’année 2016, la Plateforme GNL nationale évoque une formation des chauffeurs qui sont amenés à faire le plein en gaz naturel liquéfié, celle-ci étant validée par la remise d’une autorisation de ravitaillement en GNL.
 
Cette dernière serait valable 1 an et renouvelable après une piqure de rappel de formation. L’autorisation serait retirée immédiatement ou après 3 avertissements. Parmi les fautes recensées : confier sa carte de carburant à un autre chauffeur, fumer en faisant le plein, bloquer le bouton de remplissage, oublier de débrancher du camion un des équipements raccordés à la borne, etc. Ce scénario, n’est cependant pas applicable à la France.
 
Même si elle apparaît nécessaire aux yeux de nombreux acteurs de la filière et d’utilisateurs des stations GNL, comment les employeurs percevraient-ils l’obligation de payer pour une formation qui vise à faire le plein de carburant ?

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