Comment le parachutisme amène à promouvoir le bioGNV

Comment le parachutisme amène à promouvoir le bioGNV
Méthanisation, crédit carbone, et mobilité au biogaz n’ont plus beaucoup de secrets pour Théophyle Mini. Cet adepte du parachutisme espère pouvoir convertir assez rapidement au bioGNV les avions légers. En attendant, il s’essaye sur des Renault 4, en préparation du prochain 4L Trophy.
 
Il existe différents profils d’interviewés. Avec certaines personnes, quand vous pensez avoir fait le tour d’un sujet, vous vous apercevez qu’un pont s’établit naturellement vers un autre encore plus vaste. Théophyle Mini est ainsi, livrant précisément les informations les plus importantes. Et puis vous posez une question supplémentaire. Comme une goutte d’huile dans de l’eau, ou un sous-menu numérique, une nouvelle zone apparaît en un clin d’œil avec de nouvelles richesses à découvrir. Ingénieur spécialisé en agro-écologie et en agriculture biologique, notre interlocuteur est aujourd’hui chef de projet compensation carbone chez Carbonapp, opérateur indépendant installé à Rennes (35).

« Carbonapp est en relation avec des financeurs ouverts au mécénat carbone. Il s’agit de compenser l’empreinte climatique en soutenant des opérations de réduction d’émissions via le label Bas-Carbone (LBC) développé par le ministère de la Transition écologique. Parmi les actions concrètes, la séquestration carbone à travers les forêts, l’agriculture et les bâtiments », lance Théophyle Mini.

Roulant depuis 4 ans avec une Piat Punto fonctionnant au GNV, notre interlocuteur a pas mal évolué autour de la méthanisation avant de rejoindre Carbonapp en mars dernier. « J’ai réalisé mon mémoire de fin d’études quand j’étais chez France Biogaz. J’ai pris l’habitude de calculer des externalités positives et d’élaborer des bilans carbone. J’ai aussi eu envie d’apprendre sur le terrain. C’est pourquoi j’ai pris des jobs d’été comme celui qui m’a amené près de Poitiers, 2 fois, à la SCEA La Baie des Champs. Je suis tombé dans la méthanisation comme ça », commente-t-il. Un pont avec le parachutisme Parmi les centres d’intérêt de Théophyle Mini : le parachutisme. « Je me suis demandé comment décarboner ce sport. Par personne et pour chaque saut, c’est 3 à 5 litres de kérosène qui sont consommés, sachant qu’un avion peut transporter une quinzaine de parachutistes », pose-t-il.

« Entre nous, nous avons d’abord pensé à un avion électrique. Et pourquoi pas en convertir un au bioGNV. Ne m’y connaissant pas trop en mécanique, il m’a semblé préférable de m’intéresser d’abord aux voitures. L’idée est ainsi née de transformer des 4L et de participer au 4L Trophy », détaille-t-il. « Je souhaitais trouver une fourgonnette spacieuse avec peu de kilomètres au compteur. J’ai réussi à dégoter une R4 F6 vitrée avec pas plus de 70 000 km réels. Symboliquement, la voiture a même passé ce seuil le jour où elle a été convertie à la bicarburation », s’enthousiasme-t-il encore.
 

30 000 km pour compenser l’empreinte carbone

« J’ai calculé qu’il ne faudrait pas plus de 30 000 km à rouler au bioGNV pour compenser l’empreinte carbone de la 4L sur son cycle de vie. Ce qui comprend bien sûr sa fabrication, sa conversion et les 70 000 km parcourus jusque-là à l’essence », chiffre Théophyle Mini. « Beaucoup d’études ACV [NDLR : Analyse du cycle de vie] sont erronées. A ce jour, c’est l’INRA qui fournit les informations les plus fiables à ce sujet », certifie-t-il. « Je me suis aussi intéressé à l’empreinte carbone de notre participation au rallye à travers le Maroc. Je compte déposer à chaque étape des micro-méthaniseurs en poche souple, dans lesquels les populations locales pourront ensuite y verser par exemple les déjections de chameaux, les restes des repas et de l’huile de friture usagée. En ajoutant des panneaux solaires, les riverains disposeront ainsi de sources d’énergies renouvelables », a-t-il planifié.
 
« Le potentiel de réchauffement du méthane est 86 fois plus élevé que celui du CO2 sur une durée de 20 ans. En suivant notre scénario de participation au rallye, il y a un double effet. D’abord supprimer l’utilisation de l’essence à profit du bioGNC, mais aussi mettre en place des puits de carbone avec les micro-méthaniseurs. Notre bilan carbone sera d’autant plus négatif en évitant que soit lâchées dans l’atmosphère des quantités de méthane », assure Théophyle Mini. « En convertissant une ancienne voiture, nous évitons sa destruction, mais aussi la construction d’un modèle neuf », précise-t-il. « C’est pourquoi un petit groupe dont je fais partie a créé l’association 4LTerre’Native. A travers elle, nous comptons inciter les propriétaires de ce modèle de voiture à les convertir au bioGNV. Ce qui leur permettra d’obtenir la classification Crit’Air1 et de rouler dans les zones à faibles émissions », révèle notre interlocuteur.
 

4LTerre’Native et l’opération Biogaz4Life

L’objectif affiché de 4LTerre’Native est « de promouvoir et développer la mobilité verte, l’économie circulaire et la transition énergétique et agro-écologique ». La participation au 4L Trophy est pour l’association un moyen de trouver une vitrine afin de montrer que la conversion au bioGNV des voitures anciennes est réalisable à grande échelle. Et ce, tout en assurant la promotion de la méthanisation agricole.

Théophyle Mini connaît bien ce rôle qu’il a déjà joué à travers l’association Vienne Agri Métha créée par la chambre d’agriculture du département. Il conseillait alors les exploitants du territoire avec, parmi ses objectifs, celui de favoriser l’émergence de nouveaux projets. Mise en place à travers 4LTerre’Native, l’opération Biogaz4Life vise à « démocratiser le rétrofit des voitures polluantes pour les convertir au bioGNC ».


 

Un ULM au biogaz pour 2022

Qualifier Théophyle Mini de doux rêveur serait une erreur. Avant de communiquer plus largement sur ses projets, il a attendu que soient mis en place plusieurs points repères. La conversion déjà réalisée de sa 4L F6 en est un. Nous allons la détailler dans un prochain article spécifique.

Là où l’influence de notre interlocuteur et de ses compagnons commence à devenir palpable, c’est lorsque le chef étoilé Thierry Marx entre dans la boucle. Une de ses écoles de cuisine produira sur son toit des herbes aromatiques avec du digestat obtenu de la méthanisation. Ce coproduit sera livré dans des bidons de 20 litres acheminés dans des 4L converties au bioGNV. Théophyle Mini a prévu de convertir au biogaz en 2022 un ULM. Une nouvelle porte s’ouvrira alors vers le rétrofit des avions légers pour les loisirs, le largage des parachutistes et le vol remorqué des planeurs.
 
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Théophyle Mini pour son témoignage que nous allons prolonger dans un article spécifique à la conversion de sa Renault 4L F6. Attendez-vous à de nouvelles informations surprenantes !
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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