Interview : Les autobus bioGNV vont continuer à se développer dans l'agglo de Saint-Brieuc (22)
Avec 3 premiers bus articulés reçus l’été dernier, le bioGNV s’installe durablement chez Baie d’Armor Transports. Cette structure est en charge du réseau Tub sur le territoire de l’agglomération de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor. Discussion avec Yves Le Chanu.
Après sept ans à se mobiliser pour le service public des transports à Metz, Yves Le Chanu a repris en 2015 les rênes de l’opérateur de mobilité Baie d’Armor Transports, retrouvant ainsi sa ville natale. Cette année-là a aussi quelque chose de symbolique pour Iveco. Elle correspond aux toutes premières livraisons de son nouveau modèle de l’époque, l’Urbanway diesel articulé 18 mètres, justement à Saint-Brieuc, sur la ligne A.
La collectivité a apprécié les véhicules lourds du constructeur italien, puisque les trois bus fonctionnant au bioGNV reçus l’été dernier sont des Urbanway 18 : « Ils s’appuient sur une motorisation de type mild-hybride. Leur arrivée fait suite à une stratégie de décarbonation de l’agglomération lancée en 2019. Nous en recevrons trois autres l’année prochaine, et quatre en 2025, pour un total de dix véhicules. Ensuite, le parc qui compte aujourd’hui 72 autobus dont 19 articulés sera progressivement renouvelé avec des modèles bioGNV ».
Le tracé des bus à haut niveau de service épouse en grande partie celui de la ligne A : « Elle dessert en grande proportion les emplois, les écoles, l’université, la gare et deux quartiers en renouvellement urbain. Avec un bus toutes les 10 minutes, la ligne actuelle transporte 8 500 voyageurs par jour. Ils devraient demain dépasser les 10 000 ».
L’avenir des autobus H2 à Saint-Brieuc n’est cependant pas encore confirmé : « Nous sommes dans l’attente d’une réponse qui doit intervenir en mars 2024 dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt. Elle fera suite au dépôt d’un dossier pour le développement d’une filière d’hydrogène vert dans l’agglomération briochine. Si le territoire n’était pas lauréat, nous abandonnerions l’hydrogène et basculerions vers le bioGNV ou l’électrique à batterie ».
Les partenaires vont devoir aussi se mettre à la mobilité décarbonés : « Nous avons 20 à 23 bus en sous-traitance en une quarantaine d’autocars. Au prochain renouvellement des marchés, en 2025, on verra ce que les transporteurs proposeront. Transdev, par exemple, a introduit les autobus bioGNV à Dinan et gère des lignes d’autocars bioGNV entre Rennes et le centre Bretagne. Il y a de fortes chances que cet opérateur souhaite passer au gaz avec Baie d’Armor Transports ». Et pour Mobitub ? « Pour ce service destiné aux personnes à mobilité réduite, nous travaillons avec la Scop Titi Floris. Il y a actuellement une réflexion en interne pour un changement d’énergie sur leurs minibus en faveur du gaz ou de l’électrique ».
La station de distribution du bioGNV installée à près du dépôt d’autobus est de nature à pousser l’agglomération à adopter ce carburant : « Des élus sont pour, d’autres contre. Pour l’instant nous n’avons accès qu’à une recharge rapide. Ce qui impose de mobiliser un agent de conduite que l’on dédie à cette opération, à raison de 20 minutes par véhicule pour effectuer le plein des réservoirs. Avec trois autobus, ça passe, mais on ne pourrait pas le faire avec une flotte plus importante ».
Cette recharge lente pour les autobus bioGNV de Baie d’Armor Transports est en cours d’étude actuellement : « Nous sommes en train de finaliser l’AMO [NDLR : Assistance à maîtrise d’ouvrage] pour les équipements en profitant de l’AMO de la station du SDE 22. Nous sommes aussi sur l’AMO pour adapter notre atelier au bioGNV et à l’hydrogène. Ainsi pour gérer les ouvrants et la détection pour les deux gaz. Une passerelle de visite va être installée en toiture. L’atelier sera aussi compatible avec les véhicules électriques ».
Aujourd’hui, Baie d’Armor Transports travaille sur un programme d’urgence concernant la distribution du biogaz pour ses autobus : « Il nous faut déjà un minimum de 10 points de recharge lente sur le parc des articulés, avec une extension pour une quinzaine. Nous allons créer une voie pour 20 autobus standard en plus. Ensuite, nous pourrons plugger des modules complémentaires en fonction de la montée en puissance du biogaz chez nous. Une telle architecture devrait être suffisante jusqu’en 2028-2032 ».
Notre interlocuteur y voit aussi du simplisme : « On regarde ce qui sort du pot d’échappement sans chercher plus loin. Ce qui défavorise nettement le biométhane. C’est la logique politique de l’Europe. Mais je veux garder espoir, car c’est une cause juste ».
Concernant les investissements récents, en cours ou prochains au sujet de la mobilité bioGNV chez Baie d’Armor Transports, il reste serein : « Un autobus, on le garde 20 à 25 ans. Ce qui laisse le temps d’amortir les installations qui seront souvent communes avec les autres énergies. S’il le fallait, nous accélèrerions le passage au gaz de notre flotte avant de ne plus avoir droit d’acheter des bus thermiques. Les craintes portent sur les constructeurs, car ils ont besoin de clients pour continuer à produire des modèles fonctionnant au bioGNV.
Heureusement, leurs moteurs sont conçus aussi pour les camions ». Il y a également la question du coût : « Adopter le bioGNV est aujourd’hui moins coûteux que de basculer à l’électrique. C’est aussi tout un écosystème intéressant. Laissons les systèmes rendre l’électrique et l’hydrogène acceptables avec le temps en espérant que l’Europe finisse par accepter le bioGNV ».
Après sept ans à se mobiliser pour le service public des transports à Metz, Yves Le Chanu a repris en 2015 les rênes de l’opérateur de mobilité Baie d’Armor Transports, retrouvant ainsi sa ville natale. Cette année-là a aussi quelque chose de symbolique pour Iveco. Elle correspond aux toutes premières livraisons de son nouveau modèle de l’époque, l’Urbanway diesel articulé 18 mètres, justement à Saint-Brieuc, sur la ligne A.
La collectivité a apprécié les véhicules lourds du constructeur italien, puisque les trois bus fonctionnant au bioGNV reçus l’été dernier sont des Urbanway 18 : « Ils s’appuient sur une motorisation de type mild-hybride. Leur arrivée fait suite à une stratégie de décarbonation de l’agglomération lancée en 2019. Nous en recevrons trois autres l’année prochaine, et quatre en 2025, pour un total de dix véhicules. Ensuite, le parc qui compte aujourd’hui 72 autobus dont 19 articulés sera progressivement renouvelé avec des modèles bioGNV ».
Bus à haut niveau de service
La première ligne de bus à haut niveau de service devrait être ouverte à Saint-Brieuc dans son intégralité en 2026 et recevoir à terme des modèles fonctionnant à l’hydrogène. « En attendant leur arrivée, ce sont les 10 autobus articulés au bioGNV qui seront exploités ici. Ils basculeront sur la deuxième ligne du réseau quand les modèles à H2 seront livrés. La station de distribution d’hydrogène sera auparavant amorcée, dès 2027, avec quatre bus 12 mètres » explique Yves Le Chanu.Le tracé des bus à haut niveau de service épouse en grande partie celui de la ligne A : « Elle dessert en grande proportion les emplois, les écoles, l’université, la gare et deux quartiers en renouvellement urbain. Avec un bus toutes les 10 minutes, la ligne actuelle transporte 8 500 voyageurs par jour. Ils devraient demain dépasser les 10 000 ».
L’avenir des autobus H2 à Saint-Brieuc n’est cependant pas encore confirmé : « Nous sommes dans l’attente d’une réponse qui doit intervenir en mars 2024 dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt. Elle fera suite au dépôt d’un dossier pour le développement d’une filière d’hydrogène vert dans l’agglomération briochine. Si le territoire n’était pas lauréat, nous abandonnerions l’hydrogène et basculerions vers le bioGNV ou l’électrique à batterie ».
L’électrique d’abord écarté
« A l’origine, il était question d’autobus électriques. Mais à l’époque, l’autonomie était encore trop juste. Il fallait en outre une forte puissance pour la recharge. L’hypothèse n’est toutefois pas complètement abandonnée. On en parle depuis 2018 ou 2017 pour des minibus en navette dans le centre-ville », expose Yves Le Chanu. En charge de la mobilité pour l’agglomération de Saint-Brieuc, Blandine Claessens est une élue écologiste : « Elle souhaite un mix énergétique vertueux. C’est pourquoi elle est opposée aux biocarburants, en raison des terres agricoles qui sont mobilisées pour cela, et vers lesquels l’un de nos sous-traitant se dirige actuellement. Elle fait une importante différence avec la méthanisation qui s’appuie sur les cultures intermédiaires ».Les partenaires vont devoir aussi se mettre à la mobilité décarbonés : « Nous avons 20 à 23 bus en sous-traitance en une quarantaine d’autocars. Au prochain renouvellement des marchés, en 2025, on verra ce que les transporteurs proposeront. Transdev, par exemple, a introduit les autobus bioGNV à Dinan et gère des lignes d’autocars bioGNV entre Rennes et le centre Bretagne. Il y a de fortes chances que cet opérateur souhaite passer au gaz avec Baie d’Armor Transports ». Et pour Mobitub ? « Pour ce service destiné aux personnes à mobilité réduite, nous travaillons avec la Scop Titi Floris. Il y a actuellement une réflexion en interne pour un changement d’énergie sur leurs minibus en faveur du gaz ou de l’électrique ».
Le choix du bioGNV
C’est du bioGNV qui alimente déjà les trois premiers autobus de l’agglomération de Saint-Brieuc : « Aujourd’hui c’est à travers des certificats de garantie que nous achetons auprès des syndicats d’énergie. La station publique d’avitaillement est à côté de notre dépôt. L’installation d’épuration de la collectivité est capable de fournir suffisamment d’effluents pour faire fonctionner une vingtaine d’autobus. Prochainement une unité exploitant la biomasse va ouvrir à proximité, à Ploufragan ».La station de distribution du bioGNV installée à près du dépôt d’autobus est de nature à pousser l’agglomération à adopter ce carburant : « Des élus sont pour, d’autres contre. Pour l’instant nous n’avons accès qu’à une recharge rapide. Ce qui impose de mobiliser un agent de conduite que l’on dédie à cette opération, à raison de 20 minutes par véhicule pour effectuer le plein des réservoirs. Avec trois autobus, ça passe, mais on ne pourrait pas le faire avec une flotte plus importante ».
Une situation idéale pour la recharge lente
Yves Le Chanu espère bénéficier de la recharge lente : « Du fait de la proximité avec la station d’avitaillement, il y a juste à tirer un tuyau en direct vers notre dépôt. Ce qui nous affranchit d’une compression chez nous. L’intérêt d’une telle architecture est commun, puisque le remplissage des réservoirs s’effectuera de nuit, alors qu’il n’y a pas trop de passage. La recharge lente évite de tirer sur les tampons. Avec nous, la station de Bretagne Mobilité GNV gagnera un client. Comme nous sommes une SPL [NDLR : Société publique locale], ce serait un peu comme travailler en famille ». Pour précision, Bretagne Mobilité GNV est porté par les quatre syndicats d’énergie bretons à travers leurs sociétés d’économie mixte.Cette recharge lente pour les autobus bioGNV de Baie d’Armor Transports est en cours d’étude actuellement : « Nous sommes en train de finaliser l’AMO [NDLR : Assistance à maîtrise d’ouvrage] pour les équipements en profitant de l’AMO de la station du SDE 22. Nous sommes aussi sur l’AMO pour adapter notre atelier au bioGNV et à l’hydrogène. Ainsi pour gérer les ouvrants et la détection pour les deux gaz. Une passerelle de visite va être installée en toiture. L’atelier sera aussi compatible avec les véhicules électriques ».
Profiter de l’arrivée du photovoltaïque sur place
Pour des véhicules électriques, on comprendrait tout de suite l’intérêt d’une centrale solaire sur place. Mais pour des autobus roulant au bioGNV, qu’elle pourrait en être l’utilité ? « Il y a un projet de couvrir 3 hectares sur les 4,5 des parkings des bus et du personnel avec des panneaux photovoltaïques. C’est le syndicat d’énergie des Côtes-d’Armor qui gèrerait cette installation. On s’appuierait sur la structure des ombrières pour faire passer en aérien nos tuyaux pour la recharge lente. Ce qui éviterait de devoir creuser des tranchées ».Aujourd’hui, Baie d’Armor Transports travaille sur un programme d’urgence concernant la distribution du biogaz pour ses autobus : « Il nous faut déjà un minimum de 10 points de recharge lente sur le parc des articulés, avec une extension pour une quinzaine. Nous allons créer une voie pour 20 autobus standard en plus. Ensuite, nous pourrons plugger des modules complémentaires en fonction de la montée en puissance du biogaz chez nous. Une telle architecture devrait être suffisante jusqu’en 2028-2032 ».
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Une station bioGNV pour les bus de Lorient
Une station bioGNV pour les bus de Lorient
L’Europe et le bioGNV
Comme tout professionnel qui a en charge des véhicules fonctionnant au bioGNV, Yves Le Chanu a son idée sur la position de l’UE concernant ce carburant : « La position de l’Europe au sujet du règlement CO2 des poids lourds est inquiétante, injuste, et je dirais même de l’ordre de l’incompétence. Pourtant la directive RED place le biométhane comme plus vertueux que l’électrique et l’hydrogène du fait du captage du CO2 ».Notre interlocuteur y voit aussi du simplisme : « On regarde ce qui sort du pot d’échappement sans chercher plus loin. Ce qui défavorise nettement le biométhane. C’est la logique politique de l’Europe. Mais je veux garder espoir, car c’est une cause juste ».
Concernant les investissements récents, en cours ou prochains au sujet de la mobilité bioGNV chez Baie d’Armor Transports, il reste serein : « Un autobus, on le garde 20 à 25 ans. Ce qui laisse le temps d’amortir les installations qui seront souvent communes avec les autres énergies. S’il le fallait, nous accélèrerions le passage au gaz de notre flotte avant de ne plus avoir droit d’acheter des bus thermiques. Les craintes portent sur les constructeurs, car ils ont besoin de clients pour continuer à produire des modèles fonctionnant au bioGNV.
Heureusement, leurs moteurs sont conçus aussi pour les camions ». Il y a également la question du coût : « Adopter le bioGNV est aujourd’hui moins coûteux que de basculer à l’électrique. C’est aussi tout un écosystème intéressant. Laissons les systèmes rendre l’électrique et l’hydrogène acceptables avec le temps en espérant que l’Europe finisse par accepter le bioGNV ».
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