Interview : comment Bourges a converti ses bus au gaz naturel

Interview : comment Bourges a converti ses bus au gaz naturel
Bus Mercedes Citaro GNV hybride en circulation à Bourges
A Bourges, le premier bus fonctionnant au GNV est arrivé au début des années 2000. La flotte s’est enrichie depuis, et la conversion progresse encore.
 
Filiale du groupe RATP, la Société des transports urbains de Bourges, ou STU Bourges, compte dans sa flotte 63 véhicules qui assurent un service de transport sur 20 lignes régulières, dont 15 pour la semaine. Dans ce parc, 31 autobus fonctionnent au gaz naturel. Ce sont tous des modèles standard de 12 mètres de long.
 
« Le GNV représente 56 % des 55 bus de ce format », souligne Ludovic Guignard, responsable du marketing pour la STU Bourges. Le site Internet de la ville rappelle : « En 2000, le réseau de Bourges fut l’un des premiers à mettre en avant une politique de véhicules ‘propres’ en faisant l’acquisition de bus roulant au gaz naturel véhicules ». Notre interlocuteur commente : « Les bus GNV sont vraiment ancrés dans notre ADN et dans la culture locale ».
 

Depuis 2003

« Le plus ancien bus fonctionnant au GNV à Bourges et encore en service date de 2003. Il arrive en fin de vie. Du fait d’une durée d’utilisation de 20 ans des bouteilles, il ne pourra pas circuler au-delà de 2023 », explique Ludovic Guignard. Et remplacer ces réservoirs ? « A ces âges, les bus ont souvent accumulés 800 000 kilomètres au compteur. Ils embarquent pas mal de pièces d’usure qu’il faudrait remplacer. Et même avec ça, il resterait sur d’anciennes normes de pollution », répond-il. « Les nouveaux modèles émettent moins de polluants et de particules. Surtout avec l’architecture hybride que nous privilégions aujourd’hui. C’est mieux pour nous, comme pour la collectivité, de remplacer un bus aussi ancien », insiste-t-il.
 
« La collectivité qui finance le transport sur le territoire souhaite éliminer tous les bus diesel à terme. Nous avons présenté les différentes possibilités d’énergies alternatives. L’électrique convient aux navettes de 19 places au maximum. Le GNV devrait se généraliser pour les bus de formats standard et articulé », détaille-t-il. « Tout sera défini dans le cahier des charges qui est actuellement en cours de rédaction. La collectivité est consciente des coûts. Elle espère des réponses convaincantes à l’appel d’offres », complète-t-il.

 

Hybride GNV

 « En 2019, Bourges a été la première ville de France et une des premières en Europe à exploiter un bus hybride GNV. Au-delà de l’aspect environnemental, ils ne sont pas différents à conduire, mais ils sont plus silencieux et plus confortables », rapporte Ludovic Guignard.

« Aujourd’hui, tout bus GNV qui sort de notre flotte est remplacé par un modèle hybride GNV. Nous en comptons 7 aujourd’hui », met-il en avant. « Chaque emplacement dans le garage des bus compte une perche d’avitaillement. Pour les conducteurs, le GNV est plus pratique, parce qu’il n’y a pas de détour à effectuer pour faire le plein des réservoirs. Il leur suffit juste de brancher la perche en descendant du véhicule », schématise-t-il.

 

Une station qui va devoir évoluer

« Si nous devons aujourd’hui remplacer un bus diesel, ce sera par un autre bus diesel. Et ce, en raison de la saturation de la station d’avitaillement mise à disposition par la collectivité. Elle compte 31 perches d’avitaillement lent, c’est-à-dire autant que de bus GNV en circulation sur le réseau, et une rapide régulièrement utilisée par un autocar de la STI Centre », explique Ludovic Guignard. « La station va devoir être réorganisée. Peut-être faudra-t-il l’agrandir. Nous sommes actuellement en cours de discussion sur le sujet avec les différents prestataires concernés » précise-t-il.
 
« Disposant d’une autonomie similaire à celle d’un modèle diesel, les bus GNV n’ont besoin d’être ravitaillés en gaz naturel que tous les 2 ou 3 jours », précise-t-il. « Il y a aussi une réflexion sur l’emploi du bioGNV pour diminuer encore l’empreinte carbone. Deux unités de méthanisation sont localisées autour de Bourges, à Plaimpied-Givaudins et à Marmagne, qui exploitent les déchets agricoles pour produire du biogaz », ajoute-t-il.



 

En quête de nouveaux constructeurs

C’est Mercedes qui a fourni les Citaro GNV hybride. « Deux marques sont présentes dans notre flotte de bus GNV : Heuliez et Mercedes. Mais ce dernier arrête les modèles alimentés au gaz naturel. Nous sommes donc à la recherche d’un nouveau constructeur. Nous ne souhaitons pas multiplier les marques. Notre idée serait de ne travailler qu’avec une seule », expose Ludovic Guignard.
 
Un choix qui peut en particulier se comprendre pour faciliter la tâche des équipes de maintenance. « Tous nos bus sont entretenus dans notre atelier qui emploie 9 personnes. Ils sont tous formés pour intervenir sur les modèles fonctionnant au gazole et au gaz naturel. Leurs compétences sont mises à niveau en fonction de l’évolution des normes », assure-t-il. « Pour remplacer Mercedes, nous sommes en discussion avec plusieurs constructeurs actuellement. Ainsi Iveco, Man et Scania », liste-t-il.
 

Une vraie dynamique

Avec une exploitation du GNV depuis une vingtaine d’années, STU Bourges a forcément inspiré d’autres collectivités. « Pour ne citer que celles qui travaillent avec RATP Dev, Angers, La Roche-sur-Yon et Boulogne-sur-Mer sont venues visiter nos installations », énumère Ludovic Guignard. « Par ailleurs, plusieurs plateformes logistiques sont implantées autour de Bourges, desservant les grandes enseignes. Elles incitent les transporteurs de leurs marchandises à adopter les énergies alternatives. Il y a une vrai dynamique sur la techno GNV aujourd’hui », conclut notre interlocuteur.
 
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Ludovic Guignard pour sa disponibilité et le temps pris à répondre à nos questions.

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