Comment Tryon Environnement transforme les biodéchets en bioGNV pour faire rouler ses camions de collecte

Comment Tryon Environnement transforme les biodéchets en bioGNV pour faire rouler ses camions de collecte
Visuel : Tryon Environnement
La généralisation du tri à la source fait émerger de nouveaux besoins en matière de traitement local des biodéchets. Tryon Environnement a choisi d’y répondre avec un modèle intégrant collecte, micro-méthanisation urbaine et production de biogaz. Dans ses unités Modul’O, les biodéchets deviennent une énergie réinjectée sur le réseau… Mais aussi le carburant des bennes à ordures ménagères (BOM) qui assurent la collecte. Une boucle courte, à la fois cohérente sur le plan opérationnel et pertinente économiquement, que détaille Aurélie Bouquet, Responsable Communication & Marketing.

Quelle est la mission de Tryon Environnement ?

Aurélie Bouquet : Nous collectons les biodéchets alimentaires et nous les valorisons dans nos propres unités de micro-méthanisation, appelées Modul’O. C’est un service complet : nous assurons la collecte, la production de biogaz et le retour au sol du digestat. Tout est pensé en circuits courts. Il n’y a aucun sens à expédier les déchets à l’autre bout de la France quand on peut les traiter localement et réinjecter l’énergie produite sur le territoire.

 Aurélie Bouquet, Responsable Communication & Marketing au sein de Tryon Environnement

Votre innovation Modul’O est au cœur de ce modèle de micro-méthanisation urbaine. Qu’apporte-t-elle au tissu local ?

A.B. : Modul’O est une unité très compacte, ce qui nous permet de l’implanter en zone périurbaine, à proximité directe des producteurs de biodéchets alimentaires. Une unité traite environ 10 000 tonnes par an, soit l’équivalent de la production d’une agglomération de 200 000 habitants, sur une surface de 2 500 à 3 500 m².

Nous collectons dans un rayon de 40 km autour du site, et les agriculteurs qui reçoivent le digestat pour épandage se situent à une dizaine de kilomètres. Cette proximité réduit considérablement les transports. Le biogaz produit représente de quoi faire rouler environ quarante bus sur une année.

 

En quoi la circularité structure-t-elle votre approche ?

A.B. : Les biodéchets collectés deviennent l’énergie qui fait rouler les véhicules qui assurent cette même collecte. Il n’y a pas plus circulaire ! Tryon Environnement épure le biogaz issu de la digestion des biodéchets puis en injecte une partie dans le réseau GRDF et utilise le reste pour alimenter notre station GNV.

Depuis la création de notre première unité dans les Yvelines en 2022, nous avons à cœur cette cohérence. Il était hors de question pour nous de produire une énergie renouvelable et de rouler au gazole. C’est pourquoi tous nos véhicules roulent au bioGNV.
 

À quoi ressemble aujourd’hui votre flotte de collecte ?

A.B. : Nous organisons la collecte sous trois formats : en BOM, en échange de bacs et en bennes ampliroll, selon les volumes et les typologies de clients. À Carrières-sous-Poissy, nous exploitons trois BOM de 12 et 19 tonnes, un camion polybenne et deux utilitaires. Nous privilégions de plus en plus le 12 tonnes, car il est plus maniable en ville et mieux accepté par les riverains. Les futures unités — au Mans, à Limoges ou encore à Rouen — seront équipées de flottes équivalentes, adaptées aux besoins locaux. Nous avons déjà passé de nouvelles commandes pour assurer la montée en puissance des tournées.

 

Qu’est-ce qui a guidé le choix des véhicules de collecte au bioGNV ?

A.B. : Nous avions des exigences précises, notamment la pesée embarquée des biodéchets, et des systèmes de lavage adaptés capables de nettoyer au-dessus de la benne tout en récupérant les eaux. Nous nous sommes donc tournés vers les châssis Iveco équipés de bennes Faun, notamment les modèles Urbanéa pour le 12 t et vers le couple Renault-Terberg pour les 19 t. Ces configurations répondent très bien aux contraintes urbaines de maniabilité, de bruit réduit et de fiabilité, car on ne peut pas se permettre d’avoir des camions en panne.
 

Êtes-vous satisfaits des performances de ces véhicules ?

A.B. : Oui, totalement. Nous n’avons jamais connu de panne, ce qui est déterminant dans un métier aux forts enjeux logistiques. Le parc est aussi simple à gérer que pour des véhicules thermiques, et l’autonomie est largement suffisante pour assurer nos tournées l’esprit tranquille.
 

Votre station d’avitaillement est-elle également intégrée au modèle ?

A.B. : Oui. À Carrières-sous-Poissy, la station bioGNV sert exclusivement aux véhicules Tryon. Au Mans, nous développons avec la métropole un nouveau format qui va plus loin. Il s’agit d’une station semi-publique à laquelle les véhicules du territoire pourront s’avitailler avec un carburant produit localement à partir des déchets du territoire. C’est une concrétisation très forte de notre logique d’économie circulaire.

 

On imagine que l’adhésion au tri est un enjeu majeur. Comment accompagnez-vous les usagers ?

A.B. : L’acceptabilité du geste de tri demande un travail de sensibilisation que nous faisons avec tous nos clients. Nous passons beaucoup de temps à expliquer ce que deviennent les biodéchets et pourquoi trier n’est pas qu’une contrainte. Mais pour que cela devienne automatique, il faut avant tout que ça soit simple. Tryon Environnement prend tout ce qui relève des biodéchets alimentaires, qu’ils soient emballés ou non. Ainsi, s’il reste un pot de yaourt dans le sac de déchets, ou que l’on récupère une palette entière de pots de crème fraîche à la suite d’un défaut de chaîne du froid, notre déconditionneur micro-perfore les emballages, sépare la fraction organique par centrifugation et oriente les indésirables vers des partenaires spécialisés.

 

Quelles sont les prochaines étapes pour Tryon Environnement ?

A.B. : Notre objectif est de construire, financer et exploiter vingt unités Modul’O d’ici 2030, toujours proches des grands centres urbains. Cela implique de renforcer progressivement notre flotte, et il faut s’y prendre à l’avance, avec les délais des constructeurs ! La demande augmente, les collectivités veulent des solutions locales de revalorisation des biodéchets, sans nuisances pour les habitants. La micro-méthanisation urbaine associée à des véhicules au bioGNV répond précisément à ces attentes.

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