Kiloutou mise sur les camions et utilitaires GNV

Kiloutou mise sur les camions et utilitaires GNV
Après les tracteurs routiers au GNL livrés par Iveco en 2019, l’entreprise française attend des camions et fourgons 12 m3 fonctionnant au GNC. Responsable des opérations et méthodes Transport, Jean-Luc Benoît détaille cette conversion vers une mobilité durable et vertueuse.

Fin 2018, Kiloutou annonçait l’arrivée de tracteurs routiers Stralis NP (Natural Power) fonctionnant au GNL. La flotte de 16 unités de ces poids lourds capables de parcourir jusque 1.600 km après un plein des réservoirs a été entièrement constituée. « L’affectation de ces camions a été effectuée en fonction des stations GNL encore trop peu présentes en France. Ils réalisent des boucles régionales. Ce qui impose une proximité avec 1 ou 2 stations. Nous avons aussi fait le choix de les exploiter sur des zones urbaines qui se distinguent par des niveaux élevés de pollution. Ainsi à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, et Lille », explique Jean-Luc Benoît. 

Un départ un peu compliqué

« La mise en service de cette flotte a été un peu compliquée. Nous avons dû faire face au début à des problèmes dans les stations GNL avec des distributeurs en panne et des températures incorrectes. Pour qu’elles fonctionnent bien, il faut qu’il y ait du débit. En contrepartie, il y avait beaucoup d’attente avant de faire le plein dans celles de la région parisienne, en particulier à côté d’Orly et à l’Est de Paris », témoigne Jean-Luc Benoît. « Nous avons rencontré des pannes sur les camions que les concessionnaires ont mis du temps à solutionner du fait d’un manque de connaissances sur des technologies inhabituelles pour leurs techniciens. Ce qui a engendré des immobilisations et des délais importants », détaille-t-il. 

Performances conformes à nos attentes

« Avec le Covid-19, nos camions ont été arrêtés plus d’un mois. Le GNL est redevenu gazeux avec l’élévation de sa température, ce qui a imposé de procéder à un torchage du gaz et de les tracter jusqu’en station pour faire un nouveau plein », poursuit Jean-Luc Benoît. « La situation s’est heureusement bien améliorée. La consommation et l’autonomie des tracteurs routiers GNL sont conformes à nos attentes. Les conducteurs sont contents d’avoir en main des camions différents et peu bruyants. Ils ont reçu une formation pour faire le plein des réservoirs. Ce qui s’est fait en toute sécurité et sans casse », rapporte-t-il. Chez Kiloutou, c’est une flotte de 400 poids lourds qui entame ainsi sa migration vers des énergies plus propres.

Porteurs 32 tonnes

« Il existe déjà des porteurs 26 tonnes GNC en France, par exemple pour des bennes à ordures. Mais Kiloutou, Iveco et le carrossier CVIM innovent avec des 32 tonnes équipés d’un plateau porte-engin à l’arrière basculant. Cette configuration permet de charger du matériel roulant jusque 15 tonnes et de le débarquer aussi bien au sol que sur des quais », indique Jean-Luc Benoît.

« Le premier exemplaire a été livré il y a 6 semaines, et les 5 autres arriveront avant la fin de l’année. Initialement, le calendrier, bouleversé par la crise sanitaire, prévoyait de premières réceptions en mars dernier. S’ils donnent satisfaction, nous en commanderons certainement d’autres plus tard », révèle-t-il. « Notre premier porteur est un prototype. Pour gagner en autonomie, un rack de bouteilles supplémentaires a été installé derrière la cabine. Ainsi, les camions disposeront d’une autonomie de 2 jours, soit 30 heures de fonctionnement avec un conducteur qui démarre tôt le matin, et un autre qui prend le relai en début d’après-midi », expose-t-il.

Premier exemplaire déjà en service

« Le premier 32 tonnes effectue ses tournées de livraison à Lesquin, dans la périphérie lilloise. Le travail de CVIM a été déjà de positionner le plateau différemment. Le carrossier a aussi réalisé un coffrage pour dissimuler les bouteilles installées derrière la cabine. Nous voulions travailler l’image du véhicule, faire propre et discret. Nous avons pensé que la présence de ces réservoirs supplémentaires pourrait faire peur », avance Jean-Luc Benoît.

« Les performances de ces camions sont très bonnes. Nous retrouvons la puissance et le couple dont nous disposions avec les modèles 400 chevaux diesel. Les conducteurs sont rassurés. Cet alignement des performances des motorisations GNV sur celles aux gazole est encore assez récent », souligne-t-il. « La répartition sur nos sites est plus facile, avec un maillage en stations GNC plus important par rapport au GNL. Ce qui nous permet de déployer les 32 tonnes un peu partout en France. Ainsi à Nantes, dans le Nord et à Grenoble, par exemple », liste notre interlocuteur.

Choix d’Iveco

Pourquoi avoir choisi Iveco ? « Si nous avons fait le choix de travailler avec Iveco, c’est parce que c’est le constructeur le plus avancé en France concernant les poids lourds fonctionnant au GNV. Volvo est également bien présent, mais avec une solution qui combine le gaz naturel et le gazole. Nous voulions un fonctionnement 100% GNV. En outre les marques à l’Est de la France se positionne davantage sur l’électrique, ce qui nous limiterait trop », répond Jean-Luc Benoît. « Et puis Iveco est notre partenaire principal depuis longtemps », ajoute-t-il. Ces 2 raisons expliquent que l’on retrouve le constructeur italien pour fournir également des fourgons GNV 12 m3.

23 fourgons à partir de septembre

« Avec ces fourgons, nous sommes aussi en retard sur les livraisons à cause du coronavirus. Les premiers arrivent début septembre et la flotte de 23 unités devrait être constituée avant la fin du même mois. Pour ces véhicules, nous allons procéder différemment concernant leur répartition : en Ile-de-France et dans l’Est », précise Jean-Luc Benoît.

« Là encore ce sont des engins qui sont adaptés à nos besoins, avec des rampes déployables pour amener du matériel de BTP et de voirie. Ce matériel pourra aussi prendre place sur une remorque. L’autonomie étant trop faible, un réservoir supplémentaire de gaz a été ajouté, pour un gain en capacité et de rayon d’action de l’ordre de 33%, soit 300 km au total. Ce qui, à nouveau, correspond à 2 journées (2x8 heures) d’utilisation », développe-t-il.

Démarche RSE

« Notre activité s’appuyant sur la livraison de matériel, le transport est donc un gros point carbone chez Kiloutou. L’entreprise poursuit pour cela une démarche RSE [NDLR : Appelée Driv’EKO] qui comprend aussi des voitures hybrides et électriques. C’est un grand pas en avant pour nous », assure Jean-Luc Benoît. « Nos clients apprécient cet effort qui se concrétise par l’acquisition de véhicules à un coût initial plus élevé. Quand le GNV se démocratisera, les tarifs d’achat baisseront. Pour certains de nos clients, le calcul de l’impact CO2 de leur activité est important afin d’obtenir des chantiers. Si les engins qu’ils louent sont livrés avec des véhicules bas carbone, c’est bénéfique pour eux », met-il en avant. « C’est d’ailleurs pour cela que l’emploi du biogaz est à l’étude chez nous. Nous sommes pour cela en relation avec GRDF Grands comptes. Nous n’avons pas encore signé de contrat pour le bioGNC à ce jour car les véhicules arrivent seulement. Nous devrions effectuer la bascule peu de temps après la constitution des flottes », conclut notre interlocuteur.


Gaz Mobilité et moi-même remercions Jean-Luc Benoît pour sa réactivité et son témoignage.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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