Témoignage : GSET mise sur le mix bioGNV électricité pour décarboner sa flotte

Témoignage : GSET mise sur le mix bioGNV électricité pour décarboner sa flotte
Crédit photo : GSET
GSET est l’un des groupes français de transport les plus ambitieux en matière de transition énergétique, de ressources humaines et de solutions logistiques. Frédéric Pigassou, président de l’entreprise, nous partage sa vision d’un transport durable, où bioGNV et mobilité électrique jouent un rôle central. Face à une crise inédite du secteur et aux défis imposés par les nouvelles technologies, GSET poursuit son engagement vers la décarbonation, fervent défenseur du biométhane.  

Comment se décline l’activité des entreprises du groupe GSET ?

Frédéric Pigassou : GSET, qui compte 500 collaborateurs répartis en 7 structures, a débuté il y a 25 ans dans le transport urgent industriel. Quels que soient la taille, le volume ou le poids, nous intervenons dans les meilleurs délais ou sur rendez-vous, avec des livraisons possibles partout en France, en Europe, ainsi qu'à l'international via le transport maritime ou aérien.

Nous avons également une activité de livraison du dernier kilomètre, dans un rayon de 100 km autour de Rouen. Historiquement, nous travaillons pour des transporteurs, mais ils traversent actuellement une crise sans précédent et leurs budgets ont malheureusement été très réduits. Certains souhaitent revenir en arrière sur la transition énergétique. Sans citer de noms, nous pourrions être amenés à mettre fin à nos collaborations avec deux d'entre eux d'ici à la fin de l’année, car chez GSET, nous ne voulons pas reculer dans nos engagements environnementaux. Heureusement, nous gardons des clients qui partagent nos convictions, comme Leroy Merlin ou encore la marque Circuits Courts, qui fait appel à nous pour des livraisons en véhicules frigorifiques bioGNV, et l’usine Lubrizol de Rouen.

Notre unité ULS Line opère de nuit pour des intégrateurs comme Chronopost et DPD, leur apportant des solutions de mobilité verte pour le transport intra-sites. GSET travaille aussi dans l’affrètement, ainsi que dans la livraison de mobilier en B2B et en B2C.

 
Frédéric Pigassou, président du groupe GSET.

À quand remonte la stratégie de GSET en matière de décarbonation de l'activité ?

F.P. : Tout a commencé en 2015, lorsque mon fils est revenu de l’école en nous sensibilisant au tri des déchets. J’ai alors réalisé que, dans une entreprise comptant une centaine de collaborateurs et travaillant dans un secteur « visiblement » polluant, il fallait aussi que nous fassions notre part. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Clément Chandon d'IVECO France, actuel vice-président de France Mobilité Biogaz, qui m’a présenté un porteur 12 tonnes GNV (une ancienne benne à ordures ménagères reconvertie). Convaincu, j’ai commandé 12 camions d’un coup, malgré l'absence de stations GNV à proximité. Nous avons finalement collaboré avec Rédélé pour construire une station de gaz non loin de nos centres, et l’aventure biogaz a commencé, pour ne jamais s’arrêter.
 

Quelle est la part du GNV dans la flotte de GSET aujourd'hui ?

 F.P. : 35 % de notre flotte de poids lourds fonctionne au gaz naturel, cela comprend des 7,2t pour la distribution en ville, des 12t, 19t, 26t et 44t pour les plus longues distances. Au départ, nous avions également des véhicules utilitaires légers qui roulaient au GNV, mais Fiat ne les fabrique plus, donc la majorité de notre flotte de VUL est désormais électrique.

Je crois fermement à une solution multi-énergies, avec le biogaz en tant que clé de la souveraineté énergétique. En France, nous avons les méthaniseurs et les centrales nucléaires nécessaires pour produire à la fois l’électricité et le biogaz décarboné. Pourtant, les décisions politiques semblent orientées vers d'autres priorités, ce qui nous place face à des difficultés.

 

Êtes-vous satisfait des performances de vos véhicules GNV ?

F.P. : Nous l’étions jusqu’à une certaine époque, mais aujourd’hui, tous les constructeurs rencontrent des problèmes de qualité. Nous avons observé des casses moteurs sur des véhicules de moins d’un an, que ce soit en diesel ou en gaz. En plus, les prix ont explosé, augmentant en moyenne de 35 %, donc nous payons désormais un produit trop cher et peu fiable, c’est dommage.
 

Quels sont les plus gros défis qui vous empêchent de généraliser l’adoption du bioGNV ?

F.P. : Le principal obstacle est la fiabilité des véhicules. Nous faisons face à des pannes fréquentes et à des difficultés d'approvisionnement en pièces détachées. Par exemple, il faut parfois attendre quatre mois pour obtenir une culasse pour un porteur 19 tonnes biogaz frigorifique ! Et comme les constructeurs n'ont pas une politique de prix compétitive par rapport aux énergies fossiles, cela freine l'adoption du bioGNV.
 

Qu'en est-il des véhicules électriques comme alternative ?

F.P. : L’électrique est devenu une solution viable, car l’autonomie et les temps de recharge des véhicules électriques se sont considérablement améliorés. Nous avons déjà précommandé six porteurs frigorifiques et deux tracteurs électriques. 

En ce qui concerne les véhicules utilitaires légers, nous en avons 40 qui fonctionnent en 100 % électrique depuis quatre ans, et c’est incomparable.

 

Comment se déroule l’approvisionnement en biométhane chez GSET ?

F.P. : Nous avons un contrat avec TotalEnergies pour le bioGNV, et utilisons également les stations Gaz’Up aux portes de Paris pour nos lignes de nuit. Le maillage est largement suffisant pour couvrir nos besoins en nationale et en dernier kilomètre.
 

Quels sont vos projets futurs en matière de mobilité décarbonée ?

F.P. : Je souhaite que GSET continue à allier éthique et performance, et à diversifier notre mix énergétique. Si demain un carburant de synthèse était développé pour remplacer le diesel, je serais le premier à l’adopter. En revanche, je ne crois pas à l'hydrogène, car il est trop énergivore et dangereux. L’électrique commence à prendre tout son sens : nous avons en France l'infrastructure et la capacité de production nécessaire pour y passer. Si on prend les bonnes décisions en 2024, on sera prêts en 2030 ! Mais encore faut-il que les politiques aillent dans la bonne direction…

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Adeline ADELSKI Adeline ADELSKI
Journaliste
Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine.

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