BPA : un levier durable pour développer le gaz vert

BPA : un levier durable pour développer le gaz vert
Alternatives au mécanisme des garanties d’origine, les Biogas Power Agreement (BPA) pourraient se démocratiser au cours des prochaines années. Un dispositif encore peu connu que nous détaille Antoine Jabet, expert dans l'énergie.

Quelle est la différence entre garanties d’origine et BPA ?

Lorsque l’on passe par le mécanisme des garanties d’origine, l’opération se fait en deux temps. On achète d’abord du gaz sur le marché de gros et, en parallèle, on acquiert les certificats de garanties d’origine. Sur ce dispositif, l’Etat intervient en compensant la différence de coût entre gaz fossile (sur le marché) et le coût de production effectif du biogaz (coût définit par l’Etat en fonction de la taille de l’installation).Avant la crise, l’Etat pouvait subventionner jusqu’à 80 €/MWh. Aujourd’hui, avec l’envolée des tarifs, l’Etat ne paye plus rien puisque le gaz fossile est devenu plus cher que le biométhane !

Dérivés des PPA (Power Purschase Agreement), très largement plébiscité dans le domaine de l’électricité, les BPA n’ont pas la même logique puisqu’ils se présentent comme des contrats conclus de gré à gré sans intervention de l’Etat. Sans avoir à passer par le marché de gros, ils permettent à une entreprise d’acheter tout ou partie de la production d’un producteur d’énergie renouvelable, en l’occurrence d’un méthaniseur pour le biométhane.


Quels sont les avantages du BPA ?

Pour l’industriel, le BPA offre un approvisionnement en énergie et des prix garantis sur le long terme avec des contrats généralement conclus sur des durées longues, de 10 à 20 ans. Le producteur y trouve aussi son compte puisqu’il sécurise son investissement.

L’intérêt du BPA, c’est aussi de fonctionner sans intervention de l’Etat. L’entreprise achète son biométhane au prix du MWh, qu’on estime aujourd’hui à 100 – 120 €/MWh, et récupère au passage l’équivalent d’une certification du caractère renouvelable. C’est une vraie sécurité face aux fluctuations du marché.


Des BPA ont-ils déjà été signés en France ? Quelle est la stratégie adoptée par les industriels ?

Aujourd’hui, quelques BPA ont été signés officiellement en France. Le premier a été conclu ente CMA-CGM et Engie dans le domaine de la marine marchande. CMA CGM va aller sur un mix bioGNL avec du Power-to-Gaz issu du projet Massylia.

Ce que l’on observe dans les PPA élec, c’est que, en général, le consommateur ne va pas chercher à couvrir l’intégralité de sa consommation. En général, un seul PPA sert à couvrir jusqu’à 15-20 % de la consommation. Cela facilite la gestion du risque, notamment en cas de défaut du producteur (incident d’exploitation, événement climatique…). Il y a aussi la solution de répartir sa consommation sur plusieurs PPA.


Aujourd’hui, le biométhane sort à 100-120 €/MWh en passant par un BPA. Le coût va-t-il baisser dans les années à venir ?

D’un point de vue financier, la question est plus délicate que sur l’électricité renouvelable. Sur le solaire, on est sur des CAPEX importants, mais en nette diminution, et des OPEX très faibles.
Sur le biométhane, les CAPEX sont limités mais les OPEX importants, ce qui réduit les possibilités de baisser le coût de la production de manière significative. L’Etat souhaite tomber à 65 €/MWh mais la filière est assez sceptique sur l’atteinte d’un tel niveau dans un délai court. Il y a également des questions de mise à l’échelle.


Les BPA sont-ils amenés à se démocratiser en France et dans le reste d’Europe ?

Tout va dépendre de la stratégie des acteurs mais aussi de l’évolution de la réglementation. Aujourd’hui, la France ne reconnait pas les garanties d’origine dans les quotas d’émissions ETS. C’est un modèle vers lequel l’Europe tend également à aller.

Si ce scénario se confirme, cela veut dire qu’un industriel qui fonctionne au gaz vert avec des garanties d’origine devra s’acquitter d’une taxe carbone supplémentaire, là où une entreprise ayant recours au BPA y échappera.

Pour la France et l’Europe, l’approche est stratégique. Les filières renouvelables ont bénéficié d’importantes subventions au cours des quinze dernières années. En stimulant les PPA/BPA, les gouvernements font en sorte que les entreprises se saisissent du sujet en allant financer directement les installations.
 


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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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