La Bretagne s'apprête à rouler au GNV

La Bretagne s'apprête à rouler au GNV
Aux environs de la Semaine internationale du transport et de la logistique, la filière bretonne du GNV avait programmé deux rendez-vous, respectivement dans les Côtes-d’Armor et en Ille-et-Vilaine, afin de montrer comment elle se mobilise pour la transition énergétique du transport.

Enquête

Sous l’impulsion de la région Bretagne, une enquête a été réalisée auprès d’entreprises du secteur des transports ainsi que des collectivités d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-d’Armor, afin d’évaluer le potentiel d’intérêt de ses établissements pour l’exploitation du gaz naturel dans la mobilité. Si les questionnaires sont restés en ligne bien après un premier bilan, de grandes tendances ont déjà été remontées afin de servir de supports aux réunions proposées dans les 2 départements.
 
Objectif pour les présents : Mieux appréhender les enjeux du GNV, partager les retours d’expériences d’utilisateurs et de constructeurs de véhicules alimentés au gaz naturel, présenter les projets des territoires pour le développement de sa production et de sa distribution. Ces rencontres territoriales du gaz naturel véhicule se sont déroulées les 7 et 30 mars 2017, respectivement en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-d’Armor.
 

Filière mature ?

En amont des dates fixées sur les agendas, 45 et 63 retours de questionnaires avaient été enregistrés dans les départements 35 et 22. Pour ce dernier, les profils des répondants se répartissaient en 49% de transporteurs de marchandises, 26% de chargeurs et 25% de collectivités. En Ille-et-Vilaine, les mêmes catégories représentaient 34%, 41% et 20% des sondés, en plus de 5% classés en divers.
 
A la question « Avez-vous déjà engagé des réflexions sur l’utilisation de carburants alternatifs ? », 10 et 18%, pour le 22 et le 35, ont répondu « Oui, j’ai même déjà investi », 40 et 48% ayant déclaré être « en veille sur le sujet ».
 
La réponse négative reste cependant encore très élevée : 50% dans les Côtes-d’Armor et 34% en Ille-et-Vilaine. Dans ce dernier département, on estime toutefois : « Nous sommes donc déjà dans une filière dite mature ». Ceci du fait que « près de 20% des personnes interrogées ont déjà investi dans des véhicules au GNV alors qu’aucune station n’est à ce jour disponible sur le territoire » concerné.

 

Véhicules légers / Véhicules lourds

Concernant les flottes de véhicules légers, leur taille est majoritairement cantonnée à un maximum de 50 unités. Ainsi en Ille-et-Vilaine : 14 parcs de 1 à 5 véhicules et 14 également de 6 à 50. Ils ne sont que 4 et 3, respectivement pour 51-150 et plus de 150 VL. Même constat dans les Côtes-d’Armor, où les résultats sont exprimés en pourcentages : 36% de parcs de 1 à 5 véhicules et 40% pour ceux de 6-50 unités, contre 24% de plus de 50 véhicules.
 
La taille des flottes est plus importante pour les poids lourds : 9 dans la tranche 1 à 5 PL, 13 de 6 à 50 véhicules, 5 de 51 à 150, et 1 au-dessus pour le département 35. Dans le 22 : 32% de 1 à 5 PL, 54% de 6 à 50 véhicules, 14% de 51 à 150.
 

Des flottes à migrer…

Dans les Côtes-d’Armor ont été identifiées sur les secteurs de Saint-Brieuc et Lamballe des flottes captives importantes. Au total, on rencontre sur ce territoire 4.000 véhicules, principalement de marques Renault, Peugeot, Citroën, Mercedes et Iveco, dont le tiers de poids lourds.
 
Dans 5 ans, au plus tard, 43% de ces engins seront remplacés, dont 939 véhicules légers et 749 camions, bus, cars et assimilés. En Ille-et-Vilaine, la répartition PL/VL est de 40/60 %. Avec la même échéance, ce sont 1.837 (69%) des 2.654 véhicules qui seront renouvelés.
 

…un maillage à étoffer

Différents sites pour des points d’avitaillement ont été proposés dans les 2 départements. Toujours dans le 35, c’est le secteur de Rennes qui a été le plus évoqué, selon les 4 points cardinaux qui correspondent aux axes principaux : 81 réponses, contre tout de même 9 pour chacune des villes de Saint-Malo et Vitré, et 8 pour Redon et Fougères. Le bassin rennais concentre de très nombreuses entreprises. Il est aussi un lieu de passage quasi incontournable depuis Paris ou Nantes pour rejoindre Brest, Quimper ou Saint-Malo.

 
Dans les Côtes-d’Armor, c’est un maillage plus équilibré qui semblerait se dessiner avec 32 votes pour Saint-Brieuc, 27 pour Lamballe à une vingtaine de kilomètres, 23 pour Loudéac au Sud, 20 à Dinan à l’extrême Est, puis 16 et 12 respectivement à Guingamp et Lannion à l’Ouest. La filière met en avant 3 points incontournables pour le choix définitif des sites : les stations sont à installer à proximité des grands axes de communication, le maillage doit être cohérent et le nombre d’infrastructures d’avitaillement suffisant.

 

De futurs utilisateurs…

Tous ces professionnels du transport de marchandises ou de voyageurs, ces chargeurs et ces collectivités invités à s’exprimer par le biais du questionnaire étaient attendus pour se réunir en tables rondes. Tous sont conscients que la transition énergétique du transport est en marche. Parfois parce qu’ils sont mis face à des demandes exprimées par leurs clients, et d’autres fois en raison de l’évolution de la réglementation sur la circulation en ville.
 
Les fameuses zones de circulation restreinte, notamment mises en place de façon croissante en Ile-de-France et dans quelques grandes villes, obligent les professionnels concernés à s’interroger et à trouver des solutions. Le GNV se pose en alternative sérieuse au gazole en raison des charges importantes déplacées sur de longues distances.
 

…mieux informés

Les premiers tests effectués par les transporteurs nationaux sont suivis par les responsables de tous ces établissements, et les résultats positifs obtenus encouragent de plus en plus d’entreprises concernées à s’intéresser au gaz naturel. Même si le nombre de stations semble encore insuffisant en Bretagne et ailleurs, la technologie est perçue comme déjà mature.
 
Financièrement, le surcoût à l’achat est désormais stabilisé autour de 30% par rapport à un poids lourds équivalent alimenté au gazole, susceptible d’être progressivement gommé par un prix du carburant pour l’instant bien plus avantageux, de l’ordre de 30%. Les transporteurs attendent cependant des certitudes sur la fiscalité du GNL.
 

Les Syndicats de l’énergie et la Région au chevet du GNV

Comme un peu partout en France, les syndicats de l’énergie des 2 départements, - SDE22 et SDE35 -, ont pour mission de dynamiser la filière GNV sur leur territoire respectif. De concert, ils visent 3 objectifs : « définir un maillage de stations cohérent à l’échelle départementale ; mutualiser les moyens, éviter de faire supporter le coût d’une station aux collectivités ; investir sur des stations moins rentables que celles construites par des opérateurs privés mais positionnées à des emplacements plus stratégiques pour développer le territoire et l’économie circulaire locale ».
 
Leur action globale s’inscrit dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 qui fait de chaque région autant de chefs de file locaux, en particulier au sujet de l’exploitation du gaz naturel dans la mobilité. La Bretagne prend ainsi très à cœur sa mission d’organisation et de coordination qui vise le développement du GNV et du BioGNV.
 

Le GNV : une chance pour la Bretagne

C’est en particulier à travers son potentiel de valorisation de la biomasse que la Bretagne s’apprête à réduire encore davantage sa dépendance énergétique. Cette action permet de produire localement du BioGNV, ce fameux carburant d’origine renouvelable exploitable pour le transport routier lourd des personnes et des marchandises.
 
« L’existence des réseaux de distribution et de transport de gaz, exploités par GRDF et GRTgaz, le long des principaux axes routiers bretons est un réel atout pour le développement de ce carburant », justifient les documents initialement rédigés pour présenter les rencontres territoriales du gaz naturel véhicule. Ce qui est bon pour les territoires et l’environnement l’est aussi pour le développement économique du secteur du transport. C’est justement cette clé de la compétitivité qui pourra décider les professionnels à délaisser le gazole contre un gaz naturel qui élimine aussi le risque de vol dans les réservoirs, pas si anecdotique que cela.
 

Une filière unie

En réponse aux doutes et attentes formulés autour des tables rondes par les chargeurs, loueurs de véhicules lourds et professionnels du transport, les acteurs bretons de la filière GNV se présentent avec la force d’un engagement partenarial et pluridisciplinaire.
 
Aux côtés de la Région, des syndicats de l’énergie SDE22 et SDE35, ainsi que de GRDF, s’impliquent la Fédération nationale des transports routiers, le centre européen d’entreprise et d’innovation Créativ qui accompagne les PME industrielles et de services aux entreprises à chacune des étapes clés de leur développement, et l’association Bretagne Supply Chain.
 
Cette dernière fédère plus de 110 entreprises de tailles et de secteurs d’activités très divers, recevant en 2010 le label de « cluster logistique ». Elle abrite une commission de travail réservée aux énergies propres qui permet à ses adhérents d’envisager concrètement le GNL en remplacement du gazole.
 

Quel modèle de déploiement ?

A ce jour, la filière ne privilégie pas encore un strict modèle de déploiement, s’attachant à mettre en place des solutions décidées localement par concertation avec tous les acteurs concernés en tenant compte des ressources déjà exploitables et exploitées, principalement la biomasse.

Fruit de ce travail collaboratif, une quinzaine de stations publiques et privées d’avitaillement devraient sortir de terre avant la fin 2018. Un maillage qui permettrait une circulation acceptable des flottes de camions GNV en Bretagne.
 
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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