Hausse des carburants : l'AFGNV appelle à dissocier le bioGNV du prix du PEG

Hausse des carburants : l'AFGNV appelle à dissocier le bioGNV du prix du PEG
Intervenant lors d’une table-ronde coorganisée par l’AFG et Grenoble Alpes Métropole, l’AFGNV va porter un plan auprès de l’exécutif pour soutenir la filière face à la hausse du prix du GNV. Parmi les mesures proposées, un dispositif permettant de dissocier le prix du biométhane de celui du PEG.

Avec le Covid et, plus récemment, la guerre en Ukraine, le prix du GNV a considérablement augmenté au cours des derniers mois. Une situation qui n’est pas sans conséquences pour les acteurs du monde du transport.

« Ce sont des augmentations qu'on a du mal à intégrer psychologiquement parce qu'on en est loin d’y être habitués. Le budget carburant a vraiment explosé et il n’est clairement pas soutenable durablement pour les acteurs privés » souligne Aurelien Berthelet, directeur général de Cars Berthelet et représentant de Fédération Nationale des Transports de Voyageurs (FNTV), lors d’un workshop dédié aux solutions biogaz pour la mobilité lourde organisé le 8 septembre dernier par l’AFG et Grenoble Alpes Métropole. « Il y a des conséquences pragmatiques avec des annulations de commandes de véhicules GNV et des solutions consistant à remettre en place des véhicules diesel, éventuellement avec des biocarburants » poursuit-il.

Un lever de pied à prévoir sur le GNV ? interroge l’animateur de la conférence. « C’est l’un des scénarios qui peut se réaliser » répond le DG de Cars Berthelet. « Au sein de notre entreprise, on a toujours été très moteur sur les sujets liés à la transition énergétique. On a investi très fortement dans le GNV car il s’agit d’une énergie qui, en termes de fonctionnement et d’exploitation, est extrêmement performante avec des autonomies proches des modèles diesel et un équilibre financier qui était jusqu’ici très intéressant. Aujourd’hui, il faut que l’on reste pragmatique. On vient de vivre deux ans et demi de COVID qui ont largement affecté nos entreprises avec une reprise d'activité qui n'est pas au niveau attendu. Avec l’augmentation des prix des carburants, cela fait beaucoup et nos capacités d’investissement ne sont plus ce qu’elles étaient » avertit-il.
« Il faut que l'Etat joue son rôle ! »

Même son de cloche au sein de Grenoble Alpes Métropole, qui opère plusieurs dizaines de bus fonctionnant au gaz naturel. « On a un vrai problème qui n’est pas spécifique au territoire de la métropole et que l’on observe à l’échelle nationale.  Nous avons une baisse de fréquentation de nos réseaux donc moins de voyageurs et moins de recettes. Cela impacte évidemment nos résultats. Nous avons une société de transport qui, pour la première fois de son histoire, a été déficitaire deux années de suite. Ce n'était jamais arrivé jusqu'alors ! En ajoutant à cela la hausse des coûts, les problèmes de pénuries de conducteurs, cela fait effectivement beaucoup ! » constate Sylvain Laval, Président du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise (SMMAG).

« En ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas demain réinvestir dans le diesel. C’est quelque chose qui est impensable. Nous ne pouvons pas faire le contraire de ce que nous prônons pour les usagers
 » poursuit-il, en appelant l’Etat à réagir. « Vu l'ampleur de la difficulté et son échelle, il est évident que les collectivités seules ne peuvent pas y faire face.  On ne peut pas nous demander d'amorcer des transitions rapides à des coûts très importants sans nous aider ! Il faut que l'Etat joue son rôle ! »
« Il y a un arrêt progressif des commandes de camions et de bus au gaz aujourd'hui »
« Notre filière est vraiment en danger » alerte Gilles Durand, Secrétaire Général de l’AFGNV. « Dans le transport routier de voyageurs, on a des villes qui aujourd’hui sont à 100% GNV et doivent boire le calice jusqu'à la lie avec le prix du gaz aujourd'hui. On voit que la filière est menacée car il y a un arrêt progressif des commandes de camions et de bus au gaz aujourd'hui » poursuit-il.

Un plan d'actions bientôt porté auprès de l'exécutif

Pour assurer la survie de la filière, l’AFGNV et ses membres porteront prochainement un plan d’action auprès des pouvoirs publics. « Nous allons l’associer à des mesures de court terme. On va demander à avoir un dispositif qui va contenir le prix du bioGNV pour le ramener à un prix acceptable par la filière du transport » détaille Gilles Durand, Secrétaire Général de l’Association Française du Gaz Naturel Véhicule (AFGNV).

« Sur les mesures long terme, nous voulons arriver à dissocier le prix de production du biométhane du prix du PEG (Point d’Échange Gaz ndlr), c’est-à-dire le prix du gaz naturel. Cette association était normale à l’époque où le PEG coûtait très peu cher car cela permettait aux énergéticiens d’acheter du biométhane à un tarif très compétitif.  Aujourd'hui c’est l’inverse : le gaz est plus cher que le biométhane. Au lieu de se limiter à payer le prix du biométhane au prix de production de biométhane, on se retrouve à le payer au prix du gaz fossile. Il faut sortir de ce dispositif ! ».

Futur règlement CO2 des poids lourds : un mix énergétique à défendre

Pour l’AFGNV et ses membres, l’autre menace vient des futurs règlements européens. Alors que celui actant la fin du moteur thermique pour les véhicules légers en 2035 a signé la mort du GNV, pourtant vertueuse en approche ACV (Analyse du Cycle de Vie), le futur règlement européen sur les poids lourds est suivi de près par la filière.
« C’est en 2023 que ce règlement va être revu. Il ne faudrait pas que l’on ait une mesure d’interdiction à 2040 des véhicules à moteur thermique pour les poids lourd. Ce serait vraiment dramatique. Pas seulement au niveau de nos filières mais aussi du climat » a averti Gilles Durand lors de son intervention.  

« Pour nous il y a aussi un autre sujet en France, c’est un décret qui transpose en droit français une directive européenne. C’est la directive bus propre ! » met en avant le Secrétaire Général de l’AFGNV. Publié en novembre dernier, le décret 2021-1492 impose aux collectivités qu’au moins 50 % des bus renouvelés par les collectivités soient à très faibles émissions (électrique ou hydrogène) à compter de 2025. Un objectif qui va au-delà des 30 % imposés par la Directive Européenne. « Avec l’appui de nos partenaires, nous avons déposé un recours auprès du Conseil d’Etat pour faire annuler ce décret » précise Gilles Durand.

Un objectif de 120 000 poids lourds avec un mix 100 % bioGNV pour 2033

Au-delà des mesures proposées pour soutenir la filière face à la hausse du prix des carburants, l’AFGNV s’apprête également à porter de nouveaux objectifs.

« Aujourd’hui, on a 15 000 poids lourds au gaz en circulation, dont 40 % dédiés au transport de voyageurs et 60 % au transport de marchandises. L’ambition que l’on va porter auprès de l'exécutif, c’est 120 000 véhicules poids lourds alimenté au GNV en 2033 avec 100 % biométhane dans GNV. Cela fait 30 térawattheures de biométhane à trouver pour alimenter ses 120 000 véhicules. Il y a un point de passage en 2025 avec un objectif de 50 % de biométhane dans le GNV » détaille le représentant de l’AFGNV.

Partager cette page

A lire également

4 Commentaires

  1. GNV64Publié le 26/09/2022 à 13:37

    4 suggestions pour faire que les nouveaux gaz verts prennent leur place dans le mix énergétique et accélérer son adoption :
    1 - Explorer l’espace juridique laissé par la loi UE : interdiction des énergies fossiles utilisées dans les moteurs thermiques oui mais les nouveaux gaz verts (biométhane, méthane de synthèse, H2 vert en combustion) ne sont pas fossiles …
    2 - Créer un marché de gré à gré du bioGNV national et non pas indexé sur le gaz produit à l’autre bout du monde, comme ce qui est train de se mettre en place avec l’H2 dans les Régions comme l’Occitanie mais avec une aide correspondant aux coûts évités de destruction de nos déchets fatals.
    3 - Accélérer la production de gaz biométhane et de synthèse : l’objectif PPE de seulement à 30 TWh à 2030 est trop loin du potentiel méthanogène FR de 300 TWh (niveau du scénario médian des besoins en gaz de l’ADEME en 2050).
    4- Moderniser le discours en sortant des arguments traditionnels (CO2,Nox, particules, …) qui ne sont plus “vendeurs” et même si probants, en collant à l’actualité avec par exemple un slogan comme :
    " L’élimination de nos déchets fatals peut devenir la voie de notre indépendance énergétique de demain"

  2. PatPublié le 26/09/2022 à 17:07

    Un autre slogan pour gnv64 ,Avec une tonne de fumier ma Seat Leon tgi parcourt plus de 1000 kilometres.
    Le gaz issu de la méthanisation, du biogaz ,est acheté entre 90 et 115 € le mégawatt au producteur. Ce producteur le rachète a 230 pour le compresser et l utiliser en biognv.
    Est-ce normal ?

  3. GiraudPublié le 27/09/2022 à 07:03

    A mon avis, c’est une constatation, il y a eu au départ un mélange des genres (bioGaz et GNV). Ce qui est préjudiciable pour le bioGaz. Pour ma part, je pense que le prix du bioGaz à suivi la courbe du prix du GNV (Gaz fossile). Si il y a une surenchère importante du prix du bioGaz, par rapport à son prix de revient, ce sont les producteurs de bioGaz, par méthanisation ou autre qui risquent d’être affectés, par une consommation qui n’augmentera pas. Ce serait dommage pour cette filière.

  4. RiccoPublié le 05/10/2022 à 13:17

    Je pense que le souci principal est que l état mise tout sur l électrique en oubliant les problèmes d approvisionnement (manque de centrale nucléaire) et de réseaux sous dimensionné. Sans parler du dementellement d une vieille centrale, en Allemagne on en est a 20 ans en méthode accélérer et on en voit pas la fin. Qui va payer les mauvaises décisions de l état? Moi j attends depuis 3 ans mon formulaire pour transformer mon diesel euro 3 au GNV. Pourquoi l état bloque la transformation des diesel en France alors qu on peut le faire en Italie Angleterre et Espagne ?? Pourquoi l état est revenu en arrière et a interdit qu on installé un compresseur a domicile pour faire le plein au gaz ? Pourquoi la presse n informe pas les gens sur toutes les alternatives au 100% électrique ??

Ajouter un commentaire