Interview : le développement du GNV passe en Ile-de-France par le Sigeif
Directeur adjoint du Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France (Sigeif), Jean-Michel Philip revient pour Gaz Mobilité sur le programme de déploiement d’une dizaine de stations GNV sur son territoire, appelant à noter sur les agendas l’inauguration de la station pilote de Bonneuil-sur-Marne, le 10 novembre 2016.
En ne tenant pas compte de cette problématique, les constructeurs attendent les stations pour proposer dans leurs catalogues des modèles de voitures et utilitaires adaptés, les porteurs potentiels de projets d’infrastructures dédiées guettent l’arrivée sur le marché de ces véhicules, et les utilisateurs de ces derniers n’ont pas d’autre choix que de patienter jusqu’à ce que cette situation se débloque. Ainsi pour le GNV comme carburant.
D’autres accueillent les poids-lourds à Gennevilliers (92), Rungis (94), Marcoussis (91) et Meaux (77), ou simplement des véhicules légers, comme à Champigny-sur-Marne (94).
Insuffisant pour les transporteurs qui, précise Jean-Michel Philip, « estiment qu’en cas de détour de plus de 7 kilomètres pour faire le plein des réservoirs ont mangé leur marge » par rapport au gazole normalement moins compétitif.
« Le frein principal réside aujourd’hui dans un nombre de stations extrêmement réduit en IDF », commente-il, précisant que « les investissements pour les multiplier sont conséquents, de l’ordre du million d’euros par point de livraison, et difficiles à supporter pour les acteurs privés ».
Pour sa première infrastructure GNV, qui ouvrira prochainement à Bonneuil-sur-Marne (94), le Sigeif a prudemment programmé son retour sur investissement sur 15 ans. Une période qui serait également insoutenable pour des entreprises privées.
Avec cette station pilote, le Sigeif dévoile sa cible : les poids lourds. Mais le site, équipé d’un système de vidéo-surveillance, accueillera 24/7 tous types de véhicules alimentés au GNV.
A l’ouverture, il y aura déjà des camions à alimenter, puisque cette entreprise du groupe Enel s’active à faire signer des contrats à différents transporteurs. « A la fin de l’année, l’infrastructure devrait recevoir 10 à 20 camions par jour », évalue Jean-Michel Philip, qui souligne que son syndicat de l’énergie, le plus important en IDF, n’a pas attendu de garanties d’achats pour se lancer dans le programme. « Le port de Bonneuil-sur-Marne est un bon emplacement », confie-t-il, détaillant : « On y compte environ 150 entreprises, des garages de bennes à ordures, des grands noms de la logistique, La Poste, Geodis… ».
« Les transporteurs, eux, pourront choisir la proportion de BioGNV, sachant que plus elle sera élevée, plus le prix du gaz délivré le sera également, avec un surcoût de l’ordre de 20 centimes le kWh, entre le GNV et le BioGNV », évalue-t-il, rappelant que pour certains de ces professionnels rouler le plus propre possible est important pour leur image et la communication qui en découle. Rappelez-vous cette indication « Ligne 100% Biogaz » sur les bus concernés de la RATP !
Différents syndicats du territoire pourraient se joindre à la Sem, dont le Siredom (Syndicat intercommunal pour le recyclage et l’énergie par les déchets et ordures ménagères), le Siaap (Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne) et le Syctom (Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de la région parisienne).
Egalement pressentis, la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), Ports de Paris, la Ville de Paris, GRTgaz, GrDF, etc. « Tous ont reçu les éléments du budget et la vision économique du projet », certifie notre interviewé.
« Dès qu’il y a un terrain de libre, les collectivités souhaitent le plus souvent le convertir en habitations », explique Jean-Michel Philip. En outre, « du fait des nuisances causés par le passage des camions, les sites choisis ne doivent pas être situés à proximité d’habitations », complète-t-il.
Dans son courrier consultable sur Internet, il se désole « des allégations mensongères, anxiogènes et calomnieuses » qui ont miné le bon déroulement d’un scénario plutôt vertueux pour les Franciliens. Au sein de sa réponse, l’édile s’est prononcé sur 4 points :
« L’offre en France n’est pas très développée pour ces engins », témoigne Jean-Michel Philip. Il cite spontanément « Fiat et Volkswagen comme étant les rares constructeurs à proposer dans l’Hexagone des voitures roulant au GNV ».
Sa préférence irait pour la Golf TGI BlueMotion, a priori plus difficile à obtenir que l’utilitaire Caddy. « Reste encore à étudier la question de la maintenance », conclut-il.
Gaz Mobilité et moi-même remercions Jean-Michel Philip pour son accueil et sa disponibilité.
Qui de la poule ou de l’œuf…
Lancer ou promouvoir sur un territoire une nouvelle source d’énergie à exploiter dans le secteur des transports ne se fait pas sans qu’une décision soit prise, soit pour monter le réseau de ravitaillement, soit pour développer les flottes.En ne tenant pas compte de cette problématique, les constructeurs attendent les stations pour proposer dans leurs catalogues des modèles de voitures et utilitaires adaptés, les porteurs potentiels de projets d’infrastructures dédiées guettent l’arrivée sur le marché de ces véhicules, et les utilisateurs de ces derniers n’ont pas d’autre choix que de patienter jusqu’à ce que cette situation se débloque. Ainsi pour le GNV comme carburant.
Des stations existent déjà en Ile-de-France
Certes, il existe déjà quelques stations en Ile-de-France qui délivrent du GNV. Certaines sont dédiées à un service particulier, comme le ramassage des ordures. Ainsi celles de Bercy (75) et Ivry-sur-Seine (94).D’autres accueillent les poids-lourds à Gennevilliers (92), Rungis (94), Marcoussis (91) et Meaux (77), ou simplement des véhicules légers, comme à Champigny-sur-Marne (94).
Insuffisant pour les transporteurs qui, précise Jean-Michel Philip, « estiment qu’en cas de détour de plus de 7 kilomètres pour faire le plein des réservoirs ont mangé leur marge » par rapport au gazole normalement moins compétitif.
Des projets difficilement soutenables pour le privé
« Conscient que la mobilité au GNV est en train d’arriver, le Sigeif souhaite participer au développement de cette énergie pour les transports en IDF », indique Jean-Michel Philip (photo ci-contre).« Le frein principal réside aujourd’hui dans un nombre de stations extrêmement réduit en IDF », commente-il, précisant que « les investissements pour les multiplier sont conséquents, de l’ordre du million d’euros par point de livraison, et difficiles à supporter pour les acteurs privés ».
Pour sa première infrastructure GNV, qui ouvrira prochainement à Bonneuil-sur-Marne (94), le Sigeif a prudemment programmé son retour sur investissement sur 15 ans. Une période qui serait également insoutenable pour des entreprises privées.
Station pilote…
« A Bonneuil-sur-Marne, le Sigeif bénéficie d’un espace de 4.000 m2 pour installer 4 distributeurs », rappelle Jean-Michel Philip. « La station sera réalisée en 2 étapes, dont la première est déjà atteinte : 2 distributeurs avec 2 compresseurs dédiés et le stockage en conséquence », détaille-t-il. « Elle sera développée dans un deuxième temps en fonction de la montée en puissance des opérations en avitaillement », complète-t-il.Avec cette station pilote, le Sigeif dévoile sa cible : les poids lourds. Mais le site, équipé d’un système de vidéo-surveillance, accueillera 24/7 tous types de véhicules alimentés au GNV.
…inaugurée le 10 novembre 2016
« La station de Bonneuil-sur-Marne sera inaugurée le 10 novembre prochain en présence de différentes personnalités », révèle notre interviewé. D’ici là, l’exploitation aura déjà commencé. « C’est Endesa qui a obtenu, en délégation de service, le droit d’exploiter le site pendant 3 ans, à partir du 1er novembre », poursuit-il.A l’ouverture, il y aura déjà des camions à alimenter, puisque cette entreprise du groupe Enel s’active à faire signer des contrats à différents transporteurs. « A la fin de l’année, l’infrastructure devrait recevoir 10 à 20 camions par jour », évalue Jean-Michel Philip, qui souligne que son syndicat de l’énergie, le plus important en IDF, n’a pas attendu de garanties d’achats pour se lancer dans le programme. « Le port de Bonneuil-sur-Marne est un bon emplacement », confie-t-il, détaillant : « On y compte environ 150 entreprises, des garages de bennes à ordures, des grands noms de la logistique, La Poste, Geodis… ».
BioGNV
« Pour les particuliers, et par le jeu des certificats d’origine, la station de Bonneuil-sur-Marne délivrera 3 types de gaz : GNV, BioGNV, et EcoGNV (30% de BioGNV) », détaille Jean-Michel Philip.« Les transporteurs, eux, pourront choisir la proportion de BioGNV, sachant que plus elle sera élevée, plus le prix du gaz délivré le sera également, avec un surcoût de l’ordre de 20 centimes le kWh, entre le GNV et le BioGNV », évalue-t-il, rappelant que pour certains de ces professionnels rouler le plus propre possible est important pour leur image et la communication qui en découle. Rappelez-vous cette indication « Ligne 100% Biogaz » sur les bus concernés de la RATP !
Une SEM pour un réseau de 10 stations
Afin de lancer le mouvement en Ile-de-France, le Sigeif compte développer un réseau de 10 stations GNV supplémentaires en 3 à 5 ans, embarquant différents partenaires dans une société d’économie mixte, dont la Caisse des dépôts qui devrait approuver le projet mi-octobre prochain. La Région, qui avait soutenu la station pilote de Bonneuil-sur-Marne à hauteur de 200.000 euros, réfléchit de son côté à un nouveau dispositif d’aide.Différents syndicats du territoire pourraient se joindre à la Sem, dont le Siredom (Syndicat intercommunal pour le recyclage et l’énergie par les déchets et ordures ménagères), le Siaap (Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne) et le Syctom (Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères de la région parisienne).
Egalement pressentis, la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), Ports de Paris, la Ville de Paris, GRTgaz, GrDF, etc. « Tous ont reçu les éléments du budget et la vision économique du projet », certifie notre interviewé.
Un réseau à adapter
Si le projet mentionne 10 stations GNV à venir, Jean-Michel Philip modère : « Le développement du réseau se fera aussi en fonction du nombre de transporteurs qui passeront au GNV ». En attendant, une étude est déjà en cours, pour des conclusions à livrer fin 2016, concernant l’aspect foncier du projet. « Une première de ces 10 stations devrait ouvrir fin 2017 ou début 2018 », envisage le directeur adjoint du Sigeif. Il faudra qu’elle soit, comme les autres, située sur un lieu de passage ou de dépôt des camions équipés pour rouler au GNV.Le problème du foncier
Si la situation des stations doit tenir compte des besoins des transporteurs prêts à migrer leurs flottes de poids lourds au GNV, la recherche de terrains est un véritable casse-tête pour le Sigeif.« Dès qu’il y a un terrain de libre, les collectivités souhaitent le plus souvent le convertir en habitations », explique Jean-Michel Philip. En outre, « du fait des nuisances causés par le passage des camions, les sites choisis ne doivent pas être situés à proximité d’habitations », complète-t-il.
Vanves : une station qui fait polémique
Vanves, aux portes du périphérique parisien, devait recevoir, rue Louis-Vicat, une station GNV. Tout au moins, une étude de faisabilité, menée par le Sigeif, était en cours, lorsque le projet a dû être abandonné, imposant à Bernard Gauducheau, maire de la commune et conseiller régional d’Ile-de-France, de réagir par écrit.Dans son courrier consultable sur Internet, il se désole « des allégations mensongères, anxiogènes et calomnieuses » qui ont miné le bon déroulement d’un scénario plutôt vertueux pour les Franciliens. Au sein de sa réponse, l’édile s’est prononcé sur 4 points :
- « Il n’a jamais été question d’imposer un projet sans concertation »,
- « Une station GNV ne présente aucun danger pour les riverains »,
- « L’existence du skate parc n’est nullement menacée »,
- « Le cadre de vie du quartier ne serait en rien dégradé ».
Montrer l’exemple
Notre interviewé et le Sigeif sont convaincus par les bénéfices sur l’environnement de l’utilisation du GNV. C’est pourquoi la flotte du syndicat recevra progressivement quelques modèles de véhicules légers alimentés par ce gaz. Mais le choix n’est pas facile à faire.« L’offre en France n’est pas très développée pour ces engins », témoigne Jean-Michel Philip. Il cite spontanément « Fiat et Volkswagen comme étant les rares constructeurs à proposer dans l’Hexagone des voitures roulant au GNV ».
Sa préférence irait pour la Golf TGI BlueMotion, a priori plus difficile à obtenir que l’utilitaire Caddy. « Reste encore à étudier la question de la maintenance », conclut-il.
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