Métha Valo 92 : des bateaux au bioGNV pour transporter le digestat de méthanisation

Métha Valo 92 : des bateaux au bioGNV pour transporter le digestat de méthanisation
Lauréat de l'Appel à Projets 2023 de GRDF pour la décarbonation du transport fluvial et maritime côtier, le projet Métha Valo 92 est sur le point de transformer le paysage du transport fluvial grâce à l'utilisation de bateaux motorisés au bioGNC entre les ports de Gennevilliers et Limay. Portée par le Syctom et le Sigeif et développé en partenariat avec Paprec, l’initiative ouvre de nouvelles perspectives dans la valorisation des déchets organiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. GRDF accompagnera l’étude de faisabilité de la transformation des bateaux.

La méthanisation des déchets alimentaires des ménages

Derrière Métha Valo 92, il y a d’abord deux syndicats. Le Sigeif, déjà à l’initiative de l’installation de plusieurs stations GNV sur le territoire francilien, et le Syctom, service public de traitement des déchets ménagers de 82 communes d’Ile-de-France. Dès 2018, ces deux acteurs ont choisi de collaborer pour construire et exploiter une unité de méthanisation des biodéchets. Un choix qui prend tout son sens cette année, puisque depuis le 1er janvier 2024, les collectivités territoriales sont tenues de mettre en place un tri à la source des biodéchets pour les particuliers, assuré par le Syctom sur son territoire. C’est l’entreprise française Paprec, leader français du recyclage et de la gestion des déchets, qui a été désignée concessionnaire de l’unité de Gennevilliers.
 
Le projet Métha Valo 92 est conçu pour traiter jusqu'à 50 000 tonnes de biodéchets par an, ce qui équivaut à près de 12 % du gisement total des collectes du département. Ces déchets alimentaires proviendront des ménages, des restaurations collectives, des invendus et des périmés des grandes et moyennes surfaces.

Des motorisations bioGNC pour transporter le digestat de méthanisation sur la Seine

Le méthaniseur produira donc du biogaz, dont une partie sera injectée dans le réseau GRDF sous forme de biométhane et l’autre utilisée par Paprec pour ses besoins en chaleur et en électricité. Quant au digestat, un résidu de la méthanisation, il est destiné à être épandu dans l'Eure et l'Eure-et-Loir afin de fertiliser les champs, et sera acheminé jusqu’aux terres agricoles par voie fluviale.

Le Sigeif et le Syctom ont demandé à Paprec une solution de carburant d’origine renouvelable afin de limiter l’impact environnemental de cette activité. Jean-Claude Garabetian, Directeur de projet chez Paprec, explique : « En 2023, GRDF a lancé l’appel à projets pour décarboner le transport fluvial. C’est dans ce cadre que Paprec a pris la décision de lancer une étude de faisabilité pour transformer les futurs bateaux avec des motorisations bioGNC. »
 

Vers une navigation décarbonée grâce au rétrofit

Le projet Métha Valo 92 explore deux typologies de bateaux : les automoteurs de classe III et les barges avec un pousseur motorisé.
 
« Il faut savoir qu’aujourd’hui, les seuls bateaux autorisés à naviguer sur les fleuves sont à moteur thermique au gazole non routier (GNR) », regrette M. Garabetian, reconnaissant la grandeur du défi que représente la décarbonation. Les automoteurs, qui mesurent jusqu'à 80 mètres de long et peuvent transporter jusqu’à 1 000 tonnes de digestat, sont de bons candidats pour cette conversion au bioGNC, même si Paprec a une petite préférence pour les barges avec pousseur, car elles peuvent être remplacées plus facilement lors des périodes d'immobilisation.
 
Dans les deux cas, les futures péniches pourraient faire appel à deux solutions techniques. La première reposerait sur une motorisation directe au biogaz tandis que la seconde utiliserait la motorisation gaz en tant que range-extender pour produire l’électricité qui alimentera un moteur électrique.
 

Des démarches administratives longues qui entravent les prévisions

« L’étude n’est pas simplement théorique, nous cherchons à voir la faisabilité réelle du rétrofit sur le bateau que nous aurons retenu, afin de prendre une décision éclairée en fonction des coûts de cette technologie » souligne Jean-Claude Garabetian.
 
Difficile d’établir une feuille de route précise quant aux dates, car Métha Valo 92 attend encore l’autorisation de lancer le projet. Les démarches peuvent être longues pour les projets industriels en milieu urbanisé, surtout que celui-ci concerne trois départements situés dans trois régions différentes… Une série d’intermédiaires qui alourdit le processus. Paprec espère pouvoir lancer les travaux en début d’année 2025, pour mettre en service la station de méthanisation de Gennevilliers courant 2026, visant seulement une exploitation complète l’année suivante.

 


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Adeline ADELSKI Adeline ADELSKI
Journaliste
Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine.

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1 Commentaire

  1. AlberiPublié le 15/02/2024 à 10:43

    Le problème de ces biodéchets qui proviennent selon l’article "des ménages, des restaurations collectives, des invendus et des périmés des grandes et moyennes surfaces" est la présence de plastiques issus des divers emballages. Dans le processus de méthanisation, ils sont subdivisés, et il en résulte des micro-plastiques, qui épandus dans les champs, provoquent une pollution des sols, avec une possible conséquence sur la production alimentaire en retour.
    Il faudrait un tri très strict de ce qui rentre dans le méthaniseur. Et cela me semble compliqué.

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