La filière du GNV auditionnée à l’Assemblée Nationale

La filière du GNV auditionnée à l’Assemblée Nationale
Auditionnée à l’Assemblée Nationale dans le cadre du dossier offre automobile, la filière française du GNV a pu rencontrer les décideurs pour faire valoir les avantages et intérêts du gaz carburant en France. Des dispositifs d’aide à l’achat au levier du biométhane en passant par le développement des stations et du marché, gaz-mobilité dresse une synthèse des débats.

Jean Claude Girot, President AFGNVRéunis en commission ce mardi 19 janvier 2016, la filière du GNV a pu exposer ses arguments pour une meilleure considération du gaz carburant dans la politique française. Parmi les politiques présents figuraient notamment Delphine Batho, rapporteure de la mission et ancienne ministre de l’écologie.

Après un rappel des enjeux de la filière, notamment en matière de fiscalité, le Président de l’AFGNV, Jean-Claude Girot, a cédé la parole aux représentants de GRDF et GRTgaz qui ont pu partager leur point de vue.

Une alternative crédible

« Le GNV est une alternative crédible en termes pratiques et opérationnels pour l’entreprise. Les technologies actuelles autorisent 400 km d’autonomie avec un temps de remplissage de quelques minutes, ce qui correspond à la majeure partie des usages couverts par le diesel » a souligné Catherine Brun, Directrice commerciale de GRTgaz.

Une fois encore, c’est le transport lourd qui est identifié comme le mode de transport le plus rapide à convertir. D’un point de vue environnemental, les chiffres d’une étude ADEME menée avec Casino fait état d’une réduction de CO2 de 10 % avec GNV et jusqu’à 80 % en cas d’utilisation du biogaz.

Des perspectives encourageantes

Catherine Brun, Directrice Commerciale de GRTgazSi la France ne compte aujourd’hui que 41 stations publiques et 13000 véhicules GNV en circulation, les perspectives sont encourageantes.

« Dans le cadre du travail mené avec la filière pour proposer une stratégie de développement, nous retenons un scenario tiré par le transport de marchandises avec une projection 2020 de 12.000 poids lourds, soit une multiplication par 7 » ajoute Catherine Brun. Dans les autres segments, les projections font état d’une multiplication par trois des utilitaires avec 20.000 véhicules et 3000 bus GNV. Pour la voiture particulière, le développement restera très modeste avec une estimation de 4000 véhicules à l’horizon 2020.

Un réseau « primaire » de 150 stations pour les poids lourds

Quel réseau de station nécessaire pour parvenir à ces objectifs ?
« On part de l’idée sur un parc de 150 stations poids lourds avec un investissement d’environ 150 millions d’euros. En pérennisant le dispositif de stimulation de la demande actuelle sur 4 ou 5 ans, ce réseau de station poids-lourd émergerait naturellement par de l’investissement privé » a souligné Catherine Brun.

Un second réseau de « proximité »

« En parallèle de ce réseau, il est important de compléter par un réseau de proximité » ajoute Catherine Brun. « Nécessitant 50 millions d’investissements, il aurait pour but de répondre aux besoins des territoires pour mettre en œuvre leur politique d’amélioration de la qualité de l’air ». Pour ce second réseau, GRTgaz estime les soutiens publics nécessaires avec des dispositifs de financement type programme investissements d’avenir.

Quant à l’impact du développement du GNV sur la consommation, les perspectives de développement conduiraient à une consommation de l’ordre de 3 tWh à l’horizon 2020, soit 0.5 % de la conso française. Pour GRTgaz, les infrastructures sont donc dimensionnées pour accueillir ces stations.

« Sur 5 ans, la généralisation de GNVolontaire coûterait 16 millions d’euros »

Présentée comme la solution du problème de « la poule et de l’œuf », le dispositif rhônalpin GNVolontaire a également animé les débats. Pour Catherine Foulonneau, Directrice Stratégie & territoires de GRDF, la réussite du projet tient à l’implication indispensable de trois acteurs indispensables : la puissance territoriale, les constructeurs de véhicules et les investisseurs de la station. Porté par un financement ADEME, GNVolontaire a permis de mettre 15 véhicules en circulation et de faire émerger une station.

Quant à l’éventuelle généralisation du dispositif à la France entière, GRDF estime le coût à environ 16 millions d’euros sur l’ensemble du territoire. Grâce à cette aide, la part de marché du GNV dans les poids lourds pourrait atteindre 10 % à l’horizon 2020. Surtout, chaque euro investi par l’état permettrait d’en généré 10 supplémentaires liés à l’investissement dans des camions et des stations issus de constructeurs et d’opérateurs français générateurs d’emplois.

Le biométhane comme voie de transition pour les collectivités

Catherine Foulonneau, Directrice Strategie et territoires de GRDFAlors que nombreuses collectivités songent à se tourner vers la production locale de biométhane, ou biogaz, le GNV s’inscrit comme une suite logique de la démarche. « Tous les projets que nous avons pu avoir aboutissent vers la valorisation du biogaz en carburant » explique Catherine Foulonneau qui souligne l’intérêt des territoires pour la filière. « Nous avons aujourd’hui 94 territoires à énergie positive pour la croissance verte (TEP-CV) qui intègrent la problématique gaz dont 34 s’intéressent au GNV ».

En parallèle, GRDF appelle le gouvernement à détaxer le biogaz carburant. « Aujourd’hui, les taxis qui roulent au diesel sont détaxés, ceux qui roulent au biométhane ne le sont pas… Le bioGNV n’est pas reconnu comme biocarburant avancé afin qu’ils puissent intéresser les distributeurs de carburants ». Une remarque dont Denis Baupin, député d'Europe Écologie Les Verts et vice-président de l'Assemblée nationale, semble avoir pris bonne note…

Quid des véhicules particuliers ?

Il y a-t-il des perspectives en France pour le développement des véhicules particuliers fonctionnant au gaz naturel ? Si l’Italie compte plus de 900.000 véhicules en circulation, la France est bien loin derrière.

Pour Catherine Foulloneau, les conditions ne sont pas remplies pour lancer le marché de façon pérenne faute d’implication de la puissance politique et des constructeurs.

Quant aux nombres de stations nécessaires à l’émergence d’un marché « grand public » du GNV, les estimations de Vincent Rousseau, responsable GNV de GRTgaz, font état d’un réseau minimal de 1500 stations pour couvrir efficacement le territoire, soit un investissement de 700 à 800 millions d’euros…

Celles et ceux qui veulent revoir l’intégralité des débats en vidéo, nous vous invitons à consulter le site de l’Assemblée Nationale.

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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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1 Commentaire

  1. MENZAPublié le 23/01/2016 à 07:42

    Je fais environ 100 à 150 km par jour dans l’agglomération de Reims à titre professionnel et la seule alternative écologique ou économique serait pour moi de rouler au GNV. Hélas, je ne peux que me résoudre à utiliser un diesel car même si j’achetais un véhicule GNV en Belgique par exemple, aucune station (dans toute la Champagne-Ardenne) ne me permet actuellement de faire le plein...

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