Que retenir du salon Bio360 Expo 2023 ?

Que retenir du salon Bio360 Expo 2023 ?
Bio360 Expo a tenu son salon 2023 au parc des expositions de la Beaujoire à Nantes les 8 et 9 février. Nous avons fait le choix de passer jeudi, deuxième et dernier jour de l’événement. En plus de profiter d’une moindre affluence, nous pouvions ainsi recueillir le ressenti de quelques exposants sur la journée du mercredi.
 
Pour palper l’ambiance d’un salon, l’idéal est de commencer par en effectuer un premier tour, en observateur. On décèle ainsi plus facilement certaines des logiques mises en œuvre par les organisateurs.
 
Ce qui était déjà frappant, c’est l’exposition des véhicules fonctionnant au GNV. Ils n’étaient pas jetés en extérieur comme ont pu le voir lors de précédentes éditions. Mais incrustés un peu comme de petits bijoux en un itinéraire qui les plaçait dans des coins et recoins stratégiques. Ainsi le fourgon et le tracteur routier d’Iveco, ainsi que le Scania R410 GNC qui étaient entourés des tables et chaises dans un emplacement dédié à la restauration.


En suivant le parcours du cœur, c’est-à-dire en choisissant d’effectuer le tour de ronde par la gauche, c’est d’abord un très beau joujou qui surprenait les visiteurs. Le fameux tracteur T6 180 Methane Power de New Holland. Impossible de ne pas le remarquer dans son bleu de travail très soutenu. On passerait presque alors à côté du nouveau Volkswagen Caddy TGI 1,5 l 5 CV, pourtant très fier dans son dernier rafraîchissement stylistique. Son orientation vous faisait toutefois vous retourner sur lui, et vous aviez alors envie de consulter la fiche plaquée au pare-brise. Son prix ? Dans la version Cargo Business exposée : 31 500 euros HT.

 

Ne pas abandonner les voitures particulières

Prêt à vous barrer la route, ce porteur à plateau Scania G410 XT avec sa grue arrière. Sous les couleurs de Vendée Matériaux, il profitait des conférences qui étaient données simultanément sur ses 2 côtés.
 

Pas de voitures particulières en revanche. Ce n’est pas un hasard. Pour beaucoup de professionnels de la mobilité au gaz, dont les constructeurs historiques, « c’est plié en France pour les véhicules légers, ce sera l’électrique ». Oui… mais non en fait, pas obligatoirement ! Les véhicules légers fonctionnant au GNV sont essentiels déjà pour toutes les entreprises dont l’activité à un rapport avec le gaz naturel, en particulier s’il est d’origine renouvelable.
 
Et puis il y a une grosse nouveauté cette année, amorcée dans les derniers mois de 2022 : les prix de la recharge augmentent parfois de façon très dissuasive pour les particuliers qui ne peuvent pas brancher une voiture électrique chez eux. Pour eux, cette dernière risque de devenir plus coûteuse qu’un modèle équivalent diesel. Déjà concernant seulement le prix de l’énergie dans quelques cas. Et bien plus certainement si on prend en compte le surcoût à l’achat.
 
Pour ces automobilistes qui vivent par exemple dans des immeubles en copropriété ou des maisons de ville sans garage ni terrain, remplir de temps en temps dans le mois des réservoirs en bioGNV serait plus pratique, avec la perspective de bénéficier des prix en circuits courts.
 

Affluence en retrait(e)

Parmi les craintes principales des organisateurs d’événements qui drainent du public venant de tous les coins de France et parfois même de l’étranger, les grèves dans les transports. L’influence des manifestations au sujet des retraites était particulièrement criante jeudi matin où l’on circulait très facilement dans certaines allées tranquilles. Mais attention : des conférences retenaient alors un monde fou, très intéressé par des sujets majeurs. Des noms évocateurs avaient été donnés aux salons (Forum, Biogaz, Circulaire, Biochar, Biomasse, etc.) pour permettre aux participants de rapidement s’orienter en fonction de leurs centres d’intérêt.

 
La mobilité GNV avait attiré pas mal de monde mercredi. En 2 heures, différents experts se sont complétés pour dresser un état des lieux. L’AFGNV, par exemple, est intervenu pour donner des chiffres sur les véhicules compatibles, parler du développement des stations et présenter une vision nationale de la mobilité. La production de biométhane, le réseau d’avitaillement dans le Grand Ouest et les enjeux réglementaires sur les engins ont été traités par GRDF.
 
Sont intervenus, pour représenter les consommateurs du GNV/bioGNV, le transporteur Jolival et son client Gemo. Scania a apporté la vision d’un constructeur engagé. C’est la région des Pays de la Loire qui s’est chargée de la question particulière du rétrofit. Vendée Energie et Maure Energie ont apporté des retours sur des projets et expérience dans les territoires. Le lendemain, l’AFGNV guidait les personnes intéressées dans un parcours à la découverte des véhicules exposés dans le bâtiment.
 

Des exposants très divers…

Au hasard d’une déambulation, les visiteurs tombaient sur des stands enrichissant d’explications et de matériel très divers, donc certains étaient d’ailleurs en action. On y trouvait des systèmes de trémie, des vis pour introduire les matières dans les digesteurs, des brasseurs de soupe, des vannes et conduits parfois compatibles avec des carburants cryogéniques. Les dioramas, c’est-à-dire ces petites maquettes qui mettent en scène des situations, des programmes ou des architectures, éveillent toujours l’âme d’enfant qui sommeille dans chaque porteur de projet, quelle que soit son envergure.
 
GRTgaz et GRDF restent manifestement les entreprises les plus enclines à communiquer de la sorte. Est-ce pour cela que leurs stands ne désemplissaient que plus rarement ? Les chambres d’agriculture avaient pas mal d’expériences intéressantes à partager, avec quelques programmes dont nous espérons pouvoir vous donner un jour des détails quand ils seront plus avancés.
 
Pour les futurs pros de la méthanisation, il y avait aussi sur place des bureaux, cabinets et organismes proposant une très large palette de services. Ainsi pour des études de faisabilité, trouver des financements, s’informer sur des contrats d’assurance particuliers, conduire des chantiers, bénéficier de systèmes de certification, etc.
 
La formation était aussi au cœur du parcours, avec plusieurs lycées agricoles représentés à Nantes ces 2 jours. Ainsi ceux de Périgueux (24), des Herbiers (85), de Laval (53) et de Bar-le-Duc (55).
 

… et satisfaits !

Si, ce jeudi matin, le salon semblait un peu vide, l’affluence dans les allées était déjà bien meilleure dès le début de l’après-midi. Comme c’est souvent le cas, des exposants avaient organisé de délicieuses rencontres sur leurs stands en débordant généreusement dans les travées. Certains d’entre eux nous ont confié leur satisfaction sur la fréquentation du salon le mercredi.
 
L’édition 2023 de Bio360 Expo a donc aussi reflété la situation réelle vécue dans la filière GNV. En raison des tensions qui perdurent sur les marchés des énergies, nombre de porteurs de projets ont ralenti l’allure. Mais sans forcément décrocher.
 
Tout le potentiel est bien toujours là, en attente de signaux forts pour redémarrer. Et ça, les acteurs historiques en sont persuadés… et nous aussi ! Lors de notre visite, nous avons sollicité pour des interviews plusieurs personnes parmi les exposants. Nous allons publier dans les jours qui viennent 5 entretiens en rapport avec la mobilité GNV, la formation dédiée à la méthanisation, l’utilisation des véhicules et des projets intéressants.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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