« Au-delà de la décarbonation, raisonnons en termes de souveraineté énergétique » : la FNTR défend le bioGNV à Solutrans

« Au-delà de la décarbonation, raisonnons en termes de souveraineté énergétique » : la FNTR défend le bioGNV à Solutrans
Visuel : P. Schwoerer
A l’occasion d’une table ronde organisée à l’initiative de GRDF à Solutrans, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) a réaffirmé son soutien à une approche plurielle de la transition énergétique. Pour sa déléguée générale, Florence Berthelot, la décarbonation du transport ne peut faire l’impasse sur la dimension économique, sociale et territoriale. Et le bioGNV reste, selon elle, l'une des solutions les plus concrètes pour le secteur.

« La FNTR est pour le mix énergétique. On parle beaucoup de l'électrique, mais ce n'est pas pour tous les usages », rappelle d’emblée Florence Berthelot en introduction d'une table ronde organisée à l'initiative de GRDF le 19 novembre dernier à Solutrans. Pour elle, l'enjeu est autant environnemental qu’économique et stratégique : « Raisonnons en termes de souveraineté énergétique. Le monde agricole français a besoin de soutien. Il y a des débouchés en matière énergétique, et la souveraineté énergétique pour nous, c’est aussi vertueux en termes de décarbonation que le côté vert de l’énergie ».

A cela s’ajoute la réalité du terrain. « Les transporteurs ont misé énormément sur le GNV. Pas seulement dans l’achat de camions, mais aussi dans la création des stations », insiste-t-elle.

Une vision que partage Thierry Quaranta, Directeur de la Transformation Durable et membre du Comité de direction Supply Chain du groupe Carrefour : « On a fait le choix de passer au biogaz… Aujourd’hui, plus de 72 % de notre flotte est décarbonée, essentiellement en biogaz. Le biogaz, on le maîtrise, c’est fabriqué en France, ce n’est pas fabriqué à l’étranger ».

Président de France Mobilité Biogaz, Erwan Cotard pointe également la « souveraineté industrielle » d’une filière dont les véhicules sont « encore majoritairement construits en Europe » mais aussi la pertinence économique de la solution. « Toutes les solutions décorrélées des réalités économiques seraient vouées à l’échec » avertit-il.

Entre volonté de décarboner et incertitudes réglementaires

« Qu’il y ait une volonté des transporteurs de décarboner, elle est incontestable », insiste Florence Berthelot. Mais cette volonté se heurte aux aléas économiques et à l’instabilité réglementaire : « Le monde économique est très attentif à ce qui se fait dans une loi de finances. Il est attentif à une certaine stabilité. Et s’il n’y a pas cette stabilité… tout se fige » avertit-elle, portant la voix de l’un de ses adhérents qui s’inquiète de la « cubanisation du parc ». « Dans l’inquiétude de ne pas savoir quoi choisir, on fait durer nos camions comme à Cuba » illustre-t-elle.

Responsable Marketing et Communication de Scania, Gilles Baustert a lui aussi pointé un « mauvais signal » envoyé aux professionnels du transport de marchandises liés aux incertitudes sur l’avenir des Zones à Faibles Emissions. « On sent aujourd’hui une forme d’attentisme ». Un flou qui pourrait perdurer avec les prochaines échéances électorales. « Les Municipales vont arriver… Je ne pense pas qu’il y ait un maire qui veuille relancer le sujet. »

Portée par GRDF, une table ronde dédiée au bioGNV a été organiseé au salon Solutrans 2025. De gauche à droite : Florence Berthelot (FNTR), Thierry Quaranta (Carrefour), Erwan Cotard (France Mobilité Biogaz) et Gilles Baustert (Scania)
« La transition énergétique à un coût, et il doit être partagé »
Au-delà des incertitudes réglementaires, le sujet de l’investissement est tout aussi central. Sur ce point, Florence Berthelot plaide pour un véritable « partenariat autour de la décarbonation du transport », permettant un partage des coûts entre les différents acteurs de la logistique. « On voit parfois des appels d’offres où des clients (chargeurs, ndlr) demandent toujours plus vert, mais moins cher… Je le dis tout de suite, ce n'est clairement pas possible. La transition énergétique a un coût, et ce coût doit être partagé car le transporteur ne peut pas l’assumer seul. Je rappelle que les marges d'un transporteur atteignent 2 % les bonnes années ».

Une décarbonation punitive vers le tout électrique

La FNTR est-elle fermée au tout électrique ? Pas du tout ! En témoignent les nombreux partenariats signés avec plusieurs acteurs de la filière lors de Solutrans. Mais une fois encore, l’ambition se heurte à la réalité. « On parle beaucoup de l'électrique, mais ce n'est pas pour tous les usages », résume Florence Berthelot. « J’ai des transporteurs qui font de l’électrique et ils en sont très contents. Mais ils le font sur des segments régionaux, moins de 300 kilomètres par jour » complète Florence Berthelot.

D’où une certaine inquiétude quant à la tentation croissante d’une décarbonation de plus en plus punitive. Alors que les constructeurs sont déjà sous la menace de fortes amendes s’ils ne tiennent pas leurs objectifs de décarbonation, l’Europe envisage désormais d’imposer des quotas zéro émission aux transporteurs. « C’est formidable, il va y avoir des amendes pour tout le monde… Si cet argent-là pouvait servir à financer la transition énergétique, je serais ravie. »
 
Une pétition en cours
Suite aux quotas proposés par la Commission européenne, l’IRU a lancé une pétition sur son site internet, invitant les acteurs de la logistique à se mobiliser. « La décarbonation du transport routier de marchandises est déjà en marche. Elle s’accélérera dès que les conditions financières et infrastructurelles seront réunies et que les modèles d’exploitation seront compatibles avec ces véhicules » fait valoir l’organisme.
 

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