Le bioGNV dans le panorama du gaz renouvelable

Le bioGNV dans le panorama du gaz renouvelable
GRDF, GRTgaz, le Syndicat des énergies renouvelables (SER), le SPEGNN et Teréga viennent de rendre public la troisième édition de leur « Panorama du Gaz Renouvelable ». Intéressons-nous plus particulièrement au bioGNV qui concerne la mobilité durable.
 

En chiffres

Avec la multiplication des projets pour un développement durable en France, la filière du biométhane est en pleine expansion. Pour témoins les quantités de ce gaz qui ont été injectées dans les réseaux : 406 GWh l’année dernière (sur une capacité maximale de 682 GWh à fin 2017), soit le double de celles enregistrées en 2016. C’est l’équivalent de la consommation de près de 34.000 logements ! Avec la centaine de nouveaux projets déclarés en 2017, la capacité de production de biométhane gagne 3 TWh par an, soit une progression de 60% par rapport aux projets déclarés en 2016.

L’année 2018 a ainsi commencé avec une capacité maximale cumulée sur les 361 projets enregistrés de 8 TWh/an. Ce qui représente l’équivalent de l’objectif PPE de biométhane injecté en 2023, mais aussi « l’équivalent de la consommation annuelle moyenne de 35.000 bus ou camions roulant au bioGNV », peut-on lire dans le document.
 

De nouveaux objectifs

Les enjeux sont colossaux. En 2017, « la filière d’injection de gaz renouvelable a permis d’éviter le rejet dans l’atmosphère de 90.000 tonnes de CO2 », assurent les auteurs du panorama. Par rapport au gazole, le bioGNV émet 80% en moins de ce gaz à effet de serre. Cette dynamique qui anime la filière du biométhane a permis aux opérateurs de réseaux et au SER de présenter le 19 octobre dernier de nouveaux objectifs : 50 et 70 TWh, respectivement pour 2028 et 2030, sur 60 et 90 TWh de gaz renouvelables.

Cette ambition commune triple l’objectif défini en 2015 par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), qui fixait pour 2030 à 10% la part d’origine renouvelable du gaz consommé en France. Concernant la mobilité, « qui est un des usages phares du biométhane, l’objectif peut donc être revu à la hausse, pour atteindre 30% de bioGNV dans la part de GNV en 2028 », confirme le document de 36 pages.
 

Garanties d’origine…

En 2017, sur les 592 unités qui produisent du biogaz en France, seulement 44, - soit 7,5%, et en progression de 70% (+18 sites) par rapport à l’année précédente -, injectent le biométhane sur le réseau. Le reste est valorisé sous forme d’électricité et chaleur. Ce biométhane injecté est physiquement consommé dans une zone proche de son point d’entrée. Mais une clientèle de plus en plus large de professionnels et de particuliers, pas forcément à proximité des sites d’injection, souhaite acheter du gaz renouvelable. C’est le rôle du mécanisme des garanties d’origine d’offrir une traçabilité qui permet de scinder la consommation physique du gaz et sa vente aux consommateurs. Ainsi, du biogaz injecté à Sarreguemines, et physiquement consommé en Moselle, peut être vendu à des clients à Marseille, Lille, Quimper, Paris ou Aubusson dans la Creuse, ces derniers recevant depuis le réseau du gaz composé d’un mix plus local.
 

…75% utilisées en bioGNV

Géré par GRDF jusqu’en 2023 au moins, un registre national des garanties d’origine enregistre les quantités de biométhane injectées, échangées, vendues, - traçant en quelque sorte chaque molécule produite. Selon la nouvelle édition du panorama, 75% des garanties d’origine sont utilisées sous la forme de bioGNV. Pas étonnant à ce que, parmi les 21 fournisseurs en gaz renouvelable inscrits sur ce registre, on retrouve des noms connus dans la distribution du gaz naturel pour la mobilité.

Ainsi Total, ENI, Proviridis, Endesa, Gas Natural Fenosa, Engie et Air Liquide. Pour leur céder des garanties d’origine, 42 des 44 sites qui injectent du biométhane sur le réseau sont également enregistrés dans le cadre de ce mécanisme. Pour précision, une garantie d’origine est émise, avec une validé de 24 mois, contre 1 MWh de biométhane injecté.
 

Incitations à la valorisation en bioGNV

Parmi les raisons qui permettent d’expliquer cette part majeure de la valorisation du biométhane en bioGNV, une disposition autour d’un mécanisme qui prévoit le reversement dans un fonds de compensation de 75% des bénéfices réalisés par les fournisseurs à la valorisation des garanties d’origine. Mis en place pour réduire les charges de service public, il ne s’applique cependant pas en cas de valorisation du biométhane en carburant. Cette exonération « constitue une incitation forte de la valorisation du biométhane comme carburant », soulignent les auteurs du panorama.

Le document rappelle que « concernant le bioGNV, à partir du 1er janvier 2017, en application de l’article 26 de la loi n° 2016-1917 du 29 décembre 2016 de finances pour 2017, les consommations de biométhane pour des usages hors carburant sont exonérées de TICGN ». On peut ensuite y lire : « La filière attend que l’usage biométhane carburant (bioGNV) soit exonéré de TICPE ». Cette taxe est à ce jour gelé pour le GNV et le bioGNV.
 

Usage emblématique

« L’usage le plus emblématique du biométhane est à mettre au crédit de la mobilité », peut-on lire dans le paragraphe consacré aux « Exemples emblématiques d’usages de gaz renouvelables ». Les auteurs mettent au jour que « la France est devenue le marché le plus dynamique d’Europe sur ce segment », en chiffrant que 15 ans après l’arrivée dans l’Hexagone des bus au GNV, ces modèles représentent aujourd’hui plus de 11% du parc de bus.

A Paris, par exemple, le service de la ligne 24, gérée par la RATP, est exclusivement assuré par des bus alimentés par ce carburant « parfaitement adapté pour réduire le bruit, les émissions de CO2 et n’émettre presque aucune particule fine ». Globalement, « Le GNV et le bioGNV apportent jusqu’à 50% de réduction des émissions d’oxyde d’azote (NOx) et 95% des émissions de particules fines par rapport à la nouvelle norme Euro VI », rappelle les rédacteurs du panorama.
 

Plus de 16.000 véhicules au GNV

Le déploiement des stations dédiées accompagne une flotte GNV qui ne cesse de croître en France. Le document chiffre pour novembre 2017 : 16.125 véhicules, dont 1.285 camions de type poids lourds, et 3.064 bus. L’année dernière, le GNV distribué était composé de bioGNV à hauteur de 8,7%, à comparer avec l’objectif PPE de 20% pour 2023.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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