BioGNVAL : des eaux usées pour produire du bioGNL pour les camions
Ce lundi 9 mai avait lieu à Valenton, dans le Val de Marne, l’inauguration officielle du projet BioGNVAL, un pilote industriel financé par l’ADEME visant à réutiliser le biogaz produit à partir des eaux usées pour fabriquer du gaz naturel liquide renouvelable capable d’alimenter les camions. Un bel exemple d’économie circulaire.
Soutenu par le programme d’investissements d’avenir de l’ADEME à hauteur de 3 millions d’euros, le projet bioGNVAL vise à maximiser la revalorisation du biogaz sur les sites industriels. Opérée par Suez Environnement, l’usine de la SIAAP de Valenton traite quotidiennement quelques 800.000 m3 d’eaux usées produites par près de 9 millions de franciliens.
Si la SIAPP produit déjà du biogaz qu’elle utilise à 75 % pour ses propres installations, l’idée est de parvenir à réutiliser les 25 % restants plutôt que les « torcher » en développant de nouvelles applications comme celle expérimentée à Valenton avec le projet bioGNVAL. Une solution technologique « susceptible d’être dupliquée » souligne Belaïde Bedreddine, Président du SIAAP.
Fondée en mai 2015 et menée par Denis Clodic, chercheur fort d’une quinzaine d’année d’expérience dans le domaine de la cryogénie, Cryo Pur a développé le procédé à l’origine du projet.
« Le pilote permet de valoriser deux éléments : le méthane liquide et le CO2 liquide grâce à une séparation des molécules par le froid (…) Ce système a une chance mondiale car il fait l’épuration et la liquéfaction en même temps » explique Denis Clodic (photo ci-contre) dans la vidéo à découvrir ci-dessous.
Pour la start-up, le projet francilien revêt une importance toute particulière puisqu’il s’agit de sa première installation opérationnelle. Un dispositif qui pourra faire office de démonstrateur pour ses futurs clients, Cryo Pur visant à concrétiser rapidement ses premières commandes à l’échelle européenne.
« A l’heure actuelle, Cryo Pur répond à deux consultations internationales par semaine. Nous sommes en train de négocier nos premières installations au Royaume-Uni, en Italie et aux Pays Bas. Avec BioGNVAL, nous avons la chance de pouvoir fiabiliser complètement l’équipement en fonctionnement 24h/24 et de montrer à nos clients comment ça marche » poursuit le PDG de la star-up.
S’il s’agit d’un démonstrateur à « petite échelle », Cryo Pur propose également des dispositifs plus importants selon les demandes du client. Une flexibilité qui permet de s’adapter aux besoins de chacun pour pouvoir produire jusqu’à 20 tonnes de bioGNL par jour. Les tests effectués par les différents partenaires du projet ont par ailleurs pu démontrer que les eaux usées de 100.000 habitants pourraient produire suffisamment de bioGNL pour alimenter 20 bus ou 20 camions.
« Aujourd’hui finalisé, le projet BioGNVAL, démontre que l’on peut produire grâce à nos eaux usées un carburant propre qui n’émet pas de particules fines et qui réduit de 50% les émissions sonores et de 90% les émissions de CO2 par rapport à un moteur fonctionnant au diesel » souligne le communiqué commun des différents partenaires.
Quant au bioGNL produit sur le site de Valenton, il sera utilisé pour alimenter les stations de GNVert, filiale du groupe Engie.
« La première station à recevoir ce bioGNL sera celle de Rungis que nous venons d’ouvrir à proximité du M.I.N » explique Philippe Van Deven, Directeur Général de GNVert (photo ci-contre), rappelant en parallèle la forte accélération du GNV dans l’hexagone. « En deux ans, la France est devenue le premier marché européen du gaz naturel carburant pour les transports lourds tant en termes de taille que de croissance ».
Pionnier sur le segment, le fabricant de groupes frigorifiques Thermo King exploite le bioCO2 depuis maintenant 6 ans à travers sa gamme alternative Cryo Tech. « Le concept est d’utiliser du CO2 à l’état liquide en lieu et place du diesel grâce à un réservoir de CO2 liquide implanté sous le châssis du camion » explique Anthony Bour, responsable du programme Cryo Tech de Thermo King.
Un bioCO2 qui présente trois principaux avantages par rapport au diesel : un fonctionnement zéro-émission, un silence de fonctionnement idéal pour des livraisons nocturnes et des performances accrues qui permettent de limiter les risques de rejets lors de la livraison.
Avec seulement 1000 véhicules équipés à travers l’Europe et 100 à 150 immatriculations par an, le marché reste néanmoins marginal. En cause, le manque de stations de ravitaillement en bioCO2. Selon Thermo King, on n’en compterait qu’une petite cinquantaine en Europe, dont 25 privées. En France, la première station devrait ouvrir au cours des prochains mois et sera rattachée à la station GNVert de Rungis.
« Nous devons diminuer les émissions de gaz à effet de serre en nous appuyant sur des innovations comme celles du projet bioGNVAL » a souligné Jean Louis Missika. « Le transport est une priorité et je vous rappelle que la maire de Paris a fixé un objectif de sortie complète du diesel à l’horizon 2020. Cet objectif sera tenu et concerne les transports de personnes et de marchandises. Ce que nous avons vu ce matin montre que cet objectif est réaliste. C’est une affaire de volonté politique… ».
Car au-delà des innovations technologiques, ce sont bien les territoires qui ont la main sur le développement du biogaz et du bioGNV. « La transition énergétique ce sera 50 % de technologie et 50 % de changement de comportement » a souligné Joëlle Colosio, Directrice Régionale Ile-de-France de l’ADEME. « Station bioGNL ou biogaz, il faut pouvoir les développer dans les territoires et rassurer la population. Ces stations sont sûres, les technologies matures, et les collectivités doivent commencer dès maintenant à les implanter pour permettre aux transporteurs d’opérer leur transition ».
Mais la France doit aussi adapter sa réglementation pour assurer le développement de ce nouveau procédé. « Les textes prévoient une tarification seulement pour la réinjection de biogaz dans les réseaux » nous explique l’un des responsables du projet.
La rédaction de Gaz-Mobilité tient particulièrement à remercier Cryo Pur qui nous a permis d’assister à cette inauguration.
Soutenu par le programme d’investissements d’avenir de l’ADEME à hauteur de 3 millions d’euros, le projet bioGNVAL vise à maximiser la revalorisation du biogaz sur les sites industriels. Opérée par Suez Environnement, l’usine de la SIAAP de Valenton traite quotidiennement quelques 800.000 m3 d’eaux usées produites par près de 9 millions de franciliens.
Si la SIAPP produit déjà du biogaz qu’elle utilise à 75 % pour ses propres installations, l’idée est de parvenir à réutiliser les 25 % restants plutôt que les « torcher » en développant de nouvelles applications comme celle expérimentée à Valenton avec le projet bioGNVAL. Une solution technologique « susceptible d’être dupliquée » souligne Belaïde Bedreddine, Président du SIAAP.
La start-up Cryo Pur au cœur du projet
Suez Environnement, Engie, Iveco etc… si les grands groupes sont nombreux à avoir intégrer le projet, c’est le savoir-faire de Cryo Pur, une jeune start-up dont nous vous avions déjà parlé il y a quelques semaines (voir notre sujet), qui est au cœur de BioGNVAL.Fondée en mai 2015 et menée par Denis Clodic, chercheur fort d’une quinzaine d’année d’expérience dans le domaine de la cryogénie, Cryo Pur a développé le procédé à l’origine du projet.
« Le pilote permet de valoriser deux éléments : le méthane liquide et le CO2 liquide grâce à une séparation des molécules par le froid (…) Ce système a une chance mondiale car il fait l’épuration et la liquéfaction en même temps » explique Denis Clodic (photo ci-contre) dans la vidéo à découvrir ci-dessous.
Pour la start-up, le projet francilien revêt une importance toute particulière puisqu’il s’agit de sa première installation opérationnelle. Un dispositif qui pourra faire office de démonstrateur pour ses futurs clients, Cryo Pur visant à concrétiser rapidement ses premières commandes à l’échelle européenne.
« A l’heure actuelle, Cryo Pur répond à deux consultations internationales par semaine. Nous sommes en train de négocier nos premières installations au Royaume-Uni, en Italie et aux Pays Bas. Avec BioGNVAL, nous avons la chance de pouvoir fiabiliser complètement l’équipement en fonctionnement 24h/24 et de montrer à nos clients comment ça marche » poursuit le PDG de la star-up.
Jusqu’à une tonne de bioGNL produit par jour
Selon les chiffres avancés par Suez, le démonstrateur industriel bioGNVAL permet de traiter près de 120 Nm3/h de biogaz pour produire jusqu’à 1 tonne/jour de bioGNL, soit de quoi ravitailler quotidiennement deux poids lourds.S’il s’agit d’un démonstrateur à « petite échelle », Cryo Pur propose également des dispositifs plus importants selon les demandes du client. Une flexibilité qui permet de s’adapter aux besoins de chacun pour pouvoir produire jusqu’à 20 tonnes de bioGNL par jour. Les tests effectués par les différents partenaires du projet ont par ailleurs pu démontrer que les eaux usées de 100.000 habitants pourraient produire suffisamment de bioGNL pour alimenter 20 bus ou 20 camions.
« Aujourd’hui finalisé, le projet BioGNVAL, démontre que l’on peut produire grâce à nos eaux usées un carburant propre qui n’émet pas de particules fines et qui réduit de 50% les émissions sonores et de 90% les émissions de CO2 par rapport à un moteur fonctionnant au diesel » souligne le communiqué commun des différents partenaires.
Quant au bioGNL produit sur le site de Valenton, il sera utilisé pour alimenter les stations de GNVert, filiale du groupe Engie.
« La première station à recevoir ce bioGNL sera celle de Rungis que nous venons d’ouvrir à proximité du M.I.N » explique Philippe Van Deven, Directeur Général de GNVert (photo ci-contre), rappelant en parallèle la forte accélération du GNV dans l’hexagone. « En deux ans, la France est devenue le premier marché européen du gaz naturel carburant pour les transports lourds tant en termes de taille que de croissance ».
Du bioCO2 pour alimenter les groupes froids
BioGNVAL, c’est la production de bioGNL mais aussi de bioCO2. Très peu connu en France, le bioCO2 pourrait prochainement révolutionner l’alimentation des groupes froids utilisés sur les camions, aujourd’hui « dieselisés » à 95 % en Europe.Pionnier sur le segment, le fabricant de groupes frigorifiques Thermo King exploite le bioCO2 depuis maintenant 6 ans à travers sa gamme alternative Cryo Tech. « Le concept est d’utiliser du CO2 à l’état liquide en lieu et place du diesel grâce à un réservoir de CO2 liquide implanté sous le châssis du camion » explique Anthony Bour, responsable du programme Cryo Tech de Thermo King.
Un bioCO2 qui présente trois principaux avantages par rapport au diesel : un fonctionnement zéro-émission, un silence de fonctionnement idéal pour des livraisons nocturnes et des performances accrues qui permettent de limiter les risques de rejets lors de la livraison.
Avec seulement 1000 véhicules équipés à travers l’Europe et 100 à 150 immatriculations par an, le marché reste néanmoins marginal. En cause, le manque de stations de ravitaillement en bioCO2. Selon Thermo King, on n’en compterait qu’une petite cinquantaine en Europe, dont 25 privées. En France, la première station devrait ouvrir au cours des prochains mois et sera rattachée à la station GNVert de Rungis.
Passer à l’industrialisation « dès que possible »
Présents lors de l’inauguration, Chantal Jouanno, Sénatrice UDI et Vice-Présidente de la région Ile de France (photo ci-contre), et Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, ont rappelé l’importance de passer « dès que possible » du pilote à l’industrialisation.« Nous devons diminuer les émissions de gaz à effet de serre en nous appuyant sur des innovations comme celles du projet bioGNVAL » a souligné Jean Louis Missika. « Le transport est une priorité et je vous rappelle que la maire de Paris a fixé un objectif de sortie complète du diesel à l’horizon 2020. Cet objectif sera tenu et concerne les transports de personnes et de marchandises. Ce que nous avons vu ce matin montre que cet objectif est réaliste. C’est une affaire de volonté politique… ».
Car au-delà des innovations technologiques, ce sont bien les territoires qui ont la main sur le développement du biogaz et du bioGNV. « La transition énergétique ce sera 50 % de technologie et 50 % de changement de comportement » a souligné Joëlle Colosio, Directrice Régionale Ile-de-France de l’ADEME. « Station bioGNL ou biogaz, il faut pouvoir les développer dans les territoires et rassurer la population. Ces stations sont sûres, les technologies matures, et les collectivités doivent commencer dès maintenant à les implanter pour permettre aux transporteurs d’opérer leur transition ».
Mais la France doit aussi adapter sa réglementation pour assurer le développement de ce nouveau procédé. « Les textes prévoient une tarification seulement pour la réinjection de biogaz dans les réseaux » nous explique l’un des responsables du projet.
La rédaction de Gaz-Mobilité tient particulièrement à remercier Cryo Pur qui nous a permis d’assister à cette inauguration.