Des camions au bioGNV pour l'unité de méthanisation de Oudon Biogaz
Des agriculteurs méthaniseurs qui se déplacent avec une voiture fonctionnant au GNV/bioGNV, on en trouve. Quelques-uns ont même fait le choix d’un tracteur adapté à cette énergie alternative. Mais une unité qui a intégré le transport à son projet avec des camions alimentés au biogaz à partir d’une station privative, c’est rare, et peut-être même unique encore en France. Nous sommes allés sur place rencontrer Régis Cournez, responsable de site chez Oudon Biogaz.
Ce n’est pas notre première visite au lieu-dit La Garenne qui dépend de la commune de Livré-la-Touche, en Mayenne. Nous étions venus le 27 avril 2022 assister à la pose de la première pierre de l’unité de méthanisation aux couleurs de Oudon biogaz. Elle intervenait au bout de 11 ans de persévérance pour les soixante-dix éleveurs et agriculteurs du pays de Craon porteurs du projet. Quand on découvre vingt mois après ce qu’est devenu ce site presque nu à l’époque, on se dit qu’ils ont eu raison de ne pas baisser les bras malgré les difficultés et les lourdeurs administratives.
Régis Cournez était l’un des soixante-dix : « J’étais éleveur bovin et avicole. Aujourd’hui, je suis responsable du site, salarié par Oudon biogaz. Au bout de 25 ans d’exploitation, j’ai eu envie de faire autre chose ». L’injection a démarré dans les temps, officiellement le 10 août dernier : « Nous devions lancer l’activité dans un délai contractuel. Avec GRDF, nous avions planifié le démarrage pour l’été 2023. Ca n’a pas été tout simple, mais nous avons réussi à ouvrir le site en temps et en heure. Il a fallu pour cela être assidus et bien suivre les entreprises qui réalisaient les travaux ».
Il y a vingt mois, deux méthaniseurs commençaient à s’élever de terre : « Nous avons cinq cuves identiques sur place. Trois sont des digesteurs et les deux autres des post-digesteurs. L’alimentation des premiers se fait selon un flux continu, tous les jours on en retire un peu pour alimenter les post-digesteurs. Le temps de séjour est en moyenne de 56-57 jours, dont 30 dans les digesteurs. Ce mode de fonctionnement en série améliore la valorisation de la matière ».
Imaginer faire fonctionner cette flotte au bioGNV est arrivé plus tard : « Nous avons pris la décision au cours de l’année 2021, avant le début des travaux. Ca nous a semblé cohérent par rapport à notre activité. C’est vraiment une particularité de notre unité. Nous la mettons en avant dans nos communications quand nous décrivons ce que nous faisons ». Un autre point peu courant chez les méthaniseurs : « De 15 à 20 % de notre consommation électrique sont autoproduits à partir de panneaux photovoltaïques installés en toiture et sur le sol. Par anticipation, nous avons même déjà deux bornes de recharge pour voitures électriques sur notre parking ».
Le nombre de camions a aussi évolué dans le temps : « Aujourd’hui, nous avons quatre tracteurs routiers Iveco identiques fonctionnant au GNV. En cas de panne sur l’un, ils sont interchangeables en fonction des urgences. L’entretien est contractuel. Nous avions aussi pensé à un autre constructeur, mais nous avons fait le choix de celui qui était capable de nous livrer les véhicules au bon moment. La prise de contact a été facilitée par l’un des agriculteurs du groupe qui a auparavant travaillé dans les matériaux agricoles ».
La flotte devait être un peu plus importante au départ : « Nous avions pensé à deux semi-remorques citernes et trois porteurs Ampliroll [NDLR : Sur un camion, l’Ampliroll est un bras hydraulique muni d’un crochet pour hisser ou débarquer des bennes munies de grosses roulettes métalliques à l’arrière]. Il a même été question à un moment d’avoir six camions. Finalement, nous en avons deux de chaque ».
Cette réduction à quatre véhicules est justifié par un choix effectué en interne : « Nos camions Ampliroll sont aussi des tracteurs à semi-remorque et non des porteurs. A la place de caisson 16-17 tonnes, nous avons demandé une réalisation sur mesure plus grande pour 40 m³ de gisement léger, soit 20-24 tonnes ».
Le premier camion qui est revenu sur le site, juste au moment de notre arrivée, était justement chargé d’un caisson. Avant d’entrer dans l’enceinte, il est monté sur la balance pour la pesée des intrants : « Chaque camion peut parcourir jusqu’à 300 kilomètres par jour. Ils effectuent sept à huit rotations dans un périmètre de l’ordre de 12 km. Les caissons sont chargés avec les fumiers de bovins, de volaille et une part marginale de caprins ». Ces camions peuvent aussi ramener des Cives : « Les agriculteurs en stockent à l’année chez eux. Nous avons aussi un stockage sur place. Pour les surfaces les plus proches, les agriculteurs nous les amènent directement eux-mêmes ».
Ce qui n’empêche pas la prospection : « Nous nous faisons connaître comme société disponible sur le territoire pour valoriser les sous-produits. Dans le respect de nos obligations sanitaires, nous pourrons recevoir de la matière agro-alimentaire. Ce seront cependant des camions externes qui nous les apporteraient ». Dans l’autres sens, les camions à caisson de Oudon biogaz se chargent du digestat solide, sous-produit de la méthanisation.
Les deux camions citernes endossent le même double rôle : « Mais avec des matières liquides. Les intrants, ce sont surtout des lisiers récupérés chez des producteurs laitiers. Dans l’autre sens, ces citernes d’un modèle standard livrent le digestat liquide ».
Oudon biogaz est en train de finaliser son réseau de stockage : « C’est un stockage déportés. Les prestataires d’épandages viendront récupérer ce digestat pour l’amener sur les sites. Procéder ainsi permet de minimiser les trajets. Pour une bonne valorisation sans perte agronomique, l’épandage se fait avec des outils enfouisseurs ou pendillards ».
En avril 2022, il avait été indiqué 140 000 tonnes d’intrants à l’année et, en digestats à la sortie, 113 500 tonnes sous forme liquide et 32 500 tonnes en solide : « Ce sont des chiffres prévisionnels toujours d’actualité. Il nous faut encore quelques mois de fonctionnement pour les valider ». Et les chauffeurs ? « Ce sont des salariés de l’entreprise. Ils sont six en tout, dont deux sont polyvalents, assurant les rotations pour des remplacements ou pendant les astreintes. Tous ces chauffeurs ont dû s’adapter aux camions GNV. Du fait d’un couple un peu moindre, comme avec un moteur essence, ils ont une conduite davantage dans l’anticipation. Le constructeur a assuré une formation de mise en route. Il l’aurait aussi fait avec de nouveaux modèles diesel ».
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Régis Cournez pour son accueil sur le site et le temps pris à répondre à nos questions. Un grand merci également à Henry Le Goas, chargé de projets biométhane pour GRDF, qui a facilité à notre demande l’organisation de cette visite.
Ce n’est pas notre première visite au lieu-dit La Garenne qui dépend de la commune de Livré-la-Touche, en Mayenne. Nous étions venus le 27 avril 2022 assister à la pose de la première pierre de l’unité de méthanisation aux couleurs de Oudon biogaz. Elle intervenait au bout de 11 ans de persévérance pour les soixante-dix éleveurs et agriculteurs du pays de Craon porteurs du projet. Quand on découvre vingt mois après ce qu’est devenu ce site presque nu à l’époque, on se dit qu’ils ont eu raison de ne pas baisser les bras malgré les difficultés et les lourdeurs administratives.
Régis Cournez était l’un des soixante-dix : « J’étais éleveur bovin et avicole. Aujourd’hui, je suis responsable du site, salarié par Oudon biogaz. Au bout de 25 ans d’exploitation, j’ai eu envie de faire autre chose ». L’injection a démarré dans les temps, officiellement le 10 août dernier : « Nous devions lancer l’activité dans un délai contractuel. Avec GRDF, nous avions planifié le démarrage pour l’été 2023. Ca n’a pas été tout simple, mais nous avons réussi à ouvrir le site en temps et en heure. Il a fallu pour cela être assidus et bien suivre les entreprises qui réalisaient les travaux ».
660 Nm3 à l’heure de biogaz
Nous étions repartis avec quelques chiffres de la zone en chantier fin avril 2022. Déjà concernant le dimensionnement permettant de sortir jusqu’à 660 Nm3 à l’heure de biogaz, ramenés à 600 Nm3 en régime de croisière. « Ces 60 Nm3 à l’heure de différence correspondent à la partie que nous consommons avec une chaudière pour maintenir une température de 42° C dans les digesteurs », commente aujourd’hui notre interlocuteur.Il y a vingt mois, deux méthaniseurs commençaient à s’élever de terre : « Nous avons cinq cuves identiques sur place. Trois sont des digesteurs et les deux autres des post-digesteurs. L’alimentation des premiers se fait selon un flux continu, tous les jours on en retire un peu pour alimenter les post-digesteurs. Le temps de séjour est en moyenne de 56-57 jours, dont 30 dans les digesteurs. Ce mode de fonctionnement en série améliore la valorisation de la matière ».
Le choix de camions au bioGNV
A l’issue de notre passage en avril 2022, nous savions déjà que quelques camions nécessaires à l’activité de l’unité de méthanisation seraient détenus par la SAS Oudon biogaz. Mais pas qu’ils fonctionneraient avec du bioGNV : « A partir de 2013, l’étude a connu plusieurs phases. Au départ, nous pensions à la sous-traitance pour la logistique. Ce n’est qu’en 2016 ou 2017 que nous avons intégré au projet l’idée d’avoir nos propres camions. Des camions diesel classiques. Ce qui est déjà rare dans une unité de méthanisation » détaille notre interlocuteur.Imaginer faire fonctionner cette flotte au bioGNV est arrivé plus tard : « Nous avons pris la décision au cours de l’année 2021, avant le début des travaux. Ca nous a semblé cohérent par rapport à notre activité. C’est vraiment une particularité de notre unité. Nous la mettons en avant dans nos communications quand nous décrivons ce que nous faisons ». Un autre point peu courant chez les méthaniseurs : « De 15 à 20 % de notre consommation électrique sont autoproduits à partir de panneaux photovoltaïques installés en toiture et sur le sol. Par anticipation, nous avons même déjà deux bornes de recharge pour voitures électriques sur notre parking ».
Le nombre de camions a aussi évolué dans le temps : « Aujourd’hui, nous avons quatre tracteurs routiers Iveco identiques fonctionnant au GNV. En cas de panne sur l’un, ils sont interchangeables en fonction des urgences. L’entretien est contractuel. Nous avions aussi pensé à un autre constructeur, mais nous avons fait le choix de celui qui était capable de nous livrer les véhicules au bon moment. La prise de contact a été facilitée par l’un des agriculteurs du groupe qui a auparavant travaillé dans les matériaux agricoles ».
La flotte devait être un peu plus importante au départ : « Nous avions pensé à deux semi-remorques citernes et trois porteurs Ampliroll [NDLR : Sur un camion, l’Ampliroll est un bras hydraulique muni d’un crochet pour hisser ou débarquer des bennes munies de grosses roulettes métalliques à l’arrière]. Il a même été question à un moment d’avoir six camions. Finalement, nous en avons deux de chaque ».
Cette réduction à quatre véhicules est justifié par un choix effectué en interne : « Nos camions Ampliroll sont aussi des tracteurs à semi-remorque et non des porteurs. A la place de caisson 16-17 tonnes, nous avons demandé une réalisation sur mesure plus grande pour 40 m³ de gisement léger, soit 20-24 tonnes ».
Le premier camion qui est revenu sur le site, juste au moment de notre arrivée, était justement chargé d’un caisson. Avant d’entrer dans l’enceinte, il est monté sur la balance pour la pesée des intrants : « Chaque camion peut parcourir jusqu’à 300 kilomètres par jour. Ils effectuent sept à huit rotations dans un périmètre de l’ordre de 12 km. Les caissons sont chargés avec les fumiers de bovins, de volaille et une part marginale de caprins ». Ces camions peuvent aussi ramener des Cives : « Les agriculteurs en stockent à l’année chez eux. Nous avons aussi un stockage sur place. Pour les surfaces les plus proches, les agriculteurs nous les amènent directement eux-mêmes ».
Ce qui n’empêche pas la prospection : « Nous nous faisons connaître comme société disponible sur le territoire pour valoriser les sous-produits. Dans le respect de nos obligations sanitaires, nous pourrons recevoir de la matière agro-alimentaire. Ce seront cependant des camions externes qui nous les apporteraient ». Dans l’autres sens, les camions à caisson de Oudon biogaz se chargent du digestat solide, sous-produit de la méthanisation.
Les deux camions citernes endossent le même double rôle : « Mais avec des matières liquides. Les intrants, ce sont surtout des lisiers récupérés chez des producteurs laitiers. Dans l’autre sens, ces citernes d’un modèle standard livrent le digestat liquide ».
Oudon biogaz est en train de finaliser son réseau de stockage : « C’est un stockage déportés. Les prestataires d’épandages viendront récupérer ce digestat pour l’amener sur les sites. Procéder ainsi permet de minimiser les trajets. Pour une bonne valorisation sans perte agronomique, l’épandage se fait avec des outils enfouisseurs ou pendillards ».
En avril 2022, il avait été indiqué 140 000 tonnes d’intrants à l’année et, en digestats à la sortie, 113 500 tonnes sous forme liquide et 32 500 tonnes en solide : « Ce sont des chiffres prévisionnels toujours d’actualité. Il nous faut encore quelques mois de fonctionnement pour les valider ». Et les chauffeurs ? « Ce sont des salariés de l’entreprise. Ils sont six en tout, dont deux sont polyvalents, assurant les rotations pour des remplacements ou pendant les astreintes. Tous ces chauffeurs ont dû s’adapter aux camions GNV. Du fait d’un couple un peu moindre, comme avec un moteur essence, ils ont une conduite davantage dans l’anticipation. Le constructeur a assuré une formation de mise en route. Il l’aurait aussi fait avec de nouveaux modèles diesel ».
Station privative
Régis Cournez a déjà une idée assez précise de la consommation en bioGNV des camions Iveco de l’entreprise : « Elle est de 35-40 kilos pour 100 km. L’autonomie est comprise entre 400 à 450 km. Ce qui fait que le soir, les réservoirs contiennent encore 30 à 40 % de gaz ». Le plein est effectué sur place : « Nous avons une station fournie et maintenue par GN Drive. Elle présente cinq points de charge lente. Lorsque les deux compresseurs tournent, l’avitaillement complet et simultané des quatre camions prend quatre à cinq heures. Le volume mensuel délivré par notre station est de l’ordre de douze tonnes de gaz ». Ce dernier ne vient cependant pas directement de l’unité de méthanisation à quelques pas : « Nous injectons sur le réseau, et c’est le réseau qui alimente la station. Nous aurions pu avoir une architecture en autoconsommation, mais ça posait un problème. Comme nos camions vont sur la voie publique, il faut que le gaz soit odorisé afin de détecter de potentielles fuites ». Le responsable du site assure toutefois que le carburant qui va dans le réservoir des camions de l’entreprise est bien du bioGNV : « Notre capacité couvre largement la consommation du pays de Craon où se trouve un rebours et d’autres unités injectent également dans ce réseau. Ce qui fait que tout le gaz que nous prenons vient de notre production, ou éventuellement des autres méthas du secteur ».Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Régis Cournez pour son accueil sur le site et le temps pris à répondre à nos questions. Un grand merci également à Henry Le Goas, chargé de projets biométhane pour GRDF, qui a facilité à notre demande l’organisation de cette visite.
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