Méthanisation, stations bioGNV : La Mayenne accélère sur le biogaz

Méthanisation, stations bioGNV : La Mayenne accélère sur le biogaz
L'inauguration de la station GNV Endesa de Changé
A deux jours d’écart, GRDF et Territoire d’énergie Mayenne ont participé à 2 événements majeurs autour du biogaz : lancement officiel des travaux de la plus importante unité de méthanisation du département, et inauguration de la station GNC/bioGNC de Changé.
 
On n’imagine pas toujours que la pose d’une première pierre ou la mise en service d’un établissement marque l’aboutissement d’un parcours du combattant qui s’est étalé sur plusieurs années. Recherche du foncier idéal, changement de site en cours de route, oppositions plus ou moins justifiées, travaux d’extension de lignes sur plus de 10 km, lourdeurs administratives, etc… Les 72 éleveurs et agriculteurs du pays de Craon qui portent le projet Oudon biogaz ont connu tout cela. Ce mercredi 27 avril 2022, ils pouvaient être fiers d’avoir tenu bon pendant 11 ans.
 
Pour autant, avant d’arriver à distribuer du bioGNV à proximité de Livré-la-Touche, où les vannes de la méthanisation devraient s’ouvrir avant la fin de l’année 2023, il s’écoulera un peu de temps. Par l’intermédiaire de son président Richard Chamaret, Territoire d’énergie Mayenne nous a indiqué que le projet d’une station d’avitaillement à Craon est toujours d’actualité. Ce programme que l’on pourrait qualifier de complémentaire a pris du retard. Il en est encore au stade de la recherche du foncier.
 

Une future production annuelle de 55 GWh

Actuellement, les unités de méthanisation mayennaises de Château-Gontier, Meslay-du-Maine, Méral et Chammes produisent annuellement 60 GWh de biométhane.
 
A elle seule, celle portée par la SAS Oudon biogaz créée en juin 2013 doublera presque ces chiffres, avec ses 55 GWh. L’installation a été dimensionnée pour sortir jusqu’à 660 Nm3 à l’heure de biogaz, ramenés à 600 Nm3 en régime de croisière. De quoi alimenter 9 000 logements neufs ou couvrir 80 % des besoins domestiques du pays de Craon. Et ce, en supprimant 14 000 tonnes d’émissions carbonées, soit l’équivalent des gaz à effet de serre libérés par 5 500 voitures à moteur thermique qui parcourraient 20 000 km/an.
 
Deux autres sites sont en cours de construction, pour un total de 19 projets. A échéance 2025, le quart du gaz vert consommé dans le département devrait être produit localement.

 

24 km de réseaux supplémentaires

A ce jour, GRDF a réalisé 24 km de réseaux dans le sud de la Mayenne pour un investissement avoisinant les 2,2 millions d’euros. Réalisées par des entreprises locales, ces extensions permettent l’injection du biogaz produit dans les unités de méthanisation. Ce qui évite le transport de ce produit par des camions bien moins vertueux pour l’environnement.
 
Dit ainsi, tout cela paraît simple. Richard Chamaret a cependant souligné : « Ajouter des tuyaux pour livrer du gaz n’était pas un problème il y a 11 ans. Mais demander à cette époque-là des extensions pour aller chercher du gaz dans les sites de méthanisation était une nouveauté, source de complication ». Pour le projet Oudon biogaz, il était au départ question d’une ligne de 17 km à construire. Une distance qui a été réduite grâce à l’ouverture d’autres sites entre temps.
 
« Les productions étant locales et réparties sur le territoire, il est nécessaire d’interconnecter les zones de consommation afin de permettre au gaz produit d’être acheminé là où il est consommé, en remplacement d’un gaz majoritairement fossile », explique GRDF.

 

Une enveloppe financière diversifiée

Oudon biogaz a bouclé sa recherche de fonds estimée à environ 26 millions d’euros. Cette enveloppe a pu être constituée grâce aux externalités positives que cumule le projet et qui ont été mises en avant par les acteurs présents à la cérémonie officielle de lancement des travaux. Elle va permettre d’implanter, sur un terrain d’une superficie de 5 hectares, 2 lignes de traitement séparées par un mur en béton d’une hauteur de 3,5 m. L’une d’elles sera réservée aux produits d’origine bio ou assimilables, afin d’obtenir après méthanisation un digestat exploitable avec ces cultures.
 
Ter'Green 1 000 000 €
SEM Energie Mayenne 220 000 €
ADEME 800 000 €
Région 800 000 €
Département 200 000 €
Financement participatif 750 000 €
Prêts bancaires 20 000 000 €
 
Le président de Territoire d’énergie a évoqué en externalités positives dans le pays de Craon : « la valeur ajoutée pour les agriculteurs engagés, la baisse des émissions de GES, une meilleure souveraineté énergétique, la possibilité de faire rouler au biogaz les camions qui entreront et sortiront du site ».
 
Hervé Nicolas, président de la SAS Oudon biogaz, a ajouté « les déplacements moins impactants pour gérer le fumier, l’absence de ruissellement et de pollution en traitant la matière organique lorsqu’elle est fraîche, la gestion collective de l’épandage, le sentiment d’être acteur de la transition énergétique ».
 
A la tête de Ter’Green, Aurélien Lugardon a mis en avant, « la réduction des risques de superfertilisation des cultures, la baisse du recours aux engrais chers et produits à l’étranger, la bonne assimilation du digestat par les plantes, la suppression des émissions de méthane dans l’atmosphère lorsque les effluents sont déposés et laissés un temps indéfini au bout des champs ». Et n’oublions pas la création d’une dizaine d’emplois.

Une situation idéale

Le lieu-dit La Garenne, qui dépend de la commune de Livré-la-Touche, bénéficie d’une situation idéale. Placé au milieu des champs et de zones boisées, il est bien desservi par une route départementale qui pourra absorber les 2 à 4 camions à l’heure qui effectueront des rotations sur le site pendant les 5 jours hebdomadaires de travail. Ces engins appartiendront pour la plupart à la SAS.
 
Les 72 exploitants réunis autour du projet sont installés dans un rayon moyen de 10 kilomètres. Ils fourniront 87 % de la matière organique entièrement d’origine agricole, principalement des lisiers, fumiers et fientes. Le solde proviendra d’agriculteurs tiers qui complèteront les volumes des déchets végétaux et cultures spécifiques. Le tout devrait représenter à l’année 140 000 tonnes. En sortie, sur la même période, après soumission pendant une heure à un processus d’hygiénisation à 70° C : 113 500 tonnes de digestats liquides + 32 500 tonnes solides. 

Le GNV en Mayenne

Dans le département 53, la première station GNV/bioGNV a été mise en service au printemps 2019 à Château-Gontier. Deux ans plus tard, Territoire d’énergie Mayenne annonçait l’extension du réseau pour la fin de l’année dernière avec les sites de Changé et Aron. Soumis à un peu de retard sur le calendrier, ils ont été respectivement ouverts le 14 février et le 18 mars derniers, avec une disponibilité 24/7 assurée par Endesa.
 
Localisé dans la zone d’activité des Dahinières, entre Laval et la A81, la station GNV de Changé peut accueillir jusqu’à 10 poids lourds par heure. Ses distributeurs NGV1 sont également accessibles aux véhicules légers - utilitaires comme voitures particulières. Le plein en GNC ou bioGNC peut être réglé par carte bancaire, DKV, Romac Fuels, ou avec le badge de l’opérateur. Comme les syndicats d’autres départements, Territoire d’énergie Mayenne « a assuré une maîtrise d’ouvrage là où l’offre privée n’était pas présente ».

 

Vers des stations multi-énergies

Derrières les sites de Château-Gontier-sur-Mayenne, Changé et Aron se cachent 3 futures stations multi-énergies vertes. Ils ont été pensés pour accueillir ultérieurement un distributeur d’hydrogène et un superchargeur pour véhicules électriques à batterie.
 
Cette architecture devrait être reproduite pour les 4 futurs établissements. A l’été 2021, il était question d’implantations dans les communautés de communes des Coëvrons, de Meslay-Grez, de l’Ernée, et du Pays de Craon. Lorsque cette dernière sera mise en service, l’unité de méthanisation de Livré-la-Touche prendra une autre dimension. Les résidents apprécient de pouvoir concrètement associer les unités de méthanisation avec des consommations locales.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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