Comment GNVair booste le bioGNV dans les Vosges

Comment GNVair booste le bioGNV dans les Vosges
Le département des Vosges est très dynamique concernant la méthanisation. Pourtant, les deux seules stations d’avitaillement, dont l’une vient d’être officiellement inaugurée ce 4 mars 2025, ont été ouvertes par GNVair. Derrière cette distribution, une exploitation agricole qui s’est diversifiée dans plusieurs directions. Petite histoire de la ferme du Pichet, par Mathieu Laurent.
 
L’activité première de la ferme du Pichet installée sur les terres de la commune vosgienne de Norroy, c’est l’élevage de vaches laitières : « Nous avons 110 bêtes. La méthanisation nous a aidés à passer en bio. Nous en avions déjà l’idée, mais grâce à cette diversification, nous avons un moyen de traiter les mauvaises herbes qui entrent dans le digesteur, et obtenons en sortie un engrais naturel. Aujourd’hui nous pouvons dire que nous avons une ferme 100 % autonome ».
 
On sent surtout qu’il y a une équipe de passionnés qui gère un site très complet et très attaché à l’environnement et au pays. Ce mot « Pays » qui a donné le nom aux paysans, ceux qui entretiennent le pays. Ici on pratique, par exemple, l’agriforesterie.
 
Alors que des exploitants suppriment tout ce qui peut séparer les parcelles pour aller plus vite avec les machines agricoles, à la ferme du Pichet plus de 4 km de haies ont été plantées en 5 ans, car elles abritent les vaches et servent de zone de transit pour la faune locale. En 2016, le site a été pionnier pour limiter l’impact carbone de l’élevage. Quatre ans plus tard et afin d’aller plus loin encore dans les actions pour l’environnement, l’établissement a passé la certification HVE (Haute valeur environnementale).
 

Démarrage en 2018

Elevage bovin, culture céréalière (blé, maïs, orge, sarrasin), méthanisation, production solaire et de chaleur, distribution de bioGNV, hébergements (chambres d’hôtes, camping, gîte insolite), accueil pédagogique de groupes, fromagerie : Autant d’occasion d’effectuer un petit détour par Norroy.
 
L’activité de production de biogaz a démarré en 2018 : « Nous sommes agriculteurs, mais nous n’arrivions pas à vivre de notre métier. C’est pour cela que nous nous sommes diversifiés. Concernant la méthanisation, nous avons cherché des partenaires : certains se sont montrés frileux ». Un rapprochement bénéfique a cependant pu se faire : « Nous nous sommes associés à l’entreprise ABCDE Organique qui valorisait les matières par compostage. Ils ont démarré leur activité en même temps que nous la méthanisation. Leurs camions tournent à 80 km à la ronde pour collecter les biodéchets des cantines, de l’industrie agroalimentaire, des hôpitaux, des supermarchés. Dans ces derniers, ils récupèrent des fruits, légumes, les boîtes abîmées, les produits aux dates dépassées, etc. ».
 
Le partenariat est aussi profitable à ABCDE : « Quand ils faisaient de la valorisation par compostage, ils devaient retourner la matière quatre fois et recevaient 10 euros de la tonne. Là, avec moins de travail, la tonne est valorisée 40 euros. L’unité de broyage dédiée est installée à proximité de notre méthaniseur. Leur activité s’est développée plus vite qu’ils le pensaient, au point d’avoir à traiter maintenant 20 000 tonnes de biodéchets par an ».


 

De la cogénération au bioGNV

Seule une partie des 20 000 tonnes de biodéchets collectés par ABCDE alimente l’unité de méthanisation : « Chaque année, le digesteur reçoit 6 000 tonnes d’effluents d’élevage en provenance de la ferme et 5 000 tonnes de biodéchets de ABCDE. Les 15 000 tonnes restantes sont dirigées vers d’autres méthaniseurs du secteur. Il y en a 45 dans les Vosges : c’est le deuxième département de France à ce sujet. Quasiment tout le monde est en cogénération. Au-delà de la limite d’injection prévue par contrat - 450 kilowattheures électriques par an pour nous -, les producteurs ne sont pas payés ».
 
Ce qui a décidé Mathieu Laurent à distribuer du bioGNV : « Nous avons ouvert notre première station GNVair en 2023 à côté de chez nous. Elle est située au bord de la route en pleine campagne, sur la commune de Mandres-sur-Vair. Comme elle est accessible depuis deux sorties de l’autoroute A31, 10 à 15 voitures d’automobilistes étrangers s’avitaillent ici les week-ends. Ce sont principalement des Allemands, Belges et Néerlandais qui ne trouvent pas d’autres stations ailleurs ».
 
Les appareils de distribution sont alimentés directement par l’unité de méthanisation, sans passer par le réseau national : « Comme c’est notre propre gaz, il n’y a pas toutes les habituelles taxes. Ce qui nous a permis de promettre jusqu’en 2028 un prix de 1,60 euro le kilo de bioGNV. C’est une petite station avec une capacité de 15 kg à l’heure qui peut alimenter 2-3 camions par jour. Au bout de six mois, elle était déjà saturée ».

 

Les véhicules gaz de la ferme et de la métha

Si la station de Mandres-sur-Vair est ouverte au public avec la possibilité de payer avec une carte bancaire, elle sert aussi déjà aux véhicules de la ferme, de l’unité de méthanisation et de l’équipe : « Tous nos camions fonctionnent au bioGNV. Ils sont quatre pour la collecte des biodéchets. Ce qui est un atout pour remporter des appels d’offres. Au niveau des tarifs, on ne peut pas se battre contre des entreprises comme Veolia. En revanche, nous faisons la différence au niveau technologique ».
 
Quand une limite ou un problème s’oppose à lui, Mathieu Laurent trouve toujours un moyen de la ou le gommer : « Nous utilisons aussi des voitures au gaz. Nous avons sur place des Citroën C3, Seat Leon et Arona, Fiat Doblo, Volkswagen Caddy et une Skoda. Nous ne trouvions personne dans les environs pour les réparer. C’est pourquoi, quand un garage s’est ouvert pas très loin de chez nous, nous lui avons demandé d’être agréé par Borel ».
 
A l’usage, ces véhicules sont appréciés : « Nous sommes super contents de ces voitures qui fonctionnent très bien et consomment peu. Il faut cependant s’organiser quand on veut aller plus loin, car beaucoup de stations ne sont pas correctement maintenues et sont régulièrement en panne, comme à Nancy et Metz. Pour la ferme, nous allons bientôt recevoir un tracteur New Holland au gaz. Nous avions déjà eu l’occasion d’en expérimenter un ».

 

Deuxième station à Vittel

Inaugurée ce mardi 4 mars 2025, une nouvelle station GNVair est accessible à Vittel, avenue Georges Clémenceau : « Elle est ouverte depuis novembre dernier et peut avitailler 70 poids lourds par jour. Pour elle, nous avons eu du mal à trouver un emplacement. Finalement, Nestlé Waters nous met à disposition gratuitement un petit bout de terrain sur leur site où passent chaque jour 180 camions. L’entreprise fait tout son possible pour que les transporteurs adoptent des modèles fonctionnant au bioGNV ». Ce qui devrait faire monter progressivement les chiffres de fréquentation de la nouvelle station : « Le succès n’est pas encore au rendez-vous, mais ça devrait démarrer au cours de l’été. Pour ce site qui tire le gaz du réseau, nous affichons actuellement un prix du kilo à 2 euros ».
 
Que de chemin parcouru depuis le lancement de l’unité de méthanisation où quelques oppositions ont pu se faire entendre au tout début ! « Nous avons su retirer la peur des habitants des villages environnants en faisant un peu de pédagogie. Pour chaque village, nous avons organisé des portes ouvertes dédiées ».


 

Cap sur la pédagogie

La pédagogie est bien présente à la ferme du Pichet qui reçoit des groupes scolaires : « Il y a une cinquantaine de collèges autour de nous. Les élèves visitent la ferme et l’unité de méthanisation pour qu’ils voient où atterrissent et sont valorisés les déchets qui viennent de leur cantine ».
 
Sur le site Internet de GNVair, on peut d’ailleurs lire qu’à l’année, les biodéchets provenant de 100 élèves qui mangent dans leur établissement scolaire, d’une vache et d’un hectare de parc municipal totalisent trois tonnes de matières qui permettront de faire rouler au bioGNV une voiture sur 10 000 km.
 
Tous types de publics sont accueillis sur place : « En 2024, nous avons reçu 7 000 personnes, 6 jours sur 7, venant aussi d’écoles primaires, de centres spécialisés pour adultes ou pour migrants, de maisons de retraite, etc. Pendant les vacances, ce sont des familles qui viennent. Des anniversaires peuvent être organisés sur place avec des activités diverses comme la production de savon avec du lait de vache ou de farine ».
 
Petite nouveauté : « Nous venons d’ouvrir une fromagerie avec laquelle nous produisons, par exemple, du camembert, du munster et des fromages pour les raclettes et tartiflettes. Elle est alimentée avec notre gaz que nous allons chercher à la station en remplissant des racks Cargaz ».
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Mathieu Laurent pour son accueil téléphonique et le temps pris à répondre à nos questions.

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