IDEA Transport : « On ne peut plus repousser la transition écologique »

IDEA Transport : « On ne peut plus repousser la transition écologique »
Depuis 6 ans, le Groupe IDEA fait rouler des camions au GNC pour le transport de marchandises entre Nantes et Saint-Nazaire. Un engagement pas toujours simple à suivre, mais l’entreprise tient son cap. Frédy Courilleau, le Directeur de la filiale IDEA Transport, répond aux questions de Gaz Mobilité.  
IDEA, qu’est-ce que c’est ?

Frédy Courilleau : Le Groupe IDEA contient cinq pans d’activité : la logistique, le vrac, l’emballage, la protection de biens et le transport industriel. IDEA Transport est une de ces filiales, qui réalise 26 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à ses 182 salariés, en proposant des prestations de transport routier en France et en Europe.

À quand remonte l’intérêt d’IDEA pour les véhicules roulant au gaz naturel ?

Frédy Courilleau : La politique RSE d’IDEA a amorcé ce changement de carburant il y a 6 ans. À l’époque, le Groupe a commandé deux camions de première génération de gaz naturel comprimé (GNC), pour tester. Quand je suis arrivé il y a deux ans, cela coïncidait avec la mise en route de notre Plan Stratégique à horizon 2025. Un plan en totale adéquation avec ma suggestion de décarbonation de la flotte. Nous voulons vraiment contribuer à la diminution de l’impact carbone du secteur du transport routier. Cela fait 27 ans que je suis dans le métier, 27 ans qu’on repousse la transition écologique, ce n’est plus possible. Nous avons décidé d’avancer là-dessus.


Quelle technologie utilisent vos véhicules GNV ?

Frédy Courilleau : Après de multiples entretiens avec des constructeurs et d’autres transporteurs, nous avons réalisé que le GNC était la technologie la plus adaptée pour nos trajets courts. Mais hors de question de se contenter de GNC classique, qui n’a de naturel que le nom. Si on y va, allons-y franchement, et utilisons du biométhane. Une station de bioGNC était en train d’ouvrir au pied du pont de Saint-Nazaire, deux autres sont présentes à Nantes, cela nous suffit pour couvrir les besoins en zones courtes. Malheureusement, pour les plus longues distances, il faudra attendre que l’autonomie des véhicules s’améliore.

Quelle est la taille de la flotte IDEA Transport ?

Frédy Courilleau : Aujourd’hui, nous avons 155 moteurs pour 400 châssis. Sur ce nombre, onze véhicules roulent au bioGNC depuis cette année, et nous en avons acheté 12 autres qui seront livrés début 2024, dont quatre avec des réservoirs plus grands. On espère, avec l’évolution de la technologie, pouvoir remplacer davantage de véhicules gazole par des modèles GNC.

Vos clients et vos chauffeurs sont-ils satisfaits des performances des camions GNC ? Sont-ils demandeurs ?

Frédy Courilleau : Depuis la première mise en circulation en juin 2022, les retours des conducteurs sont bons. Ils sont agréablement surpris par la linéarité de l’énergie, qui est entre celles du gazole et de l’électrique du point de vue de l’arrachage et de l’inertie. En revanche, tout le monde est déçu par l’autonomie.

Côté clients, pour le moment, les chargeurs ont tendance à penser que c’est aux transporteurs de s’occuper de la décarbonation. Il y a donc peu de demande directe de transport au gaz. IDEA Transport propose systématiquement la solution classique au gazole et la solution bioGNC. Pour les zones ultra-courtes, on propose aussi l’électrique pour les porteurs, mais cette solution n’est jamais choisie car trop chère.
 
Du côté du bilan carbone, nous sommes très satisfaits de la transition. Les Iveco S-Way et Scania G410 A4x2NA permettent de réduire de 70 à 85 % les émissions de CO2, et la quasi-totalité des émissions de NOx et de particules fines.


Quels-sont les projets d’IDEA Transport pour poursuivre sa décarbonation ?

Frédy Courilleau : Notre plan de marche est de renouveler entre 10 et 15 camions par an, en remplaçant les moteurs diesel par des moteurs GNC. Je ne vais pas vous cacher que nous sommes très déçus de la hausse des prix du gaz, non pas pour le principe de payer plus, mais parce que c’est totalement illogique. On achète du biogaz fabriqué à proximité, et on subit les augmentations du gaz fossile qui vient de loin. Il est grand temps de décorréler les deux, car ça n’a rien à voir ! Surtout que le bioGNC est déjà plus cher par définition, donc pour résumer, si un transporteur fait le choix d’utiliser une énergie moins polluante, il paye ce choix deux fois.

Certains clients acceptent de payer, mais d’autres ne peuvent pas supporter ce surcoût. Il y a deux ans, on payait moins d’un euro par kilo de GNC, aujourd’hui c’est 2,61 €. Même si je pense que cette situation est conjoncturelle et pas structurelle, j’appelle la décorrélation de mes vœux.

 
 

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Adeline ADELSKI Adeline ADELSKI
Journaliste
Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans ce domaine.

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