Quelle place pour le biogaz dans le secteur fluvial ?

Quelle place pour le biogaz dans le secteur fluvial ?
illustration : projet Green Deliriver
Depuis plusieurs mois, les initiatives autour du biogaz se multiplient dans le secteur fluvial. Gaz-mobilité revient sur le développement de la filière avec les représentants de Voies Navigables de France (VNF).

Alors que le GNL s’impose comme l’une des principales alternatives dans le transport maritime, le gaz naturel monte également en puissance dans le secteur fluvial où il figure parmi les solutions étudiées par les équipes de VNF.

La bonne techno pour le bon usage

« L’objectif de VNF, c’est d’accompagner les opérateurs fluviaux dans leurs choix. Nous travaillons actuellement sur la modélisation de la flotte à horizon 2030 et 2050 et avons préparé une feuille de route avec l’IFPEN où l’on regarde tous les paramètres : économique, analyse du cycle de vie…  Pour le gaz, ce qui est intéressant ce sont les CAPEX par rapport à d’autres solutions comme l’hydrogène. C’est également moins compliqué en termes de formation et plus facile à intégrer » explique Cécile Cohas, Responsable mission recherche innovation au sein de VNF.

« Le biogaz est plutôt intéressant en tant que prolongateur d’autonomie ou pour remplacer une motorisation thermique. Il ne se prête pas à tous les usages ni à tous les types de bateaux » avertit-elle. « Il faut de la place et pour cela il ne faut pas que les bateaux embarquent des choses trop volumineuses. Typiquement, un porte-conteneur au gaz n’est pas très réaliste. A l’inverse, quand on transporte du pondéreux comme les céréales ou des produits issus du BTP, ça peut être intéressant car il y a de la place ».

Des initiatives concrètes

Si la France ne compte pas encore de déploiements concrets, les projets autour du biogaz se multiplient. « Sur la Seine, il y a celui des bacs de Seine où le rétrofit a été étudié de façon assez approfondie (en lien avec le cabinet 2C-Consulting ndlr). Ensuite, il y a le projet Green Deliriver, fruit d'un consortium réunissant différents partenaires (Segula, TotalEnergies, GRDF, ADEME etc...), qui au début devait être à l’hydrogène et qui est maintenant au gaz » explique la représentante de VNF.

Le projet GreenDeliriver

En Auvergne Rhône Alpes, c’est un projet mené avec Vicat, TotalEnergies, VNF et l’architecte naval Ship ST qui occupe les équipes de VNF. « Il s’agit d’un projet de remotorisation d’un bateau pousseur qui appartient à la société Vicat dont le site se trouve à Jassans, non loin de Villefranche sur Saône. Sur quelques kilomètres à peine, le bateau assure le transport de matériaux. L’idée est de faire un démonstrateur de bateau qui fonctionnerait au gaz » nous explique Mathieu Verriere de la Direction Territoriale Rhône Saône de VNF. « Nous avons lancé au printemps une étude de faisabilité avec Ship ST. Nous arrivons aujourd’hui au bout avec plusieurs possibilités : mettre un moteur neuf ou rétrofiter les moteurs actuels. Sur le neuf, on a plusieurs opportunités mais il subsiste des difficultés réglementaires.  Aujourd’hui, il n’y a pas de réglementation dédiée au gaz comprimé dans le fluvial » détaille le représentant de VNF.

Autre problématique avancée par le responsable de VNF : celle du coût. « Aujourd’hui, il n’existe pas de moteurs gaz marinisés sur des plages de puissances comprises entre 100 et 300 kW. Cela signifie qu’il faut les faire homologuer. Cette homologation à un coût. Sur des projets d’innovation, il peut y avoir des aides publiques mais il faut aller les chercher… ».

En matière d’autonomie, les réservoirs ont été dimensionnés pour tenir deux jours. « L’idée reste de faire un plein tous les soirs. Au départ, nous envisagions de profiter d’une station à bord d‘eau située à Villefranche-sur-Saône (opérée par AS24 ndlr). Finalement, nous avons imaginé un schéma dans lequel Vicat installerait sa propre station sur son domaine ».

Quelles sont les prochaines étapes du projet ? « On espère se décider sur le lancement du projet d’ici à la fin de l’année, l’objectif étant de rééquiper le bateau pour début 2024 » répond notre interlocuteur.

Aussi de l’hydrogène

Sur la question de l’hydrogène, les équipes de VNF sont également actives sur plusieurs projets. L’un des plus emblématiques est le programme « Zulu », mené avec la CFT (Compagnie Fluviale de Transport) dans le cadre du consortium européen Flagship.

« L’idée, c’est que ce démonstrateur opère une ligne de fret de CFT. Les tests sont en cours et cela s’avère plus complexe que prévu. Il n'existe pas aujourd’hui de gros bateaux à hydrogène et le projet n’est encore homologué » nous résume Cécile Cohas.

A préciser que le projet « Zulu » s’inscrit dans un programme beaucoup plus large. Baptisé « Promovan H2 » (PROpulsions et MOtorisations innoVANtes pour des bateaux fluviaux) et lancé en 2021, celui-ci vise à développer au bénéfice de la filière un ensemble de 7 démonstrateurs représentatifs des différentes applications du domaine fluvial.

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Michaël TORREGROSSA Michaël TORREGROSSA
Rédacteur en chef
Persuadé que la mobilité du future sera multi-énergies, Michaël est le rédacteur en chef et fondateur de Gaz Mobilité.

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