En Ile-de-France, Sigeif Mobilités poursuit le développement de son réseau GNV

En Ile-de-France, Sigeif Mobilités poursuit le développement de son réseau GNV
Depuis une centaine d’années, le Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France (Sigeif) développe sur le territoire francilien la distribution et l’usage du gaz. En novembre 2016, il a inauguré une station GNV à Bonneuil-sur-Marne (94). Une société d’économie mixte a depuis été créée, Sigeif Mobilités, qui est chargée de déployer un réseau d’avitaillement. Son directeur général, Jean-Michel Philip, fait le point avec Gaz Mobilité sur les évolutions depuis notre précédent entretien, en mars 2017.
 

Une délégation courte qui touche à sa fin…

« Pour cette station de Bonneuil-sur-Marne construite par le Sigeif, nous avions prévu une délégation courte de service public, emportée par Endesa à la suite d’un appel d’offres. Seulement 3 ans pour permettre la revente de l’établissement à la SEM Sigeif Mobilités qui n’existait pas encore », explique Jean-Michel Philip.

Avec 2 nouveaux distributeurs et une plus grande puissance de compression, les travaux pour la partie gaz seront terminés avant le terme de la délégation fixé en novembre prochain.
 

Suivie d’une délégation exceptionnellement longue

« La SEM a déjà lancé une consultation pour la prochaine délégation qui s’étendra sur 18 ans », précise Jean-Michel Philip.

Pourquoi cette durée exceptionnellement longue ? « Nous avons décidé d’implanter désormais des chargeurs très rapides 100 ou 150 kVA pour véhicules électriques dans nos stations d’avitaillement GNV. Le marché pour ces nouvelles infrastructures sera attribué en septembre prochain, avec des travaux qui commenceront en novembre. Le modèle économique varie ainsi du projet initial, la rentabilité des bornes de recharge étant plus long à atteindre. D’où une durée de délégation plus importante », répond le DG de Sigeif Mobilités.
 

Des opérateurs intéressés pour gérer les 2 énergies

Ne va-t-il pas être compliqué de trouver des opérateurs qui s’intéressent à la fois au GNV et à la recharge des véhicules électriques ? « Non, de plus en plus de grands noms sont déjà engagés dans la mobilité GNV et la mobilité électrique, tels Total, Picoty, Endesa, Proviridis ou GNVert », rappelle Jean-Michel Philip.

« La station de Bonneuil-sur-Marne va devenir la première station multi-énergies de Sigeif Mobilités », met-il en avant. « Nous sommes actuellement en train de modifier les statuts de la SEM pour inclure la recharge des véhicules électriques et aussi anticiper la livraison d’hydrogène », complète-t-il.
 

Une fréquentation qui grimpe fortement

« Nous sommes en pleine montée en puissance de la station de Bonneuil-sur-Marne. Nous nous attendons à délivrer plus de 1.000 tonnes de GNV par an dès la fin de cette troisième année d’exercice », rapporte Jean-Michel Philip. « Et nous sommes partis de rien, puisque nous n’avions pas de contrat avec des transporteurs au départ », précise-t-il.

Et maintenant ? « Nous avons des contrats avec de gros, et même de très gros clients. Les 3 principaux sont TAB Rail Road, Veolia pour le dépôt de bennes à ordures ménagères de Bonneuil, et Smovengo, l’opérateur de Vélib’ Métropole, dont les véhicules de service fonctionnent au GNV », liste le DG de la SEM.
 

Des particuliers aussi

« Nous accueillons de plus en plus de petits clients qui viennent de passer au GNV, et parmi eux des particuliers », révèle Jean-Michel Philip.

Quelle est la part du volume de GNV délivré pour ces derniers à la station de Bonneuil-sur-Marne ? « Environ 5%, ce qui correspond au volume des ventes avec paiement par carte bancaire. Les professionnels, eux, font le choix du contrat qui leur assure un meilleur tarif », évalue le dirigeant.
 

Stations à venir

Quels sont les sites où les prochaines stations de Sigeif Mobilités seront mises en service ? « En septembre ou octobre prochains, nous comptons ouvrir la station de Wissous avec Endesa, puis celle de Gennevilliers avec Total en décembre. Mi-2020, le contrat sera attribué pour celle de Noisy-le-Grand. Il y aura aussi la station multi-énergies du pont de Grenelle, à Paris, au pied de la Maison de la radio, qui délivrera en particulier du bioGNV. Des contrats sont déjà signés ou en cours de signature pour des terrains où s’élèveront d’autres stations », aligne Jean-Michel Philip. « Dans 4 ans, la dizaine d’établissements prévus au départ du projet seront en service », assure-t-il.
 

Projet Olympic Energy

« Dans le cadre du projet Olympic Energy, nous allons recevoir une subvention de l’Europe à hauteur de 20% des investissements pour la construction de 8 autres stations, soit 2,4 millions d’euros », chiffre Jean-Michel Philip. « Ce projet est mené avec 2 transporteurs, Fraikin et TAB Rail Road qui vont acquérir respectivement 300 et 30 poids lourds fonctionnant au gaz naturel. Un achat également subventionné pour aider à faire face au surcoût sur les prix des camions GNV par rapport aux modèles diesel », ajoute notre interlocuteur.

L’UE accorde une enveloppe de 10.000 euros par camion, soit un total de 3,3 millions d’euros pour les 330 véhicules, qui s’ajoutent aux 2,4 millions pour les infrastructures d’avitaillement.
 

Des moyens mais un foncier difficile à trouver

« Partenaire de l’opération, la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France apporte son financement pour toutes les stations. Nous avons donc les moyens financiers, mais le foncier est difficile à trouver, en particulier le long des grands axes ou a proximité des sites logistiques qui correspondent au plus gros des besoins des transporteurs », rappelle le directeur général.

« Le calendrier des projets GNV avance au rythme du foncier », illustre-t-il. « A ce sujet, le département de Seine-Saint-Denis a déjà fait un très gros travail pour identifier des sites possibles parmi les zones délaissées », tient à mettre en avant Jean-Michel Philip.
 

Des stations territoires

« Pour un bon maillage, les grosses stations stratégiques seront complétées par des stations territoire avec lesquelles la rentabilité sera plus difficile à trouver. Mais elles sont nécessaires pour permettre aux commerçants, artisans et autres petites entreprises de passer au GNV », plaide notre interlocuteur.

La rentabilité est à voir au niveau de l’ensemble du maillage, les plus grosses structures compensant les moins fréquentées. Ce qui ne décourage en rien les opérateurs qui envisagent déjà de gérer ce nouveau réseau...
 

Partager cette page
Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

A lire également

Ajouter un commentaire