Vannes ouvertes pour le plus gros site d'injection de biogaz de la Sarthe
L’ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll et 150 invités sont venus rencontrer les associés réunis autour de Bio Métha Gaz Conlinoise (BMGC). Visite guidée du site où une station pourrait alimenter ultérieurement les tracteurs des exploitants.
Dimensionnée pour injecter annuellement dans le réseau de gaz 13,8 millions de kilowattheures de biométhane, l’unité de méthanisation située au Petit Chevaigné sur la commune de Tennie « pourrait subvenir aux besoins des habitants de Conlie et Domfront-en-Champagne » près desquelles elle est située. Soit 1 200 foyers, ou de quoi alimenter en bioGNV une bonne soixantaine d’autobus.
Guillaume Emery, l’un des 10 associés agriculteurs, ne s’arrête pas là en nous présentant le site : « Au mois d’août, par exemple, la consommation des habitants de ces 2 villes ne serait pas suffisante ». C’est pourquoi BMGC accède au maillage de la métropole du Mans dont Stéphane Le Foll est le président, en plus d’être le maire de la ville. L’extension de réseau a été réalisée par GRDF. « Plus que la transition, c’est le changement énergétique qu’il faut accompagner », a souligné l’ancien ministre lors de sa prise de parole. Félicitant les 10 agriculteurs engagés autour du projet, Il a également insisté sur « le lien » qu’une telle unité de méthanisation « crée entre les campagnes et les villes ».
Ce qu’elle a déjà remarqué, c’est ce travail réalisé pour réduire le trafic routier lié à l’unité sarthoise. Depuis les 2 méthaniseurs identiques montés en parallèle, une importante pompe mobile envoie le digestat liquide directement sur les terres à traiter à proximité, grâce à un réseau privatif enterré de 6 kilomètres de canalisation. « Lors du traitement d’un champ, nous utilisons une rampe mobile de 24 mètres », nous a expliqué Guillaume Emery. « Je n’avais encore jamais vu un tel réseau d’épandage », a confié la directrice régionale de GRDF. Ce scénario évite l’habituel ballet des tonnes à lisier, réservé ici aux parcelles les plus éloignées.
Ce que Véronique Bel a également trouvé exemplaire, c’est « la rapidité » avec laquelle cette unité de méthanisation a été mise en service. Ce qu’elle chiffre à « 4 ans ». L’un des 10 associés, Vincent Blanche, est le président du Bio Métha Gaz Conlinoise. Devant les 150 invités à l’inauguration officielle, ce vendredi 2 septembre 2022, ce dernier a rappelé que l’idée du projet « est né en 2013 », avec un nouveau souffle « en 2016 ». Mais c’est vraiment en 2018 qu’il a démarré, avec, pour aboutissement, l’ouverture des vannes au début de la présente année 2022.
« Au bout de 3 ans de développement, la construction a commencé et s’est étalée sur 15 mois », a-t-il chiffré. « Nous avons dû nous former en agronomie et sur la partie juridique. Nous avons été accompagnés, par exemple, pour la rédaction des statuts », nous avait déjà confié lors de la visite Guillaume Emery. Faisant mémoire des anciens du territoire, Vincent Blanche a cependant voulu raccrocher le projet BMGC a bien plus loin sur la frise du temps : « Les prisonniers de guerre sont revenus dans les fermes d’ici avec le concept d’un gaz de fumier qu’il était possible d’utiliser pour faire avancer les véhicules, dont des autobus. Nous en sommes à nouveau là aujourd’hui. C’est un éternel recommencement ».
Avec 5,9 millions d’euros ont été construits les méthaniseurs, le hangar qui reçoit le digestat solide par petites quantités tout au long de la journée, le silo, ainsi que les systèmes d’épuration et d’hygiénisation. Le reste a principalement servi à couvrir les frais, et constituer le fond de roulement, le stock de départ, et le compte de réserve DSRA. (IMG_2561)
Véronique Bel complète : « Nous avons encore 5 autres projets d’injection dans la Sarthe. En 2025, nous devrions atteindre dans le département les 17 % de part de renouvelable. Ce pourcentage symbolique est celui que représentait encore le gaz russe dans la consommation française en début d’année ». La part du gaz renouvelable est actuellement de 3,5 % dans le département, avec une élévation prévue à 8 % pour l’année prochaine. Une trajectoire qui coiffe les objectifs nationaux fixant le niveau pour 2025 à 13-14 %.
« Pour BMGC, je me suis chargé de la pré-étude détaillée et du plan financier. J’ai accompagné les porteurs de ce projet, en fournisseur d’assistance et en maître d’œuvre. Nous réalisons nos propres cuves et armoires électriques et avons nos propres maçons », présente-t-il. « Le projet est bien passé au niveau de la population car il y a eu un gros travail d’information en amont avec les élus et les habitants des communes des 2 cantons concernés. Après avoir assuré le suivi de chantier, mes contacts avec les associés relèveront surtout de la maintenance et du SAV », complète-t-il.
« Nous pourrions nous passer de maïs, mais ça rassure les banques d’en incorporer dans les rations. Pour les cives, nous employons du seigle. Il ne prend pas la place de nos cultures. Il est semé après nos récoltes de blé de l’été, piégeant le carbone jusque dans les racines qui améliorent la composition organique des sols. D’où une réduction des engrais chimiques », explique Guillaume Emery. « Nous procédons à une opération d’hygiénisation pour éliminer les risques sanitaires. Le lisier est ainsi chauffé à 70° C pendant 1 heure, puis brassé. Avant leur incorporation, les cives sont broyées », schématise-t-il. « Formant des strates, les matières restent 90 jours dans les digesteurs, chauffées à environ 40° C [NDLR : 37° C précise GRDF dans son communiqué de presse dédié]. Nous employons pour cela du gaz en sortie, avant épuration. Il contient donc seulement 50 à 52 % de méthane, mais la chaudière est prévue pour fonctionner de la sorte, sans filtrage préalable », poursuit-il.
Lors de son intervention devant les 150 invités, Vincent Blanche s’est ainsi réjoui : « Nous produisons une énergie d’utilité publique qui ne percera plus la couche d’ozone ». Il a été calculé que désormais BMGC permettrait d’éviter l’envoi annuellement dans l’atmosphère de 2 594 tonnes d’équivalent CO2.
Sans attendre le déploiement de la station, un Fiat Doblo roule cependant déjà dans une des exploitations engagées dans le projet BMGC. Il s’agit de celle de la famille Garreau. « Nous avons tenu il y a un an à acheter cet utilitaire 3 places neuf, en liaison avec notre engagement dans Bio Métha Gaz Conlinoise », nous justifie le fils. « Pour l’instant, les 2 stations les plus proches sont à 25 km de chez nous, au Mans. Mais le véhicule est aussi équipé d’un réservoir de 20 litres d’essence. La bonbonne de gaz est, elle, dessous. Avec les 13 kg qu’elle contient, je peux effectuer environ 200 km », rapporte-t-il. « C’est le véhicule de l’exploitation. Il totalise 12 000 km au compteur. Le bioGNV, c’est écologique et c’est l’avenir. Je trouve ça agréable de me dire que je roule au gaz vert. En outre le bioGNV est moins cher que le gazole », conclut-il.
Dimensionnée pour injecter annuellement dans le réseau de gaz 13,8 millions de kilowattheures de biométhane, l’unité de méthanisation située au Petit Chevaigné sur la commune de Tennie « pourrait subvenir aux besoins des habitants de Conlie et Domfront-en-Champagne » près desquelles elle est située. Soit 1 200 foyers, ou de quoi alimenter en bioGNV une bonne soixantaine d’autobus.
Guillaume Emery, l’un des 10 associés agriculteurs, ne s’arrête pas là en nous présentant le site : « Au mois d’août, par exemple, la consommation des habitants de ces 2 villes ne serait pas suffisante ». C’est pourquoi BMGC accède au maillage de la métropole du Mans dont Stéphane Le Foll est le président, en plus d’être le maire de la ville. L’extension de réseau a été réalisée par GRDF. « Plus que la transition, c’est le changement énergétique qu’il faut accompagner », a souligné l’ancien ministre lors de sa prise de parole. Félicitant les 10 agriculteurs engagés autour du projet, Il a également insisté sur « le lien » qu’une telle unité de méthanisation « crée entre les campagnes et les villes ».
Un projet exemplaire
C’est sans doute Véronique Bel, directrice centre-ouest de GRDF, qui a trouvé les meilleurs mots pour distinguer l’unité de BMGC. Ne s’embarrassant nullement des conventions protocolaires afin d’illustrer « un besoin en soutien et simplification » pour « accélérer l’indépendance énergétique », elle a relevé 2 points majeurs qui rendent le projet du Petit Chevaigné « exemplaire ».Ce qu’elle a déjà remarqué, c’est ce travail réalisé pour réduire le trafic routier lié à l’unité sarthoise. Depuis les 2 méthaniseurs identiques montés en parallèle, une importante pompe mobile envoie le digestat liquide directement sur les terres à traiter à proximité, grâce à un réseau privatif enterré de 6 kilomètres de canalisation. « Lors du traitement d’un champ, nous utilisons une rampe mobile de 24 mètres », nous a expliqué Guillaume Emery. « Je n’avais encore jamais vu un tel réseau d’épandage », a confié la directrice régionale de GRDF. Ce scénario évite l’habituel ballet des tonnes à lisier, réservé ici aux parcelles les plus éloignées.
Ce que Véronique Bel a également trouvé exemplaire, c’est « la rapidité » avec laquelle cette unité de méthanisation a été mise en service. Ce qu’elle chiffre à « 4 ans ». L’un des 10 associés, Vincent Blanche, est le président du Bio Métha Gaz Conlinoise. Devant les 150 invités à l’inauguration officielle, ce vendredi 2 septembre 2022, ce dernier a rappelé que l’idée du projet « est né en 2013 », avec un nouveau souffle « en 2016 ». Mais c’est vraiment en 2018 qu’il a démarré, avec, pour aboutissement, l’ouverture des vannes au début de la présente année 2022.
« Au bout de 3 ans de développement, la construction a commencé et s’est étalée sur 15 mois », a-t-il chiffré. « Nous avons dû nous former en agronomie et sur la partie juridique. Nous avons été accompagnés, par exemple, pour la rédaction des statuts », nous avait déjà confié lors de la visite Guillaume Emery. Faisant mémoire des anciens du territoire, Vincent Blanche a cependant voulu raccrocher le projet BMGC a bien plus loin sur la frise du temps : « Les prisonniers de guerre sont revenus dans les fermes d’ici avec le concept d’un gaz de fumier qu’il était possible d’utiliser pour faire avancer les véhicules, dont des autobus. Nous en sommes à nouveau là aujourd’hui. C’est un éternel recommencement ».
Un engagement des associés qui a payé
Un point essentiel a permis au projet de se dérouler rapidement, c’est l’implication des associés qui ont mis ensemble sur la table 1,040 million d’euros, soit 15,3 % environ des 6,8 millions à mobiliser. Cet effort a convaincu les banques de suivre à hauteur de 75,75 % du budget. Bio Métha Gaz Conlinoise a bénéficié de 598 500 euros de subventions. L’Ademe et la région ont apporté la plus grosse part : 588 500 euros de soutien avait été voté en juillet 2020. Le conseil départemental a complété l’enveloppe de 10 000 euros.Avec 5,9 millions d’euros ont été construits les méthaniseurs, le hangar qui reçoit le digestat solide par petites quantités tout au long de la journée, le silo, ainsi que les systèmes d’épuration et d’hygiénisation. Le reste a principalement servi à couvrir les frais, et constituer le fond de roulement, le stock de départ, et le compte de réserve DSRA. (IMG_2561)
De 3,5 à 17 % de gaz vert en 2025
Actuellement, 5 sites injectent du gaz vert dans le réseau départemental, à hauteur de 87 GWh à l’année. « Soit l’équivalent de 7 200 logements neufs chauffés au gaz », traduit GRDF.Véronique Bel complète : « Nous avons encore 5 autres projets d’injection dans la Sarthe. En 2025, nous devrions atteindre dans le département les 17 % de part de renouvelable. Ce pourcentage symbolique est celui que représentait encore le gaz russe dans la consommation française en début d’année ». La part du gaz renouvelable est actuellement de 3,5 % dans le département, avec une élévation prévue à 8 % pour l’année prochaine. Une trajectoire qui coiffe les objectifs nationaux fixant le niveau pour 2025 à 13-14 %.
Une capacité d’injection déjà dépassée
La capacité de production a été fixée pour le site de Bio Métha Gaz Conlinoise à 150 Nm3 par heure en continu. « Ces chiffres sont dépassés. Le débit s’élève déjà à 200-210 Nm3 », assure Philippe Lebreton arrivé sur place en Skoda Octovia break G-Tec. S’il est Conlinois, c’est surtout en sa qualité de chargé d’affaires avec la casquette Methadomaix qu’il répond à nos questions. L’entreprise alsacienne qu’il représente existe depuis 15 ans et compte 20 collaborateurs.« Pour BMGC, je me suis chargé de la pré-étude détaillée et du plan financier. J’ai accompagné les porteurs de ce projet, en fournisseur d’assistance et en maître d’œuvre. Nous réalisons nos propres cuves et armoires électriques et avons nos propres maçons », présente-t-il. « Le projet est bien passé au niveau de la population car il y a eu un gros travail d’information en amont avec les élus et les habitants des communes des 2 cantons concernés. Après avoir assuré le suivi de chantier, mes contacts avec les associés relèveront surtout de la maintenance et du SAV », complète-t-il.
La bonne soupe
La SAS BMGC embarque 10 exploitations agricoles (élevage et culture de céréales) regroupées dans un périmètre de 3-4 km. Elle vont apporter chacune à l’année 23 000 tonnes de matières, dont 44 % d’effluents d’élevage (bovins et de volailles), 49 % de cives (cultures intermédiaires à valorisation énergétique), et 7 % d’ensilage.« Nous pourrions nous passer de maïs, mais ça rassure les banques d’en incorporer dans les rations. Pour les cives, nous employons du seigle. Il ne prend pas la place de nos cultures. Il est semé après nos récoltes de blé de l’été, piégeant le carbone jusque dans les racines qui améliorent la composition organique des sols. D’où une réduction des engrais chimiques », explique Guillaume Emery. « Nous procédons à une opération d’hygiénisation pour éliminer les risques sanitaires. Le lisier est ainsi chauffé à 70° C pendant 1 heure, puis brassé. Avant leur incorporation, les cives sont broyées », schématise-t-il. « Formant des strates, les matières restent 90 jours dans les digesteurs, chauffées à environ 40° C [NDLR : 37° C précise GRDF dans son communiqué de presse dédié]. Nous employons pour cela du gaz en sortie, avant épuration. Il contient donc seulement 50 à 52 % de méthane, mais la chaudière est prévue pour fonctionner de la sorte, sans filtrage préalable », poursuit-il.
« Une énergie d’utilité publique »
« Nous disposons de 2 cuves, de 6 000 et 3 000 m3 pour contenir le digestat liquide avant épandage. Le gaz est épuré avec des charbons actifs puis par une membrane dans une unité fournie par Prodeval. Il est aussi chauffé et refroidi plusieurs fois. Ce qui permet de le débarrasser de son humidité par condensation. Voilà comment on passe de 50 à 100 % de CH4 avant l’injection », expose Guillaume Emery. « Le gaz est odorisé sur place avant l’introduction à une pression légèrement supérieure aux 7,5 bars du réseau. La qualité du gaz est analysée en permanence. En cas d’anomalie, s’il n’est pas possible de la corriger, le gaz doit être brûlé avec la torchère que nous avons sur le site », détaille-t-il.Lors de son intervention devant les 150 invités, Vincent Blanche s’est ainsi réjoui : « Nous produisons une énergie d’utilité publique qui ne percera plus la couche d’ozone ». Il a été calculé que désormais BMGC permettrait d’éviter l’envoi annuellement dans l’atmosphère de 2 594 tonnes d’équivalent CO2.
Bientôt une station privative ?
Y aura-t-il une station privative délivrant au Petit Chevaigné du bioGNV ? « C’est effectivement dans les cartons, et nous en avons déjà parlé ensemble », nous a répondu Guillaume Emery. Vincent Blanche l’a également promis devant les élus, les habitants, les familles et les journalistes réunis le 2 septembre dernier sur le site : « Elle nous permettra d’utiliser le gaz produit ici pour alimenter nos tracteurs ».Sans attendre le déploiement de la station, un Fiat Doblo roule cependant déjà dans une des exploitations engagées dans le projet BMGC. Il s’agit de celle de la famille Garreau. « Nous avons tenu il y a un an à acheter cet utilitaire 3 places neuf, en liaison avec notre engagement dans Bio Métha Gaz Conlinoise », nous justifie le fils. « Pour l’instant, les 2 stations les plus proches sont à 25 km de chez nous, au Mans. Mais le véhicule est aussi équipé d’un réservoir de 20 litres d’essence. La bonbonne de gaz est, elle, dessous. Avec les 13 kg qu’elle contient, je peux effectuer environ 200 km », rapporte-t-il. « C’est le véhicule de l’exploitation. Il totalise 12 000 km au compteur. Le bioGNV, c’est écologique et c’est l’avenir. Je trouve ça agréable de me dire que je roule au gaz vert. En outre le bioGNV est moins cher que le gazole », conclut-il.
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Bonjour,
mais pourquoi seulement une station privative et non une station publique GNV ouverte à tous ?