Le BioGNV séduit la Vendée : entretien avec Alain Leboeuf

Le BioGNV séduit la Vendée : entretien avec Alain Leboeuf
En passe de réussir formidablement l’introduction du véhicule électrique en Vendée, son syndicat de l’énergie s’attache à proposer une autre source renouvelable pour les déplacements de demain : le BioGNV. Alain Leboeuf, député de la Vendée, président du SyDEV et de la commission économie numérique, réseaux et transport, répond aux questions de Gaz Mobilité.
 

Département agricole

Alors que certains départements très touchés par des pics de pollution dus aux transports commencent à peine à organiser la mobilité plus vertueuse de demain, celui de la Vendée, pourtant moins impacté, fait figure d’expert et de pionnier. Déjà au sujet de la mobilité électrique avec une politique qui place le territoire parmi les plus dynamiques, si ce n’est le plus dynamique, dans le domaine, et désormais avec le BioGNV.
 
« Nous sommes dans un département agricole, avec de nombreux élevages : une situation idéale pour permettre le développement sur place d’une filière de méthanisation », explique Alain Leboeuf (photo ci-contre). Le président du SyDEV (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée) et de la commission économie numérique, réseaux et transport ne pouvait passer à côté d’un gaz obtenu de façon propre, exploitable pour la mobilité : « D’ici 2020, la capacité de production de la Vendée serait de 150 GWh, ce qui représente 6% de la consommation de gaz par habitant ».
 

Une technologie mature

Selon Alain Leboeuf, « la Vendée, sur le podium des destinations touristiques, dispose de véritables atouts environnementaux pour la qualité de l’air ». Avec une technologie déjà mature, le BioGNV constitue l’alternative au gazole qu’il est appelé à remplacer.
 
« Il faut que nous fassions de véritables propositions pour l’employer dans les transports de marchandises et de personnes », insiste l’élu qui ne ferme pas la porte pour autant aux particuliers. Pour ces derniers, le SyDEV promeut plus spécifiquement la mobilité électrique, mais Alain Leboeuf évoque aussi le cas de ceux qui ne lui trouverait encore qu’une autonomie insuffisante et pour lesquels l’alimentation des véhicules au gaz offre une solution plus vertueuse de se déplacer.

 

Transports scolaires

Si la Vendée cible les transports scolaires pour exploiter le BioGNV comme carburant, c’est tout simplement parce que, sur ce territoire, « les cars parcourent chaque jour 38.000 kilomètres, soit presque le tour de la Terre, pour le ramassage des élèves », chiffre Alain Leboeuf.
 
Une première expérimentation a été menée en 2015, le véhicule, de marque Scania, assurant dans un premier temps un service scolaire autour de Cholet (49), Mortagne-sur-Sèvre et Les Herbiers (85), puis celui d’une ligne régulière reliant Cholet aux Sables-d’Olonne (85). Le car recevait du BioGNV injecté dans le réseau ErDF depuis l’unité de méthanisation novatrice de l’usine AgriBioMéthane installée à Mortagne-sur-Sèvre.
 

Premier car GNV en France

« Nous avons été les premiers à faire venir en France un autocar qui puisse fonctionner avec du BioGNV », assure Alain Leboeuf. Il en détaille la raison : « Des bus circulaient déjà au gaz. Roulant à 50 km/h, les réservoirs installés sur le toit ne leur posent généralement pas de problème. Pour un autocar, qui emprunte les nationales et départementales, la vitesse est plus importante, et l’élévation du centre de gravité due à cet équipement complique son évolution, d’où la nécessité de placer les réservoirs dans les soutes, en partie arrière pour ne pas trop réduite la capacité d’embarquer des bagages ». Avec cette opération, « nous avons été les premiers à montrer que le transport des passagers par autocar alimenté au BioGNV est possible et viable », se réjouit l’élu.

 

2016 : 1 bus + 2 camions

En juin 2016, l’expérimentation menée par le SyDEV, avec divers partenaires dont le département, GRDF et GRTgaz, a porté sur un bus Scania et sur 2 camions. L’engin de transport en commun a servi de support à une réflexion de l’établissement public de coopération intercommunale La Roche-sur-Yon Agglomération au sujet du renouvellement de sa flotte de transports urbains.
 
Concernant les camions, « le premier, de marque Iveco, a été confié aux Transports Perocheau. Résultats : un chauffeur ravi et une entreprise emballée », confie Alain Leboeuf. Le second poids lourds, un Scania, a été mis en exploitation à la Cavac, « une coopérative agricole polyvalente pour une agriculture durable […] fondée ‘par’ et ‘pour’ les agriculteurs, qui en sont à la fois clients, fournisseurs et sociétaires », peut-on lire sur le site Web dédié.
 
« Dans cette expérience, nous avons une vraie logique globale », souligne le président du SyDEV, qui rapproche évidemment un service de transport pour une production agricole, avec sa possible source renouvelable de ravitaillement, en l’occurrence, du BioGNV. Autre connexion de ce type, la collecte des déchets par des engins roulant au gaz méthane. La Vendée s’y intéresse. Alain Leboeuf commente : « Là encore, il y a un véritable lien entre les produits transportés et la production d’une énergie renouvelable qu’ils permettent ».

Ravitaillement

« Selon le plan national, une vingtaine de stations de ravitaillement en GNV devraient être installées dans les Pays de la Loire, dont 5 en Vendée, et la première, vraisemblablement à La Roche-sur-Yon », résume Alain Leboeuf, avant de préciser : « Nous travaillons sur le sujet, mais avant de fixer définitivement nos projections d’implantations, nous menons une enquête auprès des transporteurs ».
 
En juin dernier, une station provisoire a été inaugurée à La Roche-sur-Yon, afin d’alimenter les véhicules en cours d’expérimentation. « Comme nous l’avons fait avec l’électromobilité, nous tenons à être concrets et persuasifs », révèle l’élu, soulignant l’importance de « passer à une phase expérimentale pour démontrer la pertinence de cette énergie ».

 

Témoignage de Rhône-Alpes

Toujours dans l’idée d’être concret, « le SyDEV a organisé fin avril dernier une matinée d’informations sur le GNV et le BioGNV à destination des professionnels vendéens du transport et des élèves du lycée Kastler-Guitton de La Roche-sur-Yon, avec des essais de camions », rappelle Alain Leboeuf. C’est Pascal Mégevand, des Transports Mégevand, qui est venu témoigner de l’utilisation de poids lourds alimentés au GNV, en Rhône-Alpes, dans le cadre du projet Equilibre. « Nous avons reçu déjà 2 appels téléphoniques au SyDEV de transporteurs convaincus et prêts à s’équiper de camions alimentés au GNV, n’attendant plus que l’ouverture d’une première station de ravitaillement », rapporte Alain Leboeuf. En attendant, l’élu se félicite de la proximité des 2 constructeurs Iveco et Scania, mais aussi du distributeur Dian pour ce dernier : « ils nous soutiennent vraiment, dans une démarche très active, en particulier en nous prêtant les camions de nos expérimentations ».

TPCEV

Territoire à énergie positive pour la croissance verte, Vendée énergies nouvelles a su séduire Paris. A la demande de Ségolène Royale, ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, Alain Leboeuf a témoigné, devant le président de la République François Hollande, « sur la rigueur avec laquelle la Vendée travaille autour de la mobilité dans sa globalité ».
 
Cinq ou six interventions avaient été programmées, sur environ 500 contrats soumis depuis toute la France, dans le cadre des TEPCV. Le Vendée électrique tour, devenu Vendée énergie tour, témoigne de la volonté de mettre en route toutes les solutions les plus vertueuses pour la mobilité de demain. En voici un premier exemple des plus concrets.
 

Une approche pragmatique et cohérente

En fin d’année dernière, « le SyDEV a reçu le trophée des Territoires électromobiles de l’Avere-France, distinguant le département comme étant le plus électrique de l’Hexagone », rappelle son président. « Il ne s’agit pas de faire de l’idéologie », commente-t-il, « mais d’avancer selon une approche pragmatique et cohérente, en partant des besoins et des attentes des utilisateurs potentiels ».
 
Maintenant que la mobilité électrique est sur les rails en Vendée, au tour de celle à gaz, et notamment au BioGNV, de faire l’objet de toutes les attentions. Le Vendée énergie tour 2017 devrait donner une plus large place à la filière. « Pour elle, comme nous l’avons fait pour la mobilité électrique, si notre expérience peut être utile à d’autres, nous la partagerons utilement », promet Alain Leboeuf. Quand la Vendée a misé sur le développement des voitures électriques, elle s’est aussi penchée sur des projets connexes. Ainsi celui d’optimisation Smart Grid Vendée de distribution en électricité, et un autre, Smile (SMart Ideas to Link Energies), qui concerne un territoire plus vaste, porté par les régions Bretagne et Pays de la Loire. Une expérience acquise dans le traitement d’une source renouvelable d’énergie, qui ne pourra qu’être profitable à la filière GNV associée à la mobilité.
 
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions Alain Leboeuf et le service de communication du SyDEV pour leur accueil, leur réactivité, et leur disponibilité.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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