100 % de gaz renouvelable en 2050 : les transports représenteront un tiers de la consommation

100 % de gaz renouvelable en 2050 : les transports représenteront un tiers de la consommation
Une France totalement autonome en gaz naturel grâce au biométhane d'ici une trentaine d'années ? Selon une étude exploratoire de l'ADEME, GRDF et GRTgaz, présentée ce mardi 11 septembre à Marseille, l’idée est crédible. Alors que la consommation globale doit diminuer, celle des transports devrait exploser et pourrait à terme représenter un tiers de la consommation. 
 
Plus besoin de forer les sous-sols pour trouver du gaz naturel : les gisements se trouvent désormais en surface. Nos poubelles, nos excréments, les déchets organiques industriels et agro-alimentaires et même l'énergie excédentaire du photovoltaïque et de l'éolien : voici les ressources qui pourraient faire de la France un pays 100% indépendant en gaz naturel d'ici 2050.
 
Selon une étude exploratoire de l'ADEME, GRDF et GRTgaz parue en janvier 2018 et présentée par les acteurs à Marseille ce mardi 11 septembre, la France métropolitaine est assise sur un gisement de 460 térawatt-heure (Twh) de gaz naturel renouvelable. Assez pour couvrir la totalité de sa consommation d'ici 30 ans. Le chantier est conséquent : cette année, le biogaz ne devrait représenter que 1,5% de la consommation totale de gaz naturel en France, soit 0,5 Twh.

La sobriété énergétique facilite l'introduction de gaz renouvelable

L'étude a imaginé un scénario dans lequel la demande de gaz diminue assez significativement, passant de 465 Twh en 2017 à un niveau estimé entre 276 et 361 Twh d'ici 2050. A cet horizon, le secteur résidentiel devrait par exemple consommer 67% de gaz en moins qu'en 2015, conséquence de chaudières plus économiques, de meilleures isolations et de choix d'énergies différentes pour le chauffage. La baisse est encore plus spectaculaire dans le tertiaire : -84 %. L'industrie et l'agriculture devraient également être moins gourmands : respectivement -35 et -30%.
 
Au milieu de cette marée descendante, un seul secteur se démarque : celui des transports. Proche de zéro aujourd'hui, il pourrait consommer 106,1 Twh de gaz naturel en 2050, soit un tiers de la demande. Poids-lourds, autobus, paquebots : dans leur transition vers les énergies moins polluantes, les transports lourds devraient massivement adopter le méthane. Une solution rapide à mettre en œuvre et moins onéreuse qui pourrait d'autant plus provenir de sources exclusivement renouvelables.
 
« Globalement, à travers le scénario 2035-2050 que nous avons à l’ADEME, on sait que la part des transports va représenter un tiers de la consommation du gaz en France. Tout en considérant d’autre part que l’on est sur une pente de consommation qui est descendante. On estime un volume moyen en 2050 de 300 TWh contre 440 à l’heure actuelle » commente Gaëlle Rebec, Directrice de l’ADEME en région PACA.

La production partagée entre méthanisation, pyrogazéification et power-to-gaz

En 2050, le biogaz devrait être produit par trois filières. La plus importante (40% soit 180 Twh) est aujourd'hui embryonnaire et doit encore être perfectionnée : il s'agit de la pyrogazéification. Le procédé consiste à transformer pour la majeure partie du bois et ses dérivés via un procédé thermochimique afin d'en extraire du gaz. Un bois qui ne devrait pas entrer en compétition avec celui utilisé comme matière première (industrie, chauffage, agriculture), précise l'étude.
 
Déjà populaire, la méthanisation représenterait 30% du gaz naturel renouvelable injecté dans le réseau. Cette filière permet de valoriser par des procédés simples une large palette de déchets organiques (agricoles, ménagers, urbains, industriels) en récupérant un gaz particulièrement destructeur pour la couche d'ozone et habituellement libéré dans l'air.
 
A part égale, le « power-to-gaz » viendrait compléter le mix. La technologie pourrait produire 140 Twh de biogaz en transformant l'électricité renouvelable excédentaire en biogaz. Le procédé génère de l'hydrogène par électrolyse de l'eau, qui combiné à du dioxyde de carbone, devient du méthane. Avantage collatéral : le CO2 nécessaire peut être capté dans les cheminées de sites industriels, évitant ainsi son rejet dans l'atmosphère.

Une adaptation du réseau simple et peu coûteuse

Disséminés sur tout le territoire, en ville comme à la campagne, les sites de production de gaz naturel renouvelable révolutionneront le modèle de distribution actuel. En 2050, les super méthaniers ne devraient donc plus fréquenter les ports français, d'autant plus dans une hypothèse où les pays voisins décident également d'opter pour le biogaz. Selon l'étude, notamment portée par les grands opérateurs de réseaux de distribution que sont GRDF et GRTgaz, l'investissement nécessaire à leur adaptation devrait rester modéré.
 
En effet, le coût de la création des nouveaux réseaux de collecte représenterait seulement 2 à 3% du coût total de cette transition. Pour faciliter l'injection et la distribution d'un gaz produit en de multiples endroits, le réseau doit également être adapté afin de le rendre « bidirectionnel ». Une opération aujourd'hui maîtrisée sur le plan technique avec un prix raisonnable.

Le biogaz meilleur que le gaz naturel fossile pour l'économie

D’une centaine d'euros par mégawattheure (Mwh) aujourd'hui, le prix moyen du gaz naturel renouvelable s'inscrirait entre 116 et 153 €/Mwh en 2050. Un surcoût assez faible lorsqu'il est mis en relief avec les avantages économiques et environnementaux du tout-biogaz.

En assurant seule son approvisionnement en gaz naturel, la France pourrait éviter l'export vers les pays producteurs de 10 milliards d'euros chaque année. L'abandon du gaz naturel d'origine fossile quasi-exclusivement utilisé aujourd'hui profiterait au biogaz, dont la combustion rejette un dioxyde de carbone « neutre » moins impactant sur le climat. Enfin, la création d'environ 10.000 sites de production permettrait également la création d'un nombre conséquent d'emplois et l'émergence d'un nouveau secteur économique.
 

Paroles aux acteurs

Lors de la présentation réalisée à Marseille, Gaz-Mobilite a pu s'entretenir avec les différents porteurs de l'étude. Des interviews vidéo à rétrouver ci dessous....
 

Gaelle Rebec  - Directrice de l'ADEME PACA


 

Georges Seimandi - Délégué GRTgaz Bourgogne Rhône Méditerranée


 

Jean-Luc Cizel - Directeur GRDF Clients Territoires Méditerranée 



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