GRDF à la barre pour faire avancer la mobilité bioGNV dans l'Ouest

GRDF à la barre pour faire avancer la mobilité bioGNV dans l'Ouest
Le bioGNV, c’est d’abord du biométhane produit localement. La mobilité au biogaz ne peut avancer dans les territoires qu’avec des initiatives qui s’appuient sur des structures existantes et à développer. Mais aussi sur des actions qui concernent aussi le chauffage des habitants et l’industrie, entre autres exploitations. Petits focus dans les Pays de la Loire en passant chez GRDF à Saint-Herblain.
 
Près de Nantes, GRDF s’active à développer le biogaz. En particulier pour la mobilité. Ce principal gestionnaire du réseau de distribution du gaz en France est présent sur tous les fronts. Par exemple en multipliant les actions comme une multitude de gouttes d’eau formant les grands fleuves.
 
Les visiteurs du site qui abrite le bureau d’exploitation pour les Pays de la Loire ne pourront pas manquer la nouvelle station d’avitaillement ouverte sur le terrain de Saint-Herblain il y a quelques mois. Si elle est placée à l’extérieur des grilles d’enceinte, c’est pour des raisons pratiques. Cette situation permet aux agents d’astreinte d’effectuer plus facilement le plein en bioGNV aux horaires de fermeture.

En avril 2023, environ 80 remplissages de réservoirs ont été effectués sur place. Dans sa flotte de véhicules, le site compte 33 unités fonctionnant au gaz naturel. Ce sont principalement des voitures particulières fonctionnant au biogaz. Toutefois, 3 Fiat Ducato et 2 Iveco Daily se cachent parmi elles sur le segment des utilitaires gaz. En poursuivant son engagement pour la décarbonation, GRDF s’apprête à passer une commande de Volkswagen Caddy Cargo TGI pour compléter son parc interne.
 

Bureau d’exploitation

Dotée de deux pistes d’avitaillement, cette petite station construite et maintenue par Tokheim TSG est bien sûr connue du bureau d’exploitation GRDF situé de l’autre côté des grilles. Animé par une dizaine de personnes, il est à voir comme une véritable tour de contrôle du réseau de distribution qui court dans toute la région des Pays de la Loire.
 
En service 24/7, le BEX est ainsi connecté à 635 000 clients particuliers et professionnels du territoire qui se répartissent dans 416 communes alimentées. Le maillage est constitué de 11 500 km de canalisations. Aucune entreprise ne peut intervenir sur cette pieuvre sans avoir reçu l’aval du bureau en charge des opérations d’intervention, de maintenance et de dépannage.
 
L’entrée est hautement sécurisée. Même les appels téléphoniques sont filtrés par les 3 centres nationaux installés à Lyon, Toulouse et en région parisienne. Ce sont ces derniers qui vont rediriger au BEX concerné la crainte d’un particulier qui aura pensé sentir une odeur de gaz. Ce type de remontés constitue le premier motif d’intervention de sécurité géré par le service. « Dans 90 % des cas, il s’agit d’une fausse alerte », souligne Franck Ruaud, chef d’exploitation GRDF.

 

Stations GNV : des clients industriels

Le taux de dommage aux ouvrages constatés lors des interventions validées est de 0,23 %. « Pour les Pays de la Loire, ça représente à l’année une centaine de problèmes identifiés à la suite de travaux réalisés par des entreprises qui creusent dans le sol, par exemple pour intervenir sur le circuit d’assainissement. Ce volume tend à s’abaisser », commente Franck Ruaud.
 
En cas d’incident, dont les incendies font partie, les agents de GRDF sont amenés à fermer des vannes pour isoler des secteurs. Ils laissent en revanche le soin aux pompiers de maîtriser les flammes lorsqu’il y en a. Les véhicules du gestionnaire de réseau gazier sont géolocalisés, permettant de suivre à distance l’évolution de la situation.
 
Dans le bureau d’exploitation, une cartographie recense entre autres tous les clients consommateurs de gaz. Les stations d’avitaillement en GNV en font partie. Elles sont identifiées comme des clients industriels.
 
A ce jour, le BEX GRDF de Saint-Herblain n’a pas enregistré de problème majeur en lien avec ces établissements. Toutefois, comme tous les sites industriels dont l’activité pourrait être mise en difficulté par une interruption de la distribution du gaz naturel, les stations GNV bénéficient d’un caractère prioritaire.


 

Le réseau : une formidable infrastructure de stockage

Pour parvenir aux stations d’avitaillement, le biogaz produit par les unités de méthanisation est injecté sur le réseau. Ce dernier offre une précieuse souplesse, pilotée par deux leviers.
 
« Le réseau GRDF est aussi à voir comme un moyen de stocker le gaz. A minima, la pression est de 5 bars. Si on a du gaz qui arrive en surplus, on peut monter la pression jusque 16 bars. C’est une possibilité que n’offre par le réseau électrique. C’est pourquoi ils sont complémentaires », expose Franck Ruaud.
 
La région des Pays de la Loire compte désormais 44 sites de méthanisation qui injectent dans le réseau potentiellement 721 GWh de biogaz à l’année. Le parc s’est agrandi de 15 unités en 2022. Cinq autres devraient s’ajouter à la liste cette année. Ce qui impose d’agrandir le maillage. Environ 200 km de canalisation ont été ajoutés en 2022 sur le territoire. En 2023, l’extension pourrait représenter 124 km.
 
Le public a une perception inexacte des moyens à mettre en œuvre pour consommer davantage de biogaz. « Près de 50 % des personnes pensent qu’il faut changer les équipements avec les gaz verts, alors qu’il s’agit de la même molécule », rapporte Véronique Bel, directrice clients des territoires GRDF de Centre-Ouest.

 

Les rebours au service de la flexibilité des réseaux

L’autre levier de pilotage, ce sont les rebours. Ils sont activés quand une zone de distribution locale est en manque de gaz naturel alors qu’une autre plus ou moins éloignée est excédentaire. Dans cette dernière, GRDF évitera de demander aux unités de méthanisation d’arrêter leur production. L’entreprise est consciente que cette opération aurait des conséquences négatives sur les exploitations concernées.
 
« En temps normal, le gaz circule à faible pression de façon gravitaire. Les rebours permettent de remonter le gaz vers le réseau de transport en augmentant la pression », explique le chef d’exploitation.
 
Deux rebours sont actuellement en service dans les Pays de la Loire. Le premier a été ouvert en 2020 à Pouzauges, en Vendée. En Mayenne, celui de Craon a été lancé en juillet dernier. Dans quelques semaines, le rebours de Châteaubriant, en Loire-Atlantique, s’ajoutera à la liste. Cinq autres points sont en cours d’étude ou de réalisation. C’est un signe du dynamisme en faveur du biogaz dans la région. Le BEX est aux premières loges lorsqu’il s’agit de jouer sur ces 2 leviers.
 

Une confiance qui revient

Le développement de la méthanisation reste inégal à l’échelle de la France, mais aussi des régions.
 
Pour exemple, la Vendée est le meilleur élève dans les Pays de la Loire avec une couverture de 10,23 %, pour un potentiel de 24,4 %. Ailleurs en France, le Cher, par exemple, fait mieux : 12,22 % de couverture pour 27,2 % de potentiel. La Mayenne offre de bonnes perspectives avec 22,7 %. Ce n’est pas le cas du département voisin de Loire-Atlantique où nous étions : 5,1 %.
 
Que ce soit pour le chauffage, l’industrie, ou la mobilité, la confiance doit revenir pour que la production de biogaz s’intensifie au regard des enjeux du dérèglement climatique et du développement durable. Véronique Bel est confiante : « Le tarif d’achat du biométhane ne prenait pas en compte l’inflation. Ce qui explique la baisse des projets de méthanisation constatée fin 2021-début 2022. L’évolution dans le décret qui précise l’indexation sur l’inflation va redonner confiances aux porteurs de projets ».
 

Et les oppositions ?

Eolien terrestre ou offshore, photovoltaïque, méthanisation : les nouvelles énergies essuient en permanence des oppositions de la part des riverains, en particulier. Peut-on vraiment être optimiste pour le développement du biogaz ?
 
« La plupart du temps, ces oppositions n’occasionnent que des ralentissements, mais pas des arrêts. Les tribunaux administratifs déboutent les associations de riverains qui déposent des recours car les projets sont bien dans les clous. La priorité doit être donnée au développement de l’indépendance énergétique », répond Amaury Mazon, délégué territorial GRTgaz Centre Atlantique.
 
Il conseille : « En présentant une approche transparente avec ce qu’il faut de communication en direction des élus et des riverains, les projets fonctionnent bien. Ce qui marche bien aussi, c’est d’emmener les riverains découvrir une unité de méthanisation. Les questions sont naturelles. Chacun doit pouvoir se faire sa propre idée au lancement des projets. Et de toute façon, aucun n’emporte l’unanimité ».
 

Pour plus d'information - contactez nos partenaires

Partager cette page
Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

A lire également

1 Commentaire

  1. AlberiPublié le 24/05/2023 à 14:08

    Cette station de St Herblain, est-elle privée ou publique ?

Ajouter un commentaire